Un plaidoyer de François Legault contre l’autocensure

Le premier ministre du Québec, François Legault, a pris la parole sur Facebook pour mettre en garde contre l'autocensure.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
« Il faut se tenir debout » et ne pas céder à l’intimidation et à l’autocensure, a fait valoir le premier ministre du Québec, François Legault, dans un long message publié samedi matin sur Facebook.
Loin du contexte de la pandémie, M. Legault revient sur la polémique qui a secoué l’Université d’Ottawa, fin 2020, en lien avec l’utilisation du mot en n
qui a suscité un débat houleux au Québec.
Le premier ministre, qui se dit choqué par cette histoire
, montre du doigt une poignée de militants radicaux [qui] essaient de censurer certains mots et certaines œuvres
.
Des professeurs se font demander d’effacer des œuvres de certains de nos grands écrivains, comme Anne Hébert, Réjean Ducharme, Dany Laferrière ou Pierre Vallières
, rappelle-t-il, qualifiant la situation d’absurde
.
De plus en plus de gens se sentent intimidés. Ils se sentent forcés de s’autocensurer, de peur de se faire insulter et dénoncer sur la place publique.
M. Legault ne manque pas de rappeler au passage qu’il en a lui-même fait l’expérience lorsque des militants ont essayé de censurer ses suggestions de lecture parce qu’il avait recommandé un livre de Mathieu Bock-Côté
, dit-il.
L’affaire avait fait grand bruit en automne et l’Association des libraires du Québec (ALQ), qui avait dans un premier temps supprimé la liste de coups de cœur littéraires du premier ministre de ses réseaux sociaux, avait fait volte-face en republiant cette liste.
M. Legault cite également l’exemple d’une chargée de cours à l’université qui témoignait dans un journal qu’elle s’était fait dénoncer et harceler pour avoir utilisé les mots "homme" et "femme"
.
C’est le temps qu’on ait une sérieuse discussion tous ensemble
Ça va trop loin. La situation est en train de déraper
, lance François Legault.
Bien qu'il reconnaisse que l’utilisation de certains mots peut blesser, il met en garde contre les radicaux qui veulent censurer, museler, intimider et brimer notre liberté de parole
.
Le premier ministre évoque également la nécessité de tracer une ligne entre la blessure et la censure.
On doit se tenir debout pour que les personnes intimidées sachent qu’elles ont le droit d’exposer des faits et des idées, et qu’on sera là pour les défendre.
M. Legault se veut aussi rassurant à l’endroit des personnes victimes de racisme. Elles doivent savoir qu’on ne laissera pas passer les propos haineux, les actes racistes ou la discrimination
, insiste-t-il.
Traiter le mal là où il est
Ce problème-là est parti de nos universités, et je pense que c’est là qu’on va devoir le régler en premier
, explique M. Legault.
La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, se penche d'ailleurs sur la question avec les milieux universitaires pour agir rapidement
, indique-t-il.
Le premier ministre rappelle enfin que les universités devraient être des lieux de débats respectueux, de débats sans censure et de recherche de vérité, même quand la vérité peut choquer ou provoquer
.
François Legault insiste aussi sur le devoir de défendre ses principes fondamentaux devant les tentatives d’intimidation et la nécessité d’y faire face ensemble afin de faire reculer la peur.