Regards croisés sur la communauté noire de Whitehorse
Paul Gowdie est arrivé au Yukon il y a une vingtaine d'années, alors que Paige Galette fêtera ses quatre ans au territoire en mai. Tous deux ont des vues très différentes sur la communauté noire de Whitehorse.
Photo : Photos envoyées par Paul Gowdie et Paige Galette
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, deux Yukonnais d’adoption posent les yeux sur ce qui compose la communauté noire de Whitehorse et sur les espoirs qu’ils entretiennent pour l’avenir.
Paul Gowdie et Paige Galette sont d'accord sur une chose : le Mois de l’histoire des Noirs ne signifie pas que le reste du temps les communautés noires ne doivent pas être vues.
Que suis-je le reste des onze autres mois de l'année? Je n'existe pas. C'est ce que vous me dites? C'est ce que je comprends
, illustre M. Gowdie, un photographe et designer graphique basé au Yukon depuis une vingtaine d’années.
Mme Galette veut aussi profiter de février pour entendre les expériences de la nouvelle génération : Souvent, on s’attarde au Mois de l’histoire des Noirs en tant qu’histoire du passé et on ne pense pas aux gens qui font partie de l’histoire d’aujourd’hui et de la génération future, c’est important de remarquer ceux et celles qui contribuent à l’histoire d’aujourd’hui.
Ne se reconnaissant pas dans la tradition du Mois de l’histoire des Noirs, Paul Gowdie a aussi un du mal à se reconnaître dans la communauté noire locale qu’il trouve un peu fragmentée. Il évoque le fait que de nombreuses personnes sont de passage, mais cela n'est pas la seule raison.
Avec des membres venant d’Afrique, des Caraïbes ou encore des États-Unis, les différences d’expériences semblent grandes.
« Parfois, c’est difficile de dire que juste parce que nous sommes noirs, on devrait tous être regroupés sous la même association. »
Un point de vue que ne partage pas Paige Galette, qui se voit comme une nouvelle arrivée
au Yukon, arrivée en mai 2017. Elle insiste sur l'entraide dans la communauté et le partage de bons plans, comme en ce qui concerne les épices et les produits de beauté adaptés aux peaux noires et aux cheveux frisés et crépus.
C’est des petites choses comme ça qui font qu’on survit, qu’on se rassemble comme communauté
, pense-t-elle.
Le choix du Nord
Le fait d’avoir choisi de vivre au Nord rend la communauté spéciale, croit-elle aussi. Être noir au Yukon c’est différent parce qu’on a tendance à aimer l’hiver, les activités sportives dans la neige. Au sud, il n’y a pas nécessairement cette connexion avec l’hiver
, remarque Mme Galette.
Elle et M. Gowdie ont choisi de venir vivre au Nord, la première pour respirer et échapper à la frénésie de Toronto, à la recherche d’une petite communauté dans laquelle s’ancrer
.
« Au Yukon, on a cette habitude de s’assurer que tout le monde va bien parce nos hivers sont très longs et donc de voir une autre personne noire, on se rassure en se disant que si cette personne a survécu 20-30 ans, moi aussi je peux survivre quelques hivers. »
Paul Gowdie, de son côté, pensait s’éloigner du racisme. S’il se voit comme un privilégié de vivre dans le Nord, il note tout de même les progrès qu’il reste à faire. Notamment dans l’enseignement de l’histoire du Yukon, dans lequel, selon lui, les personnalités noires qui ont participé à la ruée vers l’or n’ont pas la place qu’ils méritent.
L’espoir de voir des changements rapides
Il pense donc qu’il y a des changements à adopter au niveau gouvernemental, mais aussi d’un point de vue individuel, et surtout de la part des Blancs.
« Je pense que c’est aux Blancs de faire quelque chose, car le racisme n’est pas un problème de Noirs, mais de Blancs. »
Les deux veulent des actions concrètes dans la lutte antiraciste. Dans les institutions éducationnelles, on devrait s’assurer que tous les travaux aient un profil d’une personne noire ou de recherchiste noir, dans les ONG et les organismes privés aussi
, cite Paige Galette.
Et à ceux qui lui rétorquent que le changement prend du temps, Paige Galette dénonce la mauvaise foi. Avec la pandémie, on a vu qu’on a pu changer nos façons de faire et de penser en quelques mois. C’est vraiment fascinant, parce que ça montre que quand on le veut, on peut
, renchérit-elle.
La seule chose que nous demandons, c'est d'être traités avec équité, respect et dignité et, aussi que les Blancs réfléchissent à toutes ces choses, à la façon dont leur vie est, en quelque sorte, la norme alors que tous les autres ont besoin de naviguer dans cette norme
, plaide Paul Gowdie.