Seulement 0,4 % des véhicules en Atlantique sont hybrides ou électriques
Le Canada souhaite que 10 % des voitures vendues soient électriques d'ici 2025 et qu'elles le soient toutes d'ici 2040.

Le marché de la voiture électrique souhaite franchir un cap à l'Île-du-Prince-Édouard.
Photo : Julien Lecacheur
John Horne sourit. Depuis le 1er juillet 2019, il est l'heureux propriétaire d'une Tesla Model 3. « Nous voulions avec ma femme faire des économies sur le long terme. Nous voulions aussi ne plus utiliser d'essence et faire un geste environnemental pour nos enfants », explique-t-il.
L'Insulaire ne regrette pas du tout son achat, bien au contraire. Il conduit fièrement sa Telsa partout, pour aller au travail, pour se promener dans les provinces voisines et même l'an passé pour un voyage en Floride.
Nous économisons entre 300 à 350 dollars en essence chaque mois. En contrepartie, notre facture d'électricité a augmenté de 30 à 40 $.
Il n'est pas le seul à avoir fait de choix de vie. Mike Kenny l'a aussi fait en 2019 . Ce chef d'entreprise a ouvert sa propre concession de véhicules électriques à Charlottetown il y a 18 mois.
Je voulais combler un vide dans ce marché. Il n'y avait aucun véhicule électrique à acheter à l'Île-du-Prince-Édouard à cette époque-là
, assure-t-il.
Le succès a été vite au rendez-vous. Au départ il ne possédait que quelques Nissan Leaf d'occasion. Plus d'un an plus tard, il possède des voitures des marques Kia, Chevrolet et même Tesla. Selon lui, la demande était là.
Je vendais une voiture par semaine durant l'été 2020.
Les choses se sont encore améliorées pour lui. À l'automne, il s'est associé avec un autre concessionnaire similaire à Halifax. Ensemble, ils proposent des dizaines de véhicules en tout genre. Dont des Telsa, les plus populaires, selon Mike Kenny. C'est une "rock star", les gens veulent l'approcher, la toucher, l'essayer.
À lire aussi :
Un inventaire limité à l'Île-du-Prince-Édouard
Malgré la demande, des problèmes empêchent ce marché de franchir une nouvelle étape. À commencer par la disponibilité. Le député du Parti vert de Summerside—South Drive, Stephen Howard en a fait la mauvaise expérience. Avec ses parents, ils ont essayé d'acheter un véhicule électrique dans la deuxième ville de la province, sans succès.
Même si vous allez en magasin et que vous demandez à ce que ce modèle soit livré à l'île, la réponse est non.
Il est difficile de trouver des véhicules électriques à l'Île-du-Prince-Édouard. Certains modèles ne sont pas disponibles ou les inventaires sont limités.
Moe Dayfallah, le gérant d'un détaillant Hyundai à Charlottetown peut en témoigner. La disponibilité était difficile l'an dernier. Heureusement, Hyundai a rectifié le tir et c'est maintenant plus facile pour nos consommateurs d'avoir accès à ce type de véhicule.
À Charlottetown, Moe Dayfallah a en moyenne six voitures électriques à vendre en permanence. Des véhicules qui se vendent rapidement, un par mois en moyenne, selon lui. Il espère avoir prochainement un inventaire plus important.
Nous allons augmenter la publicité autour de nos véhicules électriques. C'est pour cela que nous souhaitons avoir plus de voitures en magasin.
Les résidents de l'Atlantique bons derniers
Mais la disponibilité reste un problème mineur comparé au prix de ces véhicules. Une Kia Soul coûte environ 43 000 $, une Chevrolet Bolt, 45 000 $ et une Tesla Model 3 dépasse les 50 000 $.
Gardez en tête que vous allez faire des économies pendant des années
, prévient Mike Kenny.
Le gouvernement fédéral a mis en place en 2019 des incitatifs à l'achat de véhicules électriques à hauteur de 300 millions de dollars sur trois ans. Devant le succès, 287 millions de dollars supplémentaires ont été ajoutés. Ainsi, 5000 $ sont déductibles à l'achat de modèles de moins de 45 000 $.
Le programme est très populaire au Québec et en Colombie-Britannique.
Il l'est moins en Atlantique. En effet, 85 % des 314 millions déjà distribués l'ont été dans ces deux provinces. L'Ontario est derrière avec 11 %. Les provinces de l'Atlantique sont loin derrière, alors que 661 incitatifs ont été accordés, ce qui représente 0,8 %.
Cela se ressent sur les routes de l'Atlantique. Précisément 641 véhicules électriques et hybrides circulent à l'Île-du-Prince-Édouard, 452 en Nouvelle-Écosse, 624 au Nouveau-Brunswick et 984 à Terre-Neuve-et-Labrador. Ils représentent moins de 0,4 % des automobiles qui circulent actuellement dans les quatre provinces de l'est du Canada.
Des incitatifs annoncés prochainement?
Mike Kenny, John Horne et Stephen Howard s'accordent tous sur une chose, ils demandent au gouvernement insulaire de mettre en place des incitatifs provinciaux.
Les Insulaires attendent l'aide des conservateurs
, assure Mike Kenny.
Je voudrais voir la mise en place d'incitatifs pour les véhicules électriques neufs et usagés
, demande John Horme.
On doit avoir un programme de rabais pour renverser le marché de l'automobile et s'orienter vers l'électrique
, défend Stephen Howard.
C'est une bonne chose de vouloir bousculer le marché. Peut-être avec des incitatifs, ou peut-être autres choses. Pour l'instant, je trouve que nous avons fait de notre mieux.
Une possibilité qui pourrait arriver très prochainement, comme le confesse le ministre de l'Énergie, Steven Myers. Lors d'un récent comité sur l'environnement, le gouvernement s'est montré ouvert aux propositions apportées par les partis d'oppositions.
Mais en ces temps de pandémie et de restrictions budgétaires, le gouvernement tentera d'être responsable avant tout. Nous devons tout faire pour aller de l'avant avec, mais nous devons mettre en place un plan qui a du sens
, assure Steven Myers.
En attendant, l'Île-du-Prince-Édouard continue de développer son réseau électrique. En novembre dernier, le gouvernement conservateur a annoncé dans son budget d'immobilisation l'achat de 12 autobus scolaires électriques.
De plus, de nouveaux chargeurs seront prochainement installés dans la province. Enfin, les frais d'immatriculations sont gratuits pour les propriétaires de véhicules électriques. Un début en attendant davantage.