Une baisse du nombre d’appels pour violence conjugale inquiète les intervenants

Les directions de maisons d'hébergement affirment avoir de la place pour accueillir les femmes et les enfants victimes de violence conjugale (archives).
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Le resserrement des mesures sanitaires et le couvre-feu font craindre le pire aux intervenants sociaux qui constatent une baisse des appels à l’aide dans la région.
Selon les organismes communautaires qui interviennent auprès des victimes, la fréquence et l’intensité de la violence ont même augmenté.
Le couvre-feu, entre autres, leur fait craindre le pire. On a beaucoup moins d'appels. On pense que les femmes sont prises à la maison
, s’inquiète Geneviève Lévesque, coordonnatrice et cogestionnaire de La Débrouille, maison d’aide et d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale située à Rimouski.
Pourtant, La Débrouille a dû refuser une quarantaine de femmes et 25 enfants faute de place, cet automne. On avait de la difficulté à répondre à la demande jusqu'à tout récemment avec le nouveau confinement
, mentionne Mme Lévesque.
Selon la porte-parole du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, Louise Riendeau, il est beaucoup plus difficile de demander de l'aide quand le conjoint est présent 24 heures par jour.
On nous dit qu’on ne doit pas côtoyer les proches, les amis, mais quand une femme et ses enfants sont en danger, je pense qu'il faut les accueillir et trouver des solutions avec elle
, affirme Louise Riendeau.
Rappelant que des mesures sanitaires strictes sont mises en place pour éviter la propagation de la COVID-19, les maisons d'hébergement souhaitent rassurer les victimes.
À Gaspé, depuis le début du deuxième confinement, la maison L'Aid'Elle évite autant que possible d'accueillir des femmes provenant de zones rouges, selon la directrice Marie-Ève Joncas.
Fuir un conjoint violent, c'est une raison plus qu'essentielle
, estime-t-elle. Oui, on aurait peut-être pu faire des entorses, mais ça n'a pas été le cas, on n'a pas eu besoin d'en arriver là jusqu'ici
Les personnes victimes de violence conjugale peuvent demander de l'aide en appelant SOS VIOLENCE CONJUGALE au 1 800 363-9010.
Les directions de maisons d'hébergement affirment avoir de la place pour accueillir les femmes et les enfants victimes de violence conjugale. Elles souhaitent que les difficultés pour retrouver un logement en pleine pandémie ne freinent pas les femmes dans leurs démarches.
Elles rappellent que les intervenantes et intervenants sont là pour les accompagner à retrouver un milieu de vie sécuritaire.
À Rimouski, sept pharmacies ont accepté d'accueillir en toute confidentialité les femmes victimes de violence conjugale pour qu'elles puissent appeler en toute sécurité une maison d'hébergement.
Des initiatives semblables ont lieu dans d'autres pharmacies et épiceries de la province.
D’après le reportage d’Isabelle Damphousse