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Deux militaires aperçus à travers un portail en fer.

Des militaires pouvaient être aperçus aux abords de l'hôtel de ville de Rangoon, le 1er février 2021.

Photo : Reuters / STRINGER

Agence France-Presse
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

L'armée birmane a proclamé lundi l'état d'urgence pour une période d'un an et nommé un général président par intérim, après avoir arrêté la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi et d'autres hauts responsables.

Cette décision est nécessaire pour préserver la stabilité de l'État, ont fait savoir les militaires dans une déclaration sur la chaîne de télévision de l'armée NAME.

Ils ont accusé la commission électorale de ne pas avoir remédié aux énormes irrégularités qui ont eu lieu, selon eux, lors des législatives de novembre, remportées massivement par le parti d'Aung San Suu Kyi, déjà au pouvoir depuis 2015. Les militaires dénoncent depuis plusieurs semaines l'existence de fraudes électorales.

Lundi matin, les militaires se sont emparés de l'hôtel de ville de Rangoon. Cinq camions militaires ont été déployés dans l'enceinte de la mairie et des soldats refoulaient les personnes à l'entrée, selon un journaliste de l'AFP.

Ces arrestations de hauts placés interviennent alors que le Parlement issu des dernières législatives devait entamer sa première session dans quelques heures.

Le pays connaît aussi de fortes perturbations de l'accès à Internet depuis l'arrestation de sa dirigeante.

Les perturbations des télécommunications ont commencé lundi vers 3 h du matin [...] et sont susceptibles de limiter la couverture des événements actuels, a dit Netblocks, spécialisée en cybersécurité.

Les communications téléphoniques, notamment vers et depuis Naypyitaw, sont aussi très perturbées, selon des journalistes de l'AFP.

Le général, vêtu d'un veston couvert d'écussons, fait le salut militaire.

(Archives) Le commandant en chef de l'armée birmane, le général Min Aung Hlaing, a repris les rênes du pouvoir, selon un discours de l'armée diffusé à la télévision.

Photo : Reuters / SOE ZEYA TUN

Sous prétexte de la pandémie de coronavirus, les élections n'ont pas été libres ni justes, avait assuré la semaine dernière lors d'une conférence de presse le porte-parole de l'armée, le major général Zaw Min Tun.

Les craintes avaient encore grandi quand le chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing – sans doute l'homme le plus puissant du Myanmar – avait déclaré que la Constitution pouvait être révoquée dans certaines circonstances.

Les militaires affirment avoir recensé des millions de cas de fraude, dont des milliers d'électeurs centenaires ou mineurs.

Plus d'une dizaine d'ambassades, dont celle des États-Unis et la délégation de l'Union européenne, avaient exhorté vendredi le Myanmar à adhérer aux normes démocratiques, s'inquiétant d'un possible coup d'État.

Nous nous opposons à toute tentative de modifier le résultat des élections ou d'entraver la transition démocratique en Birmanie, avaient-elles écrit.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait également exprimé sa grande inquiétude.

Elle donne une conférence de presse.

Aung San Suu Kyi a été réélue en novembre 2020.

Photo : Getty Images / AFP

Les généraux au pouvoir

Le Myanmar est sorti il y a tout juste 10 ans d'un régime militaire au pouvoir pendant presque un demi-siècle.

La Constitution, rédigée par la junte, prévoit un partage des pouvoirs entre un gouvernement civil et les généraux du pays.

Le parti d'Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991, très critiquée à l'international pour sa gestion de la crise des musulmans rohingyas, mais toujours adulée par une majorité de la population, a remporté une victoire écrasante en novembre.

Il s'agissait des deuxièmes élections générales depuis 2011, année de la dissolution de la junte qui venait de régner pendant un demi-siècle sur le pays.

Appels à la libération des dirigeants

Les États-Unis n'ont pas tardé à réagir pour exiger la libération par l'armée birmane de plusieurs dirigeants interpellés, y compris Aung San Suu Kyi. Washington a menacé de répondre en cas de refus.

Les États-Unis s'opposent à toute tentative de modification des résultats des récentes élections ou d'entrave à une transition démocratique au Myanmar et vont agir contre les responsables si ces mesures [les arrestations] ne sont pas abandonnées, a affirmé la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki.

L'Australie a aussi fait un appel en ce sens, demandant à l'armée de respecter l'État de droit, de résoudre les différends par des mécanismes légaux et de libérer immédiatement tous les dirigeants [politiques] issus de la société civile et les autres personnes détenues illégalement.

Le gouvernement japonais a exhorté les militaires de libérer Aung San Suu Kyi et de rétablir la démocratie dans le pays. Nous demandons la libération des parties prenantes, y compris la conseillère d'État qui a été arrêtée aujourd'hui, a indiqué le ministère japonais des Affaires étrangères dans une déclaration exhortant l'armée nationale à rétablir rapidement le système politique démocratique.

La Chine a appelé les acteurs politiques à régler leurs différends dans un cadre légal et constitutionnel afin de maintenir la stabilité politique et sociale, a déclaré Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a fermement condamné dans un gazouillis le coup d'État perpétré. Le résultat des élections doit être respecté et le processus démocratique doit être rétabli, a-t-il ajouté.

Avec la déclaration du transfert de tous les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires aux militaires, ces développements portent un coup dur aux réformes démocratiques au Myanmar, a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

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