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AnalyseLe cas Roberge

Le ministre Roberge en conférence de presse.

Malgré les difficultés, le ministre de l'Éducation Jean-François Roberge peut compter sur un appui ultime : celui de François Legault.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Le cas Roberge est un film québécois qui raconte l’histoire d’un gars plein de bonne volonté, ambitieux et qui aspire à devenir une vedette de la télévision. Mais le personnage Roberge se bute constamment à des échecs professionnels, parce qu’il est plutôt maladroit.

C’est du cinéma; n’empêche, ce scénario aurait très bien pu être écrit pour le ministre de l’Éducation du Québec, Jean-François Roberge.

Dans le film, Roberge compte sur ses amis. Dans la vraie vie, le ministre, lui, peut compter sur un appui ultime : celui de François Legault. C’est extrêmement rare, dit un ancien conseiller politique, qu’un ministre soit autant chaperonné par le bureau du premier ministre. On y a effectivement déployé l’artillerie lourde.

Avant les Fêtes, un sous-ministre adjoint au ministère de François Legault a été envoyé à l’Éducation. Alain Sans Cartier a amené avec lui son adjoint Nicolas Mazellier.

Jean-François Del Torchio, un proche du premier ministre, s'occupe depuis deux semaines des communications. Et Hubert Laprise, ancien conseiller de la députée Catherine Fournier, arrivera dans les prochains jours pour écrire les discours du ministre.

Ajoutez que Jean-François Roberge a lui-même contribué à ce nouveau départ en changeant son image; il porte maintenant la barbe. C’est son choix, dit-on dans son entourage, et sa femme aime ça.

Il reste que les temps sont durs pour le ministre de l’Éducation, qui est perçu par les partis d’opposition comme un des maillons faibles du gouvernement.

Il est arrivé au pouvoir comme un Joe connaissant, dit un député de l’opposition qui le côtoie. Il a aboli les commissions scolaires envers et contre tous et a imposé les maternelles 4 ans sans trop consulter le milieu. Il est borné, dit un autre élu, qui constate que s’il écoute les suggestions, il ne les considère que rarement.

Il a aussi la réputation d’être un solitaire qui travaille peu en équipe. Et cela joue contre lui.

La pandémie, dit un ancien ministre de l’Éducation, ne l’a pas aidé. En étant moins en contact avec tes partenaires, moins exposé dans les médias, il est facile de tenir pour acquis que tes idées sont les meilleures.

Le résultat net est que le ministre Roberge se retrouve actuellement isolé. Il a perdu tranquillement mais sûrement l’appui de plusieurs directions d’école et d’enseignants, et surtout de parents. Et ce qui fait le plus mal est que les parents sont des électeurs et qu’ils n’ont que la réussite de leurs enfants à cœur.

Accablé de toutes parts, le ministre a admis ses problèmes dans un long message publié sur Facebook la semaine dernière, dans lequel il explique qu’il n’a pas de carapace, que les attaques l'atteignent, qu’il peut faire des erreurs et que, finalement, c’est un gars ben ordinaire.

Purificateurs d’air et réussite scolaire

On reproche surtout au ministre Roberge de tourner les coins ronds et de mal choisir ses priorités. Son acharnement à compliquer l'installation des purificateurs d’air dans les écoles en est un bon exemple.

Pourquoi, explique encore un ancien ministre, se battre avec autant d’énergie contre l’inquiétude de plusieurs parents? Un sentiment que partage un autre ancien ministre de l’Éducation : s’il n’est pas capable de régler la question des ventilateurs, qu'en est-il d’un dossier prioritaire comme le tutorat? Ce programme tarde à se matérialiser sur le terrain.

Ces deux anciens ministres font toutefois un constat commun : la machine administrative au ministère de l’Éducation est particulièrement résistante aux changements. Les meilleurs fonctionnaires, dit l’un d’eux, sont aux Finances et au Conseil du Trésor, où l’expertise est impérative.

Il ajoute qu’à l’Éducation, c'est plutôt une expertise idéologique, et ces idéologues pensent qu’ils savent tout.

La marche est haute pour un nouveau ministre qui n’a aucune expérience au sein d’un gouvernement. Il faut savoir être extrêmement réceptif aux idées des autres, précise-t-il; donner une directive claire; et, surtout, montrer qu’on a une vision qui peut faire rêver.

Pas de remaniement

Jean-François Roberge est un caquiste de la première heure. Il n’a jamais lâché François Legault et, de toute évidence, François Legault n’a pas l’intention de le lâcher. Il n’est pas question qu’il occupe un autre poste que celui de ministre de l’Éducation. Il serait d’ailleurs périlleux de le remplacer à ce moment-ci de la pandémie, sans compter que les candidats capables de relever ce défi sont rares ou déjà affairés.

N’empêche, le ministre devra s’activer alors qu’on se demande en coulisse si les ponts ne sont pas irrémédiablement rompus entre lui et son réseau.

La politique ne sourit pas toujours aux réformateurs.

Dans Le cas Roberge, le héros réalise que s’il veut vraiment devenir une vedette du show-business, il devra nécessairement mettre beaucoup d’efforts pour y parvenir.

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