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Effritement « inquiétant » de la confiance des Canadiens dans la vaccination

Une vue en plongée montrant les aires d'attente et les cubicules de vaccination dans une immense clinique aménagée dans le Centre de foires d'ExpoCité.

Les explications de Jean-François Blanchet.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Une équipe de chercheurs de l'Université de Sherbrooke s'inquiète de l'effritement du niveau de confiance des Canadiens dans les vaccins contre la COVID-19. Ils invitent les autorités à se doter d'un plan d'action afin de rassurer la population et de contrer la désinformation liée à la vaccination.

Selon les plus récents résultats émanant de leurs travaux, diffusés aujourd'hui, la proportion de Canadiens prêts à se faire vacciner contre le coronavirus est passée de 68,3 % à 59 %, entre juin et novembre 2020, soit une baisse de 9,3 %.

Au cours de la même période, la colonne des indécis a augmenté de 8,5 % pour s'établir à 26,4 %. Autrement dit, un Canadien sur quatre ne savait pas s'il allait se faire vacciner contre la COVID-19 l'automne dernier.

Ces résultats sont inquiétants alors que les scientifiques fixent à environ 70 % le taux de personnes vaccinées à atteindre pour parvenir à l’immunité collective, peut-on lire dans le rapport rendu public par l'Université de Sherbrooke jeudi matin.

« Ces résultats devraient sérieusement inquiéter nos dirigeants. »

— Une citation de  Extrait du communiqué de l'Université de Sherbrooke

Pour en arriver à cette conclusion, l'équipe multidisciplinaire a comparé les résultats d'un même questionnaire distribué en juin puis en novembre, chaque fois à 2000 Canadiens.

L'enquête, internationale, fait état de la même tendance dans sept autres pays, dont les États-Unis, l'Angleterre, la Suisse et la Belgique.

Ramener les indécis

Cette baisse de confiance dans la vaccination est jugée d'autant plus préoccupante, selon les chercheurs, puisque ce sont les personnes prêtes à se faire vacciner qui semblent avoir changé d'avis en cours de route.

Ce qui est particulier, c'est que ceux qui nous disaient en juin qu'ils allaient se faire vacciner, donc que c'était un oui clair, c'est cette frange-là qu'on a vue s'effriter pour passer vers l'incertain, souligne Marie-Ève Carignan, professeure au Département de communication à l'Université de Sherbrooke et cochercheuse dans ce projet.

Marie-Ève Carignan, professeure à l'Université de Sherbrooke

Marie-Ève Carignan est professeure au Département de communication à l'Université de Sherbrooke et cochercheuse de l'étude.

Photo : Radio-Canada

Parmi les bonnes nouvelles, selon Mme Carignan, il y a la possibilité que ces nouveaux indécis puissent encore être récupérés. C'est une frange intéressante à aller rejoindre parce que leur opinion est mouvante, dit-elle en entrevue à Radio-Canada. Il y a vraiment moyen de travailler des stratégies de communication pour les atteindre.

Quant à ceux qui s'opposent au vaccin, leur position semble moins volatile. Leur proportion est demeurée relativement stable entre juin et novembre, passant de 13,9 % à 14,6 %

Plan d'action

À la lumière des résultats, l'équipe de l'Université de Sherbrooke recommande aux gouvernements d'établir un plan d'action afin de rassurer la population. Ce plan viserait principalement à calmer les craintes liées aux vaccins autorisés au Canada et à contrer la désinformation.

Le gouvernement doit peut-être mieux communiquer ou communiquer davantage sur la vaccination. Comment la recherche s'est faite, les étapes, ce qu'ils [les vaccins] comportent, énumère Marie-Ève Carignan, qui est aussi directrice du Pôle médias de la Chaire de recherche UNESCO en prévention de la radicalisation et l'extrémisme violent.

Des photos de fioles de vaccin juxtaposées.

Les vaccins de Pfizer-BioNTech (gauche) et de Moderna ont été les premiers autorisés au Canada.

Photo : offerte par Pfizer|Eduardo Munoz/Pool/Reuters

L'équipe de chercheurs n'a pas encore, au cours de ses travaux, isolé les causes exactes de cette hésitation manifestée par une partie de la population au sujet de la vaccination. Toutefois, elle avance que la rapidité avec laquelle les vaccins ont été créés a pu causer des interrogations.

« Les gens se demandent si on a tourné les coins ronds. Et c'est là-dessus qu'il faut que le gouvernement communique, à mon sens. »

— Une citation de  Marie-Ève Carignan, professeure à l'Université de Sherbrooke

On estime également que la désinformation et les fausses nouvelles sur le vaccin jouent un rôle important dans la perte de confiance des personnes sondées. Selon Marie-Ève Carignan, il faut essayer de diffuser de l'information scientifique sur les réseaux sociaux pour contrer la désinformation qui circule.

La professeure invite par ailleurs le gouvernement du Québec à davantage parler du vaccin en tant que tel, plutôt qu'entretenir la population sur les difficultés rencontrées jusqu'à présent. On l'entend beaucoup communiquer sur les problèmes d'approvisionnement. Ça peut encore plus générer de l'insécurité et de l'hésitation. [...] C'est pas ça qui va convaincre les gens.

Un manifestant brandissant une affiche antivaccin.

Le Québec n'a pas échappé aux manifestations auxquelles ont participé des antivaccins.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Le complotisme se « stabilise »

Le questionnaire de l'équipe de l'Université de Sherbrooke a également permis de mettre à jour l'adhésion générale à l'indice conspirationniste mis au point pour cette enquête.

Selon les données du sondage de juin 2020, on indiquait que 23,9 % des Canadiens sondés adhéraient à des idées complotistes. Le taux est demeuré stable en novembre, à 23,5 %.

Selon l'équipe, il peut être surprenant de voir que la désinformation continue de circuler et que l'adhésion aux énoncés complotistes se maintient. Notamment parce que les connaissances et les données probantes sur le virus se multiplient.

L'indice se base sur les réponses à cinq énoncés conspirationnistes soumis aux participants. Pour être considéré comme complotiste, il fallait montrer un accord avec plus de la moitié des énoncés.

Les chercheurs invitent donc les autorités à tenir compte des impacts potentiels des mouvements conspirationnistes sur la santé publique au Québec et au Canada.

Les énoncés complotistes

  • Je crois que le gouvernement cache des informations importantes concernant le coronavirus.
  • Je crois que le virus a été créé intentionnellement en laboratoire.
  • Je crois que le virus a été créé par accident en laboratoire.
  • Je crois que l’industrie pharmaceutique est impliquée dans la propagation du virus.
  • Je crois qu’il existe un lien entre la technologie 5G et le virus.

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