Saison des amours : attention aux Grands-ducs !

Le Grand-duc d'Amérique est présent sur l'Île Manitoulin (archives).
Photo : Jean-Sébastien Guénette.
Une résidente de l'île Manitoulin et ses animaux de compagnie ont récemment été attaqués par un Grand-duc. Lors de la saison de nidification, certains hiboux, particulièrement les femelles, deviennent plus territoriaux afin de protéger leur nid.
La famille Anderson McFarlane a eu maille à partir dans les derniers jours avec un Grand-duc d'Amérique, qui a attaqué Sherry, une soixantenaire handicapée des jambes.
L'oiseau l'a blessée à la tête et à l'œil droit.
J'ai eu la sensation de recevoir un coup d'une batte de baseball sur la tête. [...]Tout est devenu noir et je me demandais : mais qui a une batte de baseball ?
Lors d'une attaque subséquente, le rapace a mortellement blessé Asia, la petite chienne de la famille, notamment suite à un étranglement.
Pour la famille Anderson McFarlane, qui habite l'Île Manitoulin depuis toujours, cette guerre de voisinage avec un Grand-duc est une première.
Chronologie d'une chicane de voisinage
Greg McFarlane raconte que tout a débuté le jeudi 11 février.
Sherry qui était sur la terrasse dans son fauteuil roulant s'est soudainement mise à frapper dans la porte vitrée en cris et en larmes
.
Le Grand-duc venait de frapper pour la première fois.
Le 13 février en soirée, c'est le rapace qui a perdu quelques plumes.
Il a foncé dans la fenêtre de la salle à manger et il s'est assommé. [Après], il est resté sur la terrasse pendant une bonne demi-heure.
Le Grand-duc n'était guère en reste, puisque c'est le lendemain matin que Greg a aperçu Asia entre les griffes de l'oiseau, alors qu'il sortait la faire rentrer.
Je me suis approché et il la tenait par le cou et me regardait comme si de rien n'était. [...] J'ai dû lui donner un coup de pied pour le faire lâcher prise.
Le calvaire de la famille Anderson McFarlane s'est poursuivi puisque le Grand-duc s'est manifesté à plusieurs reprises sur la terrasse la nuit venue.
Des excréments de l'oiseau étaient encore visibles partout sur la rampe de la terrasse.
C'était épeurant. [...] Ma belle-sœur et sa fille sont sorties de la maison armée d'une pelle, parce que «la chose» avait été là toute la nuit.
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Janvier et février : saison de nidification
Andrew Coughlan, le directeur de la région du Québec de l'organisme à but non lucratif Oiseaux Canada, a identifié pour Radio-Canada le Grand-duc à partir des photographies prises par la famille Anderson McFarlane.
Deux raisons principales pourraient expliquer le comportement du Grand-duc à son avis.
Considérant que la saison de nidification qui débute en janvier est lancée, explique-t-il, la maison se trouve probablement dans un territoire d'un couple nicheur et l'oiseau défend ce territoire, ou alors, il est affamé.
Le fait qu'il ait attaqué la dame et le chien suggère qu'ils se trouvent sur le territoire d'un couple nicheur.
Le directeur de région d'Oiseaux Canada explique que le Grand-duc peut mesurer jusqu'à 60 centimètres pour un poids de deux kilogrammes. L'envergure de leurs ailes peut atteindre jusqu'à un mètre et demi souligne-t-il.
L'oiseau est un prédateur et s'il est présent dans plusieurs régions de l'Ontario et du Canada, monsieur Coughlan analyse sa présence dans l'Île Manitoulin.
Étant en haut de la chaîne alimentaire, la présence des Grands-ducs signifie que l'environnement et l'écosystème tout autour sont vraiment en santé. Alors c'est une bonne chose qu'il y ait des Grands-ducs dans le secteur.
La faune Manitouline
Anne Blondin, une écologiste qui complète actuellement une maîtrise en sciences à l'Université Trent, réside sur l'Île Manitoulin.
Tout comme les autres experts consultés, elle considère que l'attaque du Grand-duc envers Sherry Anderson Mcfarlane est un évènement isolé.
Un petit chien comme Asia a dû apparaître au rapace comme une proie sur laquelle elle a l'habitude de fondre, croit l'écologiste.
Mme Blondin explique que l'Île Manitoulin est une extension de l'escarpement du Niagara
, ce qui fait que son habitat est plus caractéristique de ceux que l'on retrouve dans le Sud de l'Ontario
.
Nous avons beaucoup de mélanges ici, des terres forestières, de marécages et aussi des terres agricoles. Il y aussi une grande variété de vie sauvage comme les oiseaux et une grande population de coyotes et de chevreuils.
L'étudiante en sciences conseille aux insulaires de tenir à l'œil leur animal de compagnie lorsqu'il est dehors pour éviter qu'il fasse les frais de la sélection naturelle.
Annie Blondin rappelle que les Grands-ducs ne sont pas les seuls prédateurs sur l'île qui pourraient être alléchés par la petite taille de certains chiens ou des chats.
Andrew Coughlan de l'organisme Oiseaux Canada va plus loin dans ses recommandations pour ceux qui craignent se retrouver sur le territoire d'un couple nicheur, comme c'est fort probablement le cas de la famille Anderson Mcfarlane.
Vous devriez sortir avec un casque ou un parapluie déployé. [...] Quand les biologistes approchent un nid, ils portent un casque et une veste épaisse. [...] Le Grand-duc peut vous attaquer dans le dos, ou derrière la tête.
Vocalisations :
Le Grand-duc d'Amérique est surtout connu pour son hululement territorial couramment utilisé à la télévision comme appel universel de la chouette. Traditionnellement, la mnémonique pour cela est Are you awake? Me too
. Cette vocalisation est le plus souvent entendue à la fin de l'hiver et au début du printemps.
Cliquez ici pour écouter le hululement territorial du Grand-duc (Nouvelle fenêtre)
Source :The Owl Foundation, Ontario Canada