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Le travail de rue affecté par le confinement dans l'Est-du-Québec

La rue Saint-Germain, au centre-ville de Rimouski, est déserte pendant le couvre-feu.

Les mesures de confinement rendent plus difficile le contact avec les personnes dans le besoin pour les travailleurs de rue (archives).

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Radio-Canada

Le quotidien des travailleurs de rue du milieu communautaire de l’Est-du-Québec est grandement affecté par les règles de confinement, qui entravent leur capacité à créer des liens de confiance avec les personnes vivant des situations personnelles difficiles.

Si, d’habitude, ces travailleurs de rue se rendent directement dans les milieux où se trouvent les personnes en situation précaire, c’est maintenant par téléphone et par visioconférence que se passe la majorité des rencontres, selon Luc Jobin, directeur de de l’organisme En tout C.A.S., de Rimouski.

C’est une période plus difficile pour nos travailleurs, qui sont habitués à être dehors tout le temps. Mais c’est plus difficile pour les personnes avec lesquelles on est en lien, qui sont déjà isolées, explique M. Jobin.

Prescrire de l’isolement, ça ajoute un facteur de risque, notamment en santé mentale.

Une citation de Luc Jobin, directeur d'En tout C.A.S

Dans les rares cas où une intervention physique est nécessaire, si la personne vit dans la rue ou n’a pas de téléphone, les règles de distanciation physique rendent plus difficile la création d'une relation de confiance.

Deux personnes marchent dans le Vieux-Québec avec un sac sur le dos.

Avec le couvre-feu et le confinement, les personnes dans le besoin seraient plus souvent isolées à l'intérieur que dans les lieux publics (archives).

Photo : Radio-Canada / Carl Boivin

La nature des interventions des travailleurs de rue en région n’aurait toutefois pas changé, selon lui.

Ils sont amenés par exemple à guider les gens vers les bonnes ressources, à offrir de l’écoute, à insuffler de l’espoir pour le maintien d’une hygiène de vie saine, à offrir du matériel de consommation sécuritaire ou de la naloxone pour éviter des surdoses aux opioïdes.

On intervient dans les mêmes dynamiques que d’habitude, mais le moyen est un peu différent, affirme M. Jobin.

Avec trois travailleurs de rue pour couvrir l’ensemble de la MRC de Rimouski-Neigette, Luc Jobin croit que les besoins ne sont pas comblés. Il estime qu’il en faudrait au moins le double pour pouvoir répondre à la demande du Bas-Saint-Laurent.

Un pont vers les ressources

Toutes ces difficultés à aller rencontrer les gens dans le besoin, directement dans leur milieu, ont un effet sur la capacité des travailleurs à les guider vers une ressource d’aide adéquate.

Pour Isabelle Huard, travailleuse de rue à Baie-Comeau, il s’agit d’un des rôles majeurs de sa profession, mis à mal par la pandémie.

On essaie de créer un lien profond en étant dans leur milieu et en les aidant dans leur quotidien. Tout ça pour leur donner confiance et les mener vers les bonnes ressources quand ils seront prêts à y aller.

Ces ressources d’aide, comme les thérapies en toxicomanie et les hébergements d’urgence, sont d'ailleurs plus limitées en raison du contexte sanitaire.

Une image floue d'un homme assis sur un lit dans une petite chambre d'hôpital.

La pandémie a accentué la solitude des gens qui vivent dans la précarité, selon Luc Jobin (archives).

Photo : Radio-Canada

Cet état de fait a des répercussions dans la vie des personnes en situation précaire, comme les itinérants, selon Mme Huard.

Même s'il est moins aigu que dans les grands centres, le problème de l’itinérance est bien présent dans les régions de l’Est-du-Québec.

L'itinérance est plus sournoise ici. Souvent, ils [passent un moment] à squatter par-ci, par-là. Ils viennent fouiller de temps en temps dans les poubelles, ils se ramassent dehors. Je vous dis de temps en temps, mais c'est toute l’année, explique Isabelle Huard.

Des effets difficiles à calculer

Il est difficile pour les travailleurs de rue de quantifier les effets positifs de leur travail, selon M. Jobin. Ce dernier explique cette situation par le fait que les interventions réussies ne s’inscrivent pas nécessairement dans les statistiques, contrairement aux drames, comme lorsqu’une personne fait une surdose ou se retrouve dans la rue.

Selon lui, l’impact positif du travail de rue n’est plus à prouver, malgré la pandémie.

Une personne qui n’est plus dans la rue ou qui a arrêté de consommer, ça ne paraît pas. Quelqu’un qui n’est pas passé à l’acte dans un geste suicidaire, ce n’est pas une statistique. Ce sont des résultats qui sont qualitatifs et non quantitatifs.

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