Le CIUSSS de l'Estrie lance un projet pilote pour récupérer ses masques chirurgicaux

La consommation de masques chirurgicaux a explosé avec la pandémie.
Photo : Radio-Canada / Robert Short
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Environ 50 000 masques sont distribués chaque semaine dans l'ensemble des établissements du CIUSSS de l'Estrie - CHUS. Afin d'éviter que ces masques ne viennent engorger davantage les sites d'enfouissement, le CIUSSS lance un projet pilote pour les récupérer.
Le contexte actuel lié à la COVID-19 a certainement mis en lumière un enjeu et des préoccupations environnementales avec l'augmentation en termes de volume d'utilisation de masques chirurgicaux, mais aussi d'équipements de protection individuelle (EPI), qui sont à usage unique, souligne Manon Larivière, directrice des services techniques du CIUSSS de l'Estrie - CHUS. On sait qu'au-delà de la pandémie, quand on va revenir à la normalité, l'utilisation des masques chirurgicaux et des EPI [va également] rester.
Le projet pilote, réalisé en collaboration avec l'Université de Sherbrooke, CRB Innovations et MGA Environnement, commencera en février avec la collecte des masques de l'Hôtel-Dieu. Les EPI seront récupérés à partir du mois de mars.
Cela demande toute une logistique pour collecter les masques, explique Manon Larivière. [Cette première étape] va permettre de consolider la démarche, et permettre de préparer le déploiement pour permettre à l'ensemble de nos établissements de participer à ces efforts de récupération.
L'Université de Sherbrooke, partenaire du CIUSSS, récupère ses masques chirurgicaux depuis l'automne dernier. Patrice Cordeau, vice-recteur adjoint au développement durable à l’Université de Sherbrooke, soutient que le taux de détournement de l'enfouissement est au-delà de 70 %. Il soutient que le CIUSSS fait face aux mêmes défis que l'Université, soit de devoir gérer d'énormes quantités d'EPI à usage unique.
Je salue les initiatives comme MedSup, à Magog, qui tentent de mettre en place des procédés de recyclage [...] Mais quand on arrive avec de grands volumes, des grandes quantités, ça représente des coûts astronomiques, explique-t-il. Si on parle de se rapprocher des coûts d'enfouissement pour le projet pilote, on parle de 120 $ la tonne. Ce qu'on a comme proposition sur le marché, on parle plutôt de 10 000 $ la tonne.
En ce moment, les institutions au Québec ont le choix difficile de dire : "Oui, je veux faire quelque chose pour l'environnement, oui je veux récupérer mes masques. Mais je dois aussi justifier la dépense auprès de ma direction et mes administrateurs". C'est là toute la beauté du projet, pour les grands générateurs que sont les hôpitaux, les institutions, il y aura une solution un peu plus acceptable au niveau social et environnemental.
Des composites valorisés
Le matériel récupéré servira à la production d'un composite compact, formé à 65 % de biomasse et à 35 % d'EPI. Ces composites seront produits au Carrefour d'innovation sur les matériaux de la MRC des Sources, situé à Val-des-Sources, puis seront valorisés à l'extérieur. Ces disques pourraient donc permettre de créer de l'énergie (chaleur, vapeur, électricité), subir un procédé chimique pour être transformés en éthanol ou méthanol, ou encore être transformé en matériaux, comme des panneaux de construction ou des murs coupe-son.

Martin Gagnon, responsable de projet chez MGA Environnement, explique comment seront recyclés les masques chirurgicaux.
Photo : Radio-Canada
Cette dernière valorisation sera faite en partenariat avec deux ingénieurs de la Faculté de génie, qui vont également faire des recherches pour permettre l'avancement des connaissances et des technologies permettant de mieux valoriser et recycler le matériel de protection individuelle.
Les équipements permettent de traiter une tonne à l'heure. On veut finaliser la recherche, faire des expérimentations, des résultats [...] pour aller vers une approche industrielle, qui serait exportable vers d'autres régions
, explique Martin Gagnon, responsable du projet chez MGA Environnement
Le défi, c'est de traiter le volume, ajoute-t-il. On va avoir des sacs qui vont avoir de grands volumes, mais pas beaucoup de masse. Nos équipements doivent être capables de traiter un grand volume, et une petite masse.
Par ailleurs, Martin Gagnon souligne que ce type de recyclage pourrait être étendu aux établissements scolaires, qui génèrent également beaucoup de déchets avec leurs masques chirurgicaux.