Report de la semaine de relâche en Ontario : de l'indifférence à l'indignation

L'introduction de variants du coronavirus en Ontario et l'espoir que plus de personnes soient vaccinées en avril ont motivé le report de la semaine de relâche (archives).
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Enfants déçus, parents indifférents, personnel en colère : le report de la semaine de relâche en Ontario a suscité un éventail de réactions à Ottawa et dans l’est ontarien.
Le ministre provincial de l'Éducation, Stephen Lecce, a annoncé jeudi que la semaine de congé était déplacée au 12 avril. L’inquiétude face à l’arrivée de variants dans la province et l’espoir que plus de gens soient vaccinés en avril ont motivé cette décision.
Croisés à la sortie des classes à l’école élémentaire Franco-Jeunesse, deux élèves de sixième année, Harry et Shaughnessey, avaient un air dépité. C’est comme si le Grinch avait voulu gâcher leur semaine de relâche : je n’aime pas ça. Je ne veux pas que ce soit repoussé
, a grimacé Harry.
Au moins il y a un break
, relativise Shaughnessey. Mais en avril, il n’y a pas autant de neige, et des fois on va faire du ski au March Break. Je ne sais pas, je ne suis pas contente !
Pour les parents interrogés, l’annonce de jeudi aura peu d'effets. Pandémie oblige, aucun n’avait fait de plans pour la semaine du 15 mars. Si la province a jugé ce report plus responsable, sa famille et elle s'adapteront, a jugé Zahra Hoch. Mieux : les enfants sont trop restés à la maison, ils vont pouvoir en profiter pour rattraper le retard
, a répondu la mère de quatre écoliers.
Du personnel épuisé
Les quatre principaux syndicats d’enseignants en Ontario s’opposent fortement au report du congé de mars et demandent au gouvernement Ford d'immédiatement revoir sa décision.
(1/2) L’AEFO demande encore une fois au ministre de l’Éducation et au premier ministre de l’Ontario de ne pas toucher au congé de mars. Nous voulons toutes et tous aider à freiner la propagation de la COVID-19.
— Anne Vinet-Roy (@aefopresidence) February 11, 2021
(2/2) Mais, pour revenir à la normale, est-il vraiment nécessaire de bouleverser la communauté scolaire?
— Anne Vinet-Roy (@aefopresidence) February 11, 2021
Messieurs Ford et Lecce, vous devez absolument vous tourner vers d'autres solutions pour freiner la propagation de la pandémie #onpoli #onted
Le président du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO
), Denis Chartrand, déplore cette décision. Il anticipe qu’elle aura comme conséquence d’augmenter le nombre de membres du personnel en congé de maladie.Les changements continuels du curriculum et l’adaptation constante qui leur est demandée les épuisent, dit-il. On est un peu déçus. Notre recommandation, ça avait été de garder la semaine de relâche au mois de mars, parce que nos enseignants, nos élèves, nos gens qui travaillent à l’arrière-scène dans le conseil scolaire sont très fatigués
, a-t-il commenté.
Le NPD en Ontario s’était opposé au report du congé de mars pour les mêmes raisons. Le député néodémocrate d’Ottawa-Centre, Joel Harden, a manifesté sa déception. Je crois que c’est important pour toutes les familles, pour toutes les équipes qui travaillent tellement fort dans le système d’éducation, de prendre une petite pause. Aussi, pour nos équipes qui nettoient les salles de classe et les bâtiments, pour (qu’elles aient) un peu plus de temps pour faire ce bon travail
, a-t-il commenté.
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Éviter un deuxième Noël
Pour sa part, le médecin-hygiéniste du Bureau de santé de l’est de l’Ontario (BSEO
) s’est dit en accord avec la décision de reporter la relâche. Il a brandi les enjeux de santé publique que cela représente.Nous savons que pendant les fêtes, les cas chez les enfants ont augmenté de façon importante et la positivité était quatre fois plus élevée qu'avant le congé
, a indiqué le Dr Paul Roumeliotis
« En présence de [nouveaux] variants, je crois que c'était la bonne décision. »
Le Dr Roumeliotis a ajouté qu’il était très important de continuer à surveiller les enfants
et que l’école offrait la surveillance et la protection nécessaire pour limiter les interactions non supervisées
.
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Besoin de recharger les batteries
Jean-Pierre Michaud, président de l’Association des directions et des directions adjointes des écoles franco-ontariennes (ADFO), croit que le gouvernement reconnaît le besoin d'une semaine de relâche. Selon lui, les élèves et le personnel enseignant ont besoin d’une pause pour recharger nos batteries
et être prêts pour le reste de l’année scolaire.
Le report de la semaine de relâche, ça n'a pas un sentiment pour rassurer les gens
, ajoute M. Michaud en entrevue à l’émission Les matins d’ici, dans le contexte où plusieurs se demandent si le congé, repoussé en avril, pourrait être repoussé de nouveau.
Le report de la semaine de relâche tel qu’annoncé, vient apporter des besoins de s'ajuster. C'est sûr que pour les directions cette année, c’est un peu le thème : l'adaptation et le changement qui arrivent rapidement
, ajoute-t-il.
Selon lui, cette mesure s’ajoute à d’autres mesures sanitaires déjà en place pour assurer la sécurité de la communauté scolaire.
Le port du masque pour l'ensemble des élèves, l’autodétection avant l’arrivée à l’école, c’est une charge qui s'ajoute et ça amène quelques casse-tête supplémentaires
, poursuit M. Michaud. On est tous pour la protection des élèves et de la communauté scolaires. Parfois, c'est des tâches qui s'avèrent difficiles à assumer, par exemple, l'autodétection, de vérifier que chacun l’a fait en début de journée, ça devient une tâche difficile à réaliser.
Il se dit cependant fier de ce qui est accompli dans les écoles. Les directions ont réussi à démontrer que malgré les circonstances, on est en mesure d’assurer la sécurité de nos élèves
.
Avec les informations de Nafi Alibert, Antoine Trépanier et Camille Boutin