« C'est dur » : des collègues pleurent le suicide de deux intervenantes de la DPJ

Deux intervenantes de la DPJ de 23 et 26 ans se sont enlevé la vie la semaine dernière. En guise de solidarité avec leurs proches, collègues et camarades se sont réunis lundi soir à Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des veillées à la bougie ont eu lieu à la tombée du jour, lundi, pour rendre hommage aux deux jeunes intervenantes de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal qui se sont enlevé la vie la semaine dernière.
Deux rassemblements distincts avaient été organisés par des collègues des défuntes : l'un dans Ville-Marie, l'autre dans Ahuntsic-Cartierville. Tous deux étaient ouverts à la population et aux médias.
Dans le Centre-Sud, où une équipe de Radio-Canada s'est rendue, une centaine de personnes s'étaient rassemblées. Parmi elles figuraient de nombreux collègues venus faire preuve de solidarité avec la famille et les proches des deux intervenantes dans la vingtaine qui ont commis l'irréparable, les 7 et 8 février derniers.
C'est dur de voir qu'il y a des personnes qui sont en détresse à ce point-là
, a laissé tomber Vicky, une intervenante-ressource auprès des familles d'accueil venue se recueillir avec ses collègues.

Environ une centaine de personnes s'étaient rassemblées lundi soir devant le Centre de protection de l'enfance et de la jeunesse Maisonneuve Est pour rendre hommage à leurs collègues disparues la semaine dernière.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
La tristesse était palpable devant le Centre de protection de l'enfance et de la jeunesse Maisonneuve Est. Les participants à l'événement ont observé de longs moments de silence, une bougie à la main. Certains avaient également apporté un bouquet de fleurs en guise d'au revoir.
Les deux intervenantes mortes la semaine dernière étaient âgées de 23 et 26 ans. Elles se connaissaient.
Les circonstances entourant leur mort ont été révélées dans La Presse du 10 février. Quelques heures plus tard, la PDG du CIUSSS, Sonia Bélanger, se disait « dévastée » par la nouvelle.
Cela dit, il est encore trop tôt pour faire un lien entre le travail des deux jeunes femmes et leur passage à l'acte. D'autant plus que les causes du suicide sont souvent multifactorielles et complexes.
Dans ce contexte, revendiquer de meilleures conditions de travail et une meilleure reconnaissance, je pense que ce n'est pas tout à fait notre focus ce soir
, a précisé Caroline Letarte-Simoneau, représentante nationale de l'APTS.
Nous, ce soir, c'est un moment de recueillement, c'est un moment de solidarité, a-t-elle souligné. Donc, on sera prêt à parler de ça, mais dans un autre temps.

Caroline Letarte-Simoneau, représentante nationale de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Marilou Labelle travaille dans le Centre-Sud depuis 20 ans comme intervenante sociale, surtout auprès des adolescents. Au cours de la dernière année, elle dit avoir partagé beaucoup de moments
en compagnie d'une des intervenantes mortes la semaine dernière.
La solidarité dont ont fait preuve ses collègues lundi soir ne la surprend pas du tout. C'est typique
, selon elle.
Quand on a appris la nouvelle, la semaine passée, j'ai eu des courriels et des téléphones d'encouragement, de soutien, de compassion...
, raconte Mme Labelle. C'est quelque chose qui est véhiculé dans notre métier : on se supporte et on a besoin de ça pour faire face à des conditions plus difficiles.
L'intervenante d'expérience reconnaît que son métier n'est pas facile. Oui, c'est "demandant", je ne pourrais pas dire le contraire. Émotivement et personnellement.
Mais elle pense aussi qu'il est important d'avoir des attentes réalistes pour ne pas se laisser envahir, engouffrer dans tout ça
. On est très bien supportés, assure-t-elle. Mais il faut savoir mettre nos limites.
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Avec la collaboration de Pascal Robidas