Ottawa va serrer la vis aux voyageurs
Le premier ministre Justin Trudeau dit avoir discuté d'une « gamme d'options » jeudi avec les premiers ministres des provinces.
« On est prêts à prendre des mesures encore plus strictes s’il le faut », a prévenu Justin Trudeau à l'intention des voyageurs.
Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Ottawa va bel et bien serrer la vis aux voyageurs qui entrent au Canada, a confirmé vendredi le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc. Une annonce à ce sujet est imminente.
Il n’y a pas de doute qu’on va renforcer, et de beaucoup, les mesures de quarantaine et la question par exemple des tests de dépistage à l’arrivée
, a-t-il déclaré vendredi en entrevue à l’émission Tout un matin.
On peut centraliser l'endroit où les avions arrivent, éviter que les charters arrivent à Québec ou à Halifax
, a-t-il ajouté.
Selon M. LeBlanc, la question a été abordée jeudi soir lors de la conférence téléphonique hebdomadaire des premiers ministres fédéral et provinciaux et lors d’une réunion du comité du Cabinet chargé de la réponse fédérale à la COVID-19, qu’il préside.
Je pense qu’on sera en mesure, au début de la semaine prochaine, d’arriver au Conseil des ministres avec des précisions
, a-t-il dit. On va avoir des mesures accrues, je pense, au début de la semaine prochaine au plus tard.
En conférence de presse, le premier ministre Justin Trudeau s'est contenté de dire que de nouvelles mesures visant à protéger les Canadiens – notamment des nouveaux variants du coronavirus – sont à l'étude, mais sans offrir plus de détails.
Il a tout juste concédé que la possibilité de forcer les voyageurs à passer leur quarantaine dans des hôtels spécialement désignés, à leurs frais, était l'une des possibilités
étudiées. On va en avoir plus à dire dans les jours à venir
, a-t-il rapidement ajouté.
« Comme je l’ai dit aux premiers ministres, on est prêts à prendre des mesures encore plus strictes s’il le faut. Ensemble, on a discuté de la gamme d’options sur la table présentement. Parce que quand il est question de sécurité, on n’exclut aucune possibilité. »
Les premiers ministres des provinces sont tous d'accord
sur cette question, a ajouté M. Trudeau, avant de réitérer que le gouvernement canadien recommande depuis déjà longtemps de ne pas faire de voyages non essentiels pendant que la pandémie sévit.
Ce n’est pas le temps de planifier des voyages à l’étranger, particulièrement des voyages non essentiels ou de vacances, parce qu’on pourrait effectivement amener de nouvelles mesures sans préavis qui pourraient rendre beaucoup plus difficile le retour vers le Canada
, a-t-il déclaré.
« On se doit de se resserrer et d’assurer la protection des Canadiens. D'ailleurs, on sait que ces mesures devraient ne pas être nécessaires pour plus que quelques mois encore. Avec les vaccins qui vont arriver au printemps, on va entrer dans une nouvelle phase de cette […] lutte contre le virus. »
M. Trudeau a aussi déconseillé aux Canadiens de voyager d'une province à l'autre, en vue notamment de la semaine de relâche scolaire.
Plus tôt en matinée, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a appuyé l'idée d'imposer aux voyageurs de retour au pays une quarantaine ferme
.
Il a convenu que ces derniers constituaient une menace
pour la sécurité des Canadiens, tout en rappelant que la maladie se propage principalement dans les milieux de travail à l'heure actuelle.
Une pression constante
Le gouvernement fédéral est sous pression depuis des semaines pour accroître les mesures encadrant le retour des voyageurs au pays.
Cette situation est alimentée par la crainte que des variants du coronavirus apparus au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud viennent empirer la situation déjà difficile dans plusieurs provinces.
Jeudi, le premier ministre du Québec, François Legault, a réitéré son souhait qu'Ottawa interdise les vols internationaux non essentiels. À défaut de le faire, il propose que le gouvernement Trudeau contraigne les voyageurs à effectuer une quarantaine de 14 jours dans des hôtels vacants, à leurs frais et sous supervision.
De telles mesures, en vigueur dans des pays comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande, n'empêchent pas les voyages à proprement parler, mais elles gonflent considérablement la facture de ceux qui choisissent d'en faire.
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a aussi fustigé le gouvernement fédéral pour ne pas avoir agi assez vite dans la mise en place des tests de dépistage rapide de la COVID-19 dans les aéroports internationaux du pays.
Pendant la période des Fêtes, Ottawa a décidé de répondre à la colère suscitée par les voyages d'agrément en imposant aux voyageurs qu'ils présentent une preuve de test négatif à la COVID-19 avant leur embarquement.
Mardi, le premier ministre Trudeau s'est contenté de prévenir que son gouvernement « pourrait imposer de nouvelles mesures sans préavis », mais sans donner plus de détails.
Il a plaidé qu'Ottawa ne peut interdire aux Canadiens de voyager en vertu de la Constitution. Ce droit n'est cependant pas absolu, et des restrictions peuvent être adoptées à certaines conditions.
Le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, a indiqué jeudi que sa province était prête à soutenir des mesures supplémentaires qu'adopterait Ottawa.
À l'heure actuelle, les voyageurs qui arrivent au Canada doivent obligatoirement se placer en quarantaine pour 14 jours, sous peine de recevoir des amendes. Seuls ceux qui ne s'y conforment pas peuvent être dirigés vers des hôtels situés près des aéroports.
Ottawa plaide sans relâche qu'il s'agit d'une des mesures les plus contraignantes du monde, mais l'efficacité des vérifications faites par les autorités soulève des doutes, y compris de la part de voyageurs.
Selon le gouvernement, des agents de l'Agence des services frontaliers font des milliers d'appels chaque jour, et des appels automatisés sont aussi effectués.
Toute personne qui ne peut être jointe ou qui est suspectée de ne pas s'isoler voit son cas être dirigé vers les corps policiers responsables pour de plus amples vérifications, et les contrevenants s'exposent à des amendes.
Selon Ottawa, 1,4 % des cas de COVID-19 au Canada ont été recensés chez des voyageurs arrivant au pays. Ces données portent sur un peu plus de 450 000 cas dont l'historique d'exposition a été identifié.