La vente de Trans Mountain à des groupes autochtones se précise

L'oléoduc Trans Mountain, estimé à plus de 12 milliards de dollars, avait été racheté par le gouvernement fédéral en 2018. Deux groupes autochtones songent aujourd'hui à le racheter.
Photo : Reuters / Dennis Owen
Les négociations entre le gouvernement fédéral et des groupes autochtones autour du rachat éventuel du pipeline Trans Mountain avancent, selon le gouvernement.
Des fonctionnaires du ministère fédéral des Finances ont pris les mesures nécessaires pour préparer la vente potentielle du pipeline Trans Mountain, acheté par Ottawa en 2018, à des groupes autochtones.
Ils ont notamment fait appel à des consultants pour faire avancer les négociations et fournir une analyse financière du projet.
Après des discussions préliminaires, il y a deux ans, le ministère des Finances avait conclu qu'une forme de partage des revenus ou d'une prise de participation au capital de l'oléoduc serait l'option préférée
des communautés autochtones pour participer au projet.
Depuis, une autre série de discussions a eu lieu, dont un atelier, en novembre, avec 120 participants représentant environ 75 groupes autochtones.
Deux groupes intéressés
Les responsables gouvernementaux tentent aussi de déterminer le degré de soutien dont bénéficient les deux principaux groupes autochtones qui cherchent à devenir propriétaires du pipeline et si d'autres groupes potentiels vont émerger.
Pour Project Reconciliation, de Calgary, une participation à l'oléoduc apporterait le financement nécessaire aux infrastructures essentielles, comme le logement, les routes, les égouts et l'eau potable pour les communautés autochtones, selon Robert Morin, un membre du groupe.
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J'espère que cela pourra se faire dans le cadre de cette nouvelle négociation qui a eu lieu, qu'il y aura un résultat positif et que les Premières Nations, Trans Mountain et le gouvernement y gagneront
, soutient M. Morin, membre de la Nation crie d'Enoch, à l'ouest d'Edmonton.
Sa seule préoccupation est de savoir si le gouvernement fédéral pourrait changer d'avis et vendre le pipeline au secteur privé une fois les travaux terminés.
Le deuxième organisme intéressé est le Western Indigenous Pipeline Group (WIPG), dirigé par le chef Michael LeBourdais, de la Première Nation de Whispering Pines, près de Kamloops, en Colombie-Britannique.
Des 129 communautés autochtones potentiellement touchées par le projet, 120 y ont apporté leur soutien ou ne s’y sont pas opposés, selon la Cour d’appel fédérale.
Parmi celles qui sont contre, plusieurs Premières Nations ont été défaites en cour, dont la Première Nation de Coldwater, près de Merritt, en Colombie-Britannique, qui s’inquiète du tracé du pipeline. L’impact sur notre eau potable nous préoccupe énormément
, affirme son chef, Lee Spahan.
Ce dernier a rencontré le WIPG et dit comprendre pourquoi certaines Premières Nations veulent leur part dans le pipeline. Tout le monde a sa propre opinion et les conséquences sont différentes pour chaque communauté
, admet-il.
Analyse financière du projet
En plus d'engager un facilitateur pour maintenir la discussion ouverte, le ministère des Finances va se procurer une analyse financière indépendante de Trans Mountain lorsque la construction du pipeline sera terminée et que celui-ci sera en service.
Cette analyse sera effectuée à la demande des communautés autochtones participantes, selon le gouvernement.
Un porte-parole du ministère a d’ailleurs réaffirmé, dans un courriel, qu’Ottawa n’avait pas l’intention de demeurer propriétaire du pipeline à long terme et que chaque dollar gagné sur la transaction serait investi dans des projets d’énergie propre.
Jusqu'à présent, plus de 1000 Autochtones ont travaillé au projet d'expansion de l'oléoduc, tandis que plus de 1,4 milliard de dollars de contrats autochtones ont été attribués, selon Trans Mountain.
Pour autant, le projet continue de faire face à une opposition déterminée, notamment des protestations et des blocages, de la part de groupes préoccupés par l'augmentation du trafic des pétroliers, les déversements potentiels de pétrole et le changement climatique.
Avec les informations de Kyle Bakx