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Le taux de suicide en baisse durant la pandémie

Un jeune homme au téléphone.

Les spécialistes qui étudient le suicide disent que c'est un phénomène complexe.

Photo : Capture d'écran/CampagneReste

Radio-Canada

La thèse largement répandue selon laquelle le taux de suicide aurait augmenté durant la pandémie est démentie par les données provenant des provinces canadiennes.

Lorsque nous regardons les données, elles ne correspondent pas à ce que nous pensions, dit Tyler Black, psychiatre et expert en suicide à l'Université de la Colombie-Britannique (UBC).

Il explique que les données récemment publiées par l'Alberta, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan suggèrent que les taux de suicide ont en fait diminué en 2020. Le médecin légiste du Québec ainsi que celui de Terre-Neuve et Labrador ont récemment déclaré qu'il n'y avait pas eu d'augmentation du nombre de suicides dans leur province l'année dernière.

C'est un bon exemple de la façon dont nous nous racontons parfois les choses, en cherchant des façons de prouver notre point de vue sans faire appel à des données concrètes.

Une citation de Tyler Black, psychiatre, UBC

Les données préliminaires pour 2020 sont dignes d'intérêt, car elles vont à l'encontre de l'idée selon laquelle les taux de suicide connaîtraient une hausse vertigineuse pendant la pandémie, explique M. Black.

Les premières données

L' Alberta a connu une baisse particulièrement marquée. Selon les données préliminaires compilées par la province fin du mois de janvier, il y aurait eu 468 suicides en 2020. À titre de comparaison, plus de 600 suicides ont été déclarés pour chacune des quatre années précédentes.

Robert Olson, un chercheur du Centre pour la prévention du suicide de Calgary, observe que la baisse est frappante, même si les données ne sont que préliminaires.

La Saskatchewan aurait également connu une baisse significative du nombre de suicides en 2020. Elle en a recensé 134, contre plus de 200 pour chacune des quatre années précédentes.

La Colombie-Britannique n'a pas encore publié de données complètes pour 2020, mais les données pour la période de janvier à août 2020 sont inférieures à ceux de 2019.

Tyler Black explique qu’il peut y avoir une marge d’erreur du fait que le décompte des décès par suicide s'accompagne toujours d'un certain degré d'incertitude.

Il pourrait y avoir de petites fluctuations parce que des enquêtes et des recherches sont en cours, dit-il. Mais elles ne sont probablement pas assez importantes pour modifier substantiellement les résultats.

Des discours basés sur des suppositions

De nombreuses personnalités ont affirmé, sans preuves à l'appui, qu'il y avait une augmentation du taux de suicide en lien avec les restrictions en matière de santé publique. Certaines ont simplement fait des suppositions à ce sujet au début de la pandémie, tandis que d'autres ont fait des déclarations à ce propos plus récemment.

C’est le cas de Roman Baber, député provincial de l'Ontario, qui a été expulsé du caucus progressiste-conservateur en janvier après avoir envoyé une lettre ouverte affirmant que les restrictions en matière de santé publique provoquaient une avalanche de suicides.

Les gens ont pu dire ce qu'ils voulaient sur [le taux de] suicide parce que nous n'avons pas eu de données pendant des mois. Et il y a eu beaucoup de manœuvres politiques autour de l'utilisation du suicide comme stratégie pour mettre fin au confinement et aux restrictions, dit Tyler Black.

Taux de suicide en temps de catastrophe

Robert Olson dit qu’une diminution des taux de suicide a parfois été observée après des catastrophes majeures, même si ce n'est pas une règle absolue. Les études les plus solides sur le sujet ont porté sur des catastrophes naturelles telles que des ouragans et des tremblements de terre, et non sur des épidémies généralisées.

Il explique qu’on a donné un nom à ce phénomène, la lune de miel. Cette expression suggère que la diminution du taux de suicide n’est généralement pas permanente.

Un article récent, publié dans la revue scientifique Nature Human Behaviour, a mis en évidence que le taux de suicides au Japon a diminué au cours des premières phases de la pandémie, mais qu'il a augmenté à nouveau lors de la deuxième vague d'infections.

Pourtant, les auteurs de l’article notaient ceci : Les preuves empiriques fiables concernant le lien entre la pandémie de COVID-19 et la mortalité par suicide restent rares.

Tyler Black sait que les chercheurs, dont lui-même, continueront à suivre de près la situation.

Il espère que ces récentes informations sur la baisse du taux de suicide rappelleront aux autorités qu'il est nécessaire d'avoir les données sur les causes de décès en temps réel.

Si vous pensez au suicide ou connaissez quelqu'un qui y pense, vous pouvez obtenir de l'aide dans tout le pays en appelant le Service canadien de prévention du suicide au numéro gratuit 1 833 456-4566. Ce service est offert 24 heures sur 24. Vous pouvez également envoyer un message texte au 45645. (Le service par textos est offert de 16 h à 24 h HE).

Si vous vous inquiétez pour votre santé mentale ou celle d'un proche, composez le 911.

À partir des informations de Robson Fletcher.

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