Ces livres qui ne nous quittent pas

Plusieurs œuvres marquantes ont été découvertes alors que les écrivains et écrivaines étaient jeunes.
Photo : iStock / evgenyatamanenko
Il y a des livres que nous lisons plusieurs fois; des livres qui, une fois terminés, continuent de nous habiter. Les ex-membres du comité de sélection du Prix du récit 2020, Brad Cormier, Talia Hallmona, Ayavi Lake et Karine Rosso, se prêtent au jeu et nous font part de leurs œuvres fétiches.
Brad Cormier
Che Guevara : vie et mort d’un ami, de Ricardo Rojo (Seuil, trad. Marie-France Rivière) : « Ce roman sera toujours mon premier livre; la genèse de mes lectures intéressées; celui qui m’a donné l’élan de lire tous les autres jusqu’à ce jour. J’ai trouvé ce livre dans les rayons de la bibliothèque de ma polyvalente. J’avais une réelle volonté de m’éduquer sur la vie du chanteur de Rage Against the Machine [l’image du Che était sur tous les chandails à l’effigie du groupe], mais j’ai appris une tout autre histoire. C’est la magie des livres : ils nous amènent là où on ne pensait jamais aller. »
Le rêve de Champlain, de David Hackett Fischer (Boréal, trad. Daniel Poliquin) :La vie de mystère et de contradiction de Samuel de Champlain nourrit la complexité d’un personnage nécessaire à toute bonne histoire. Son livre historique se lit comme un roman d’espionnage et d’aventure. On y suit l’homme plutôt que le mythe, l’altruiste avant le conquérant; un traitement rafraîchissant pour le genre d’individu qu’on érige allègrement en statue partout où il est passé. J’attends toujours le prochain livre qui modifiera l’ADN de ma pensée autant que celui-ci.
Écrivain et ébéniste, Brad Cormier a publié, en 2019, son premier livre, Rivièrances, le récit d’un voyage qu’il a entrepris sur les traces des explorateurs français et canadiens.
Talia Hallmona
Soigne ta chute, de Flora Balzano (Michel Brûlé) :C'était la première fois, en tant qu'adolescente, que je tombais sur une œuvre qui abordait l'identité multiple et culturelle; une œuvre dont je pouvais m'identifier au personnage. C'est un cri du cœur énorme. Dans un chapitre, la narratrice dit : "J'ai de la peine parce que je ne serai jamais québécoise. Voilà. On ne devient pas québécoise. On ne devient rien. Jamais. Que de plus en plus vieux, de plus en plus mou." Je la lis depuis 15 ans chaque année. Ça a changé ma vie.
Vipérine, de Pascal Brullemans (Lansman) :Ce qui me touche de cette pièce de théâtre, c'est l'histoire autour de l'histoire. Pascal a raconté une histoire dont le point de départ est sa propre vie, un drame qu'il a vécu. Il a perdu un enfant. La fiction peut nous aider à passer au travers de beaucoup de choses.
Comédienne, médiatrice, autrice et metteuse en scène, Talia Hallmona a fondé sa compagnie de théâtre jeunesse, le Théâtre Fêlé.
Ayavi Lake
Moi, Tituba, sorcière noire de Salem, de Maryse Condé (Mercure de France) :Ce livre m'a permis d'affirmer les choix que je fais quand j'écris, notamment pour tout ce qui a trait au réalisme magique. En tant qu'auteure, j'ai longtemps interrogé ma tendance à faire appel aux éléments invisibles, à l'irrationnel dans mes écrits, et retrouver ces éléments sous la plume de Maryse Condé – que je connaissais grâce à d'autres textes – m'a donné plus d'assurance.
L’œuvre d’André Brink :Adolescente, c'est en découvrant l'œuvre d'André Brink (Une saison blanche et sèche, Un turbulent silence, Adamastor) que j'ai décidé que je voulais écrire; qu'écrire serait la chose qui vaudrait la peine que j'aille jusqu'au bout.
Ayavi Lake a remporté le Prix des Horizons imaginaires en novembre dernier pour son premier roman, Le marabout.
Karine Rosso
L’ange des ténèbres, d'Ernesto Sábato (Points, trad. Maurice Manly) :C’est, selon moi, l'œuvre parfaite. C’est un roman apocalyptique et philosophique, un mélange avec l’essai. C’est un des livres qui m’a amenée en littérature. Chaque fois que je le relis, je trouve des sens différents. Il y a des livres qu’une fois terminés, on a le goût d’y retourner, parce qu’on sait qu’il y a une partie du sens qui nous a échappé. Même encore aujourd’hui, je n’ai pas l’impression d’avoir tout saisi.
Karine Rosso a publié son premier roman, Mon ennemie Nelly, en 2019, une autofiction dans laquelle la figure de Nelly Arcan la bouscule et la confronte.
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