Paroles de sagesse pour un milieu du sport sans racisme

Ali Adnan, des Whitecaps de Vancouver, au centre, s'entretient avec Leonard Owusu, deuxième à gauche, alors que les joueurs autour d'eux portent des t-shirts Black Lives Matter en s'échauffant avant un match de football de la MLS contre le Toronto FC à Vancouver, le samedi 5 septembre 2020.
Photo : The Canadian Press / DARRYL DYCK
Raymond Kazadi et Yves-Gérard Mehou-Loko sont deux personnalités noires du monde sportif canadien. Ils parlent de leur vision et de leurs rêves pour les nouvelles générations d’enfants noirs. Ils analysent aussi la façon dont les résidents de l'Ouest canadien ont évolué sur les questions d'inclusion et de diversité dans les milieux sportifs.
Raymond Kazadi vit au Manitoba depuis 30 ans et est gérant de l'équipe de basketball des Gladiateurs du Manitoba.
Yves-Gérard Mehou-Loko est commissaire en équité et droits de la personne au Conseil des écoles publiques de l'Est ontarien. Mais c’est avant tout un fervent amateur de soccer ainsi qu'un ancien chroniqueur sportif, animateur et journaliste à Radio-Canada.
Il y a une meilleure acceptation de la diversité
, lance d’emblée Raymond Kazadi. Les jeunes comme les adultes [noirs] se sentent de mieux en mieux intégrés.
Ce qui est important à son avis, c’est que les enfants trouvent des modèles qui ont les mêmes origines qu’eux.
On peut penser à Pascal Siaka, des Raptors de Toronto, originaire du Cameroun, et à Alphonso Davies, qui a joué avec les Whitecaps de Vancouver et qui est aujourd'hui avec le Bayern de Munich. Il a grandi à Edmonton, mais est né au Ghana dans une famille de réfugiés libériens.
Yves-Gérard Mehou-Loko pense aussi qu’il est important que les jeunes puissent s’identifier à des athlètes noirs.
Il nuance cependant ses propos. Il ne faut pas [...] que l’avenir de la jeunesse noire d’Amérique du Nord ne dépende que du sport et de leurs prestations dans les activités sportives, dit-il. Même si cela reste aujourd’hui encore un formidable moteur culturel pour cette partie de la population qui s'identifie beaucoup à ça.
Les jeunes ont besoin de héros dans d’autres sphères de la société.
Le racisme dans le sport
Même si les mentalités ont changé, Yves-Gérard Mehou-Loko et Raymond Kazadi s’accordent pour dire que, pour ce qui est de la fin du racisme systémique dans le milieu du sport, la partie n’est pas encore gagnée.
C’est un travail continu, ce n’est pas une finalité, c’est un processus
, dit Raymond Kazadi.
Il y a encore beaucoup de préjugés racistes, culturels et inconscients, contre lesquels il faut lutter, affirme Yves-Gérard Mehou-Loko.
C’est plus facile de s’intégrer dans le monde du sport, mais il y a encore énormément de barrières.
Pour les Noirs, c’est facile de faire du sport récréatif
, affirme Yves-Gérard Mehou-Loko. Mais quand on arrive au niveau professionnel, la chose devient un peu différente.
Certains propriétaires d’équipe de football sont réticents à accorder certaines places à des joueurs noirs dans leur équipe
, explique-t-il.
Selon Yves-Gérard Mehou-Loko, il est encore difficile pour un sportif noir d’accéder à une position comme celle de quart-arrière au football, une position de leader et qui est habituellement réservée aux blancs.
Un Noir, cela court vite après un ballon
, dit-il avec ironie.
Il évoque aussi les clichés racistes que peuvent subir les jeunes filles noires lorsqu’elles veulent faire du patinage artistique ou de la nage synchronisée. Ces activités sont encore malheureusement exclusivement pratiquées par des enfants blancs.
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Pousser les enfants à croire en leurs rêves
Yves-Gérard Mehou-Loko pense que supprimer les préjugés doit se faire au niveau sociétal : C’est un effort de société qu’on doit faire, c’est un effort collectif qu’on doit faire, et cela commence par l’école, par l’environnement scolaire, par l'environnement communautaire.
Il insiste sur le fait qu’il faut permettre aux enfants d’atteindre leurs objectifs de vie, de vivre leurs rêves et de s’émanciper le plus possible
, et pour cela, il est important de les encourager et de leur montrer que tout est possible.
Yves-Gérard Mehou-Loko pense aussi que chaque athlète professionnel, quelle que soit son origine, doit jouer son rôle social vis-à-vis des jeunes en leur montrant l’exemple et en agissant concrètement lorsqu’il est l'objet d'un acte raciste.
Avec les informations de Marc-Éric Bouchard