La Fédération de la police nationale s'oppose à la création d’une police albertaine

La Fédération de la police nationale représente 20 000 agents de la GRC.
Photo : Radio-Canada / Guy LeBlanc
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La Fédération de la police nationale a lancé une campagne contre la création d'un corps provincial de police en Alberta pour remplacer la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Selon le syndicat, cela entraînera une augmentation des coûts et une baisse des services pour les Albertains.
La création d'un service de police provincial pour ne plus dépendre de la GRC est l’une des recommandations du comité sur une entente équitable de l'Alberta avec le gouvernement fédéral. Le rapport de ce comité a été publié en juin. Cette idée a déjà été évoquée par le premier ministre, Jason Kenney.
La Fédération de la police nationale, qui représente environ 20 000 membres de la GRC, dénonce cette idée dans une campagne intitulée : Keep Alberta RCMP (Gardons la GRC en Alberta
).
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Des coûts supplémentaires à assumer
Sur le site Internet de cette campagne, la Fédération rappelle que le gouvernement fédéral finance actuellement 30 % du budget de la GRC en Alberta, ce qui représente environ 112 millions de dollars par an.
Si l’Alberta décide de remplacer la GRC par un service provincial, les contribuables albertains et les communautés locales devront assumer ces 112 millions de dollars en plus du coût actuel, souligne la campagne de la Fédération. À cela s’ajouteront des frais de transition, précise son président, Brian Sauvé.
Il y a encore beaucoup trop d'inconnues
pour connaître le montant exact de ces frais, déplore-t-il.
Il y a de nombreux coûts qui n’ont pas été répertoriés
, confirme Doug King, professeur en études judiciaires à l’Université Mount Royal. Il cite, entre autres, le coût des bâtiments, des véhicules et d'un centre de formation.
Cela coûtera beaucoup plus cher que [les 112 millions de dollars] donnés par le fédéral
, conclut-il.

Surrey, en Colombie-Britannique, est le dernier exemple en date d'une Ville qui a décidé de remplacer la GRC par un corps de police municipal.
Photo : Radio-Canada
Brian Sauvé donne l’exemple de la Ville de Surrey, en Colombie-Britannique, qui s'est défaite de la GRC et de ses 840 agents pour mettre en place une police municipale. Le coût de cette transition était estimé à une vingtaine de millions de dollars pour la première année, mais a triplé pour atteindre 64 millions de dollars, et ce n’est pas fini, selon lui.
Une police provinciale, ça peut fonctionner. Mais ça peut prendre de 3 à 5 ans et peut-être de 1 à 2 milliards de dollars pour commencer.
L’impact sur les communautés rurales
Aujourd’hui, la Gendarmerie royale du Canada compte 3500 agents en Alberta, répartis au sein de 117 détachements.
La Fédération craint que le passage à une police provinciale n'entraîne une baisse du nombre d’agents, ce qui représenterait un risque pour les communautés rurales. Elle dit que cela s’est déjà vu dans d’autres juridictions.
Si, pour faire des économies, le gouvernement provincial décide de réduire le nombre d'agents, cela se répercutera sur le niveau de services, dit Doug King : Je pense que les communautés qui sont actuellement desservies par la GRC vont vouloir savoir si elles auront toujours accès au même niveau de services.
Dans son rapport, le comité sur une entente équitable assure que ce changement pourrait être bénéfique pour les petites communautés, qu’il pourrait permettre une meilleure répartition des ressources et un redéploiement plus rapide en fonction des besoins, puisqu’il n’y aurait plus besoin de l’aval d'Ottawa.
Le comité reconnaît que la subvention fédérale actuelle de 112 millions de dollars par an devra être en totalité ou partiellement absorbée par la province et les municipalités
.
Le rapport mentionne aussi les frais de transition. Les frais à court terme pourraient être absorbés par des économies d’échelle. Les municipalités ne devraient pas avoir à assumer de frais supplémentaires sans leur consentement
, dit-il.
Un nouveau rapport prévu en avril
Le comité recommande enfin que la province évalue les bénéfices à long terme d’une telle transition avant de l'entamer.
Le gouvernement albertain a fait appel en octobre à PriceWaterhouseCooper pour étudier cette transition. L’entreprise doit terminer son rapport avant la fin du mois d’avril. Il sera présenté au gouvernement peu après, précise dans un courriel Blaise Boehmer, attaché de presse du ministre de la Justice, Kaycee Madu.
Il ajoute que dans le cadre de cette étude de faisabilité de nombreuses parties prenantes sont consultées, notamment la GRC, la Fédération de la police nationale ainsi que des municipalités rurales.
Le gouvernement de l'Alberta est conscient des inquiétudes exprimées par des groupes d'intérêt, mais ce processus est nécessaire afin de permettre au gouvernement de l'Alberta de prendre une décision éclairée sur une question politique importante
, écrit-il.
Selon Doug King, le gouvernement pourrait décider d’aller de l'avant cet été, mais avec une mise en place dans cinq ans : Cela prendra du temps, cela nécessitera de la planification, des recrutements.
Le contrat qui lie la province à la Gendarmerie royale du Canada est en vigueur jusqu'en mars 2032. Toutefois, une clause permet à l’une ou l'autre des parties d’y mettre fin avant, avec un préavis de 24 mois.
Ailleurs sur le web :
- La campagne (Nouvelle fenêtre) de la Fédération de la police nationale (en anglais seulement)
- Le rapport (Nouvelle fenêtre) du Comité pour une entente équitable (en anglais seulement)