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La pénurie d’interprètes nuit au fonctionnement du Parlement

Tous les Canadiens devraient avoir accès aux travaux du Parlement en français comme en anglais selon le commissaires aux langues officielles.

Quelques députés regardent un écran où apparaît Justin Trudeau.

Des travaux virtuels à la Chambre des communes

Photo : The Canadian Press / Justin Tang

Une importante pénurie d’interprètes au Parlement du Canada limite les activités parlementaires qui doivent se dérouler dans les deux langues officielles, selon l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) du Canada.

Nicole Gagnon, interprète indépendante et membre de l’AIIC, explique que la pandémie a accentué un manque déjà criant de personnel qualifié.

Selon elle, la situation est telle que certaines activités parlementaires ne peuvent plus s’offrir dans les deux langues officielles, faute d’avoir suffisamment d’interprètes pour offrir la rare ressource.

Pour l’instant, on continue de desservir le Sénat et la Chambre des communes, on continue de desservir les comités parlementaires, mais il y a une foule d’autres activités sur la Colline au quotidien, ajoute Mme Gagnon.

Les réunions de caucus et certaines rencontres entre parlementaires ne sont pas prioritaires en ce qui concerne l’interprétation, dit-elle.

L’AIIC dénonce les effets de la plateforme virtuelle Zoom depuis des mois. En janvier, un rapport effectué par l’organisme révélait que sept interprètes sur dix du Bureau de la traduction du Canada ont subi une blessure auditive depuis le passage au mode virtuel en raison de la pandémie de COVID-19.

Les interprètes indépendants comme Nicole Gagnon, qui ont été appelés en renfort, s’exposent eux aussi au risque de blessures auditives.

Un droit, rappelle Raymond Théberge

Nicole Gagnon note que les Canadiens ont un droit constitutionnel à pouvoir suivre les travaux parlementaires dans les deux langues officielles. Si le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, n’a pas reçu de plainte à ce sujet depuis le début de la pandémie, il fait écho aux propos de Mme Gagnon.

La Loi exige également que les débats et les autres travaux du Parlement soient interprétés simultanément. Je suis conscient, toutefois, que la situation exceptionnelle que nous vivons depuis le début de la pandémie apporte son lot de défis technologiques quant à l’organisation de rencontres virtuelles, et que ceci affecte la demande pour l’interprétation simultanée, indique-t-il.

Raymond Théberge s'adresse aux médias, assis à une table, devant des drapeaux canadiens.

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge

Photo : Radio-Canada / Angie Bonenfant

Bien qu’il y ait des problèmes entourant l’interprétation des débats, je m’attends à ce que les rencontres parlementaires à la Chambre des communes ou en comité continuent de se passer dans les deux langues officielles, poursuit M. Théberge.

Il encourage la Chambre des communes à mettre en place des mesures pour remédier à la pénurie d’interprètes.

Tous les Canadiens et les Canadiennes doivent avoir accès aux débats parlementaires dans la langue de leur choix; il en va de leur participation pleine et égale à la démocratie de notre pays, ajoute le commissaire aux langues officielles.

La Chambre des communes s’en mêle

Apparemment sensible au sort de ses interprètes, la Chambre des communes a adopté à l’unanimité, le 17 février, une déclaration du porte-parole du NPD en matière de langues officielles, Alexandre Boulerice, exprimant sa préoccupation pour la santé et la sécurité de tous ses interprètes.

La déclaration reconnaît que les conditions de travail des interprètes se sont détériorées depuis le début de la pandémie, affectant leur capacité à fournir un service de qualité dans les deux langues officielles, un service essentiel au travail des parlementaires.

La Chambre demande donc à Services publics et Approvisionnement Canada, responsable du Bureau de la traduction, de trouver une manière de réparer les problèmes sonores soulevés par les interprètes.

Dans un courriel, une porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada assure que le Parlement du Canada, sur les conseils du Bureau de la traduction, a remplacé toutes ses consoles d'interprétation par des modèles équipés de limiteurs de son intégrés, qui répondent aux normes internationales.

Une relève insuffisante

Selon Nicole Gagnon, les programmes de formation d’interprètes au niveau de la maîtrise produisent environ cinq diplômés par année au Canada, et c’est trop peu.

Les programmes de maîtrise en interprétation de conférence (MIC) disponibles au Canada sont uniquement offerts à l’École de traduction et d’interprétation de l’Université d’Ottawa et au Collège Glendon de l’Université York.

En 2020, le programme de l’Université d’Ottawa n’a pas été offert. L’Université n’a pas répondu à la demande d’entrevue de Radio-Canada à ce sujet.

Nicole Gagnon en entrevue par visioconférence.

Nicole Gagnon, interprète indépendante et membre de l’Association internationale des interprètes de conférence

Photo : Radio-Canada

Selon Services publics et Approvisionnement Canada, le Bureau et l’Université d’Ottawa [ont] convenu de ne pas offrir le programme de MIC en 2020-2021 à cause de la pandémie, ils prévoient de relancer le programme pour l’année universitaire 2021-2022.

Le Ministère assure que le Bureau de la traduction travaille sans relâche depuis des dizaines d’années pour accroître le nombre d’interprètes qualifiés dans son effectif et dans son bassin de pigistes. Il note que la pénurie d’interprètes se fait sentir partout dans le monde.

Chaque année, le Bureau tient des examens d’accréditation pour élargir son bassin d’interprètes qualifiés. De plus, il participe régulièrement à des activités de rayonnement pour faire la promotion de la profession d’interprète de conférence et attirer des interprètes, poursuit la porte-parole du Ministère.

Le Bureau de la traduction prête régulièrement ses interprètes aux programmes de maîtrise pour former la relève.

Cependant, pour Nicole Gagnon, ce n’est pas suffisant. Il n’y a pas assez d’investissement dans la formation d’interprètes, affirme-t-elle, en ajoutant que le gouvernement fédéral devrait investir plus d’argent dans ce domaine, afin de remédier au problème à long terme.

Combien d'interprètes?

Le Bureau de la traduction emploie 74 interprètes permanents, dont :

  • 63 en langues officielles (25 cabines anglaises et 38 cabines françaises)
  • 5 en langues étrangères
  • 6 en langues des signes (3 en American Sign Language et 3 en langue des signes québécoise).

Le Bureau fait aussi appel aux services de plus d’une centaine de fournisseurs du secteur privé.

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