La police russe arrête des alliés de Navalny avant un week-end de manifestations
Les réseaux sociaux sont également sommés de supprimer certaines « informations interdites ».

De nombreux partisans d'Alexeï Navalny avaient déjà été arrêtés il y a quelques jours, lorsque le célèbre opposant du président Vladimir Poutine est rentré au pays.
Photo : Associated Press / Dmitri Lovetsky
Les autorités russes ont interpellé jeudi cinq collaborateurs de l'opposant emprisonné Alexeï Navalny, tout en tentant de juguler des appels à manifester alimentés par le record d'audience d'une enquête accusant Vladimir Poutine de corruption.
L'équipe d'Alexeï Navalny a appelé ses partisans à descendre dans la rue
samedi dans 65 villes de Russie pour exiger la libération de leur chef, détenu depuis son retour dimanche dans son pays après des mois de convalescence en Allemagne pour un empoisonnement présumé.
Dans la foulée de mises en garde officielles diffusées ces derniers jours pour décourager la contestation, la police russe a arrêté jeudi Lioubov Sobol, une figure montante de l'opposition et proche de M. Navalny.
Elle a été interpellée pour avoir appelé à des manifestations non autorisées
, a dit à l'AFP son avocat, Vladimir Voronine.
La porte-parole de l'opposant, Kira Iarmych, a aussi été interpellée jeudi soir, après une perquisition à son domicile moscovite, a-t-elle indiqué sur Twitter.
Un autre collaborateur important de M. Navalny, Georgi Albourov, a également annoncé sur Twitter avoir été arrêté, pour sa part dans une gare de la capitale russe.
De nationalité bélarusse, Vladlen Los, un avocat de l'organisation anticorruption de l'opposant, a lui indiqué avoir été arrêté et avoir reçu l'obligation de quitter la Russie.
L'équipe de Navalny à Krasnodar, dans le Sud-Ouest, a par ailleurs indiqué que sa responsable, Anastassia Pantchenko, avait aussi été interpellée.
Les réseaux sociaux menacés
Face à la mobilisation prévue pour samedi, le parquet a annoncé des mesures en vue de limiter l'accès aux informations illégales
diffusées en ligne et constituant des appels à participer à des actions illégales de masse
.
Pour sa part, le ministère de l'Intérieur a dit être prêt à protéger l'ordre public
et a promis de poursuivre les auteurs d'appels à manifester sur Internet.
La veille, le gendarme russe des télécommunications Roskomnadzor a adressé un avertissement aux plateformes Tik Tok et Vkontakte, l'équivalent russe de Facebook, leur intimant l'ordre de bloquer les contenus considérés comme des appels à des mineurs à participer à des activités illégales
.
Jeudi, Roskomnadzor a en outre menacé d'amendes allant jusqu'à 4 millions de roubles (68 500 $ CA) les plateformes Internet qui ne supprimeront pas les informations interdites
.
Une enquête-choc
Après son arrestation dimanche, Alexeï Navalny a riposté mardi en diffusant une enquête sur l'immense et fastueuse propriété dont bénéficie selon lui le président Vladimir Poutine, sur les rives de la mer Noire, et dont la construction aurait coûté plus de 1 milliard d'euros.
Jeudi soir, cette longue investigation accompagnée d'une vidéo de près de deux heures avait déjà été vue plus de 47 millions de fois sur YouTube.
Le Kremlin a rejeté l'ensemble de ces allégations, dénonçant une attaque
contre M. Poutine et qualifiant d'escrocs
les membres de l'équipe de M. Navalny.
Cette vidéo a alimenté des milliers de publications sur les réseaux sociaux relayant l'appel à manifester pour la libération de l'opposant.
La jeunesse est particulièrement mobilisée sur Tik Tok, tandis que plusieurs personnalités, dont des acteurs, des musiciens et des athlètes, ont annoncé leur soutien à Alexeï Navalny.
L'ancien capitaine de la sélection russe de soccer, Igor Denissov, habituellement peu intéressé par la politique, juge ainsi que l'opposant, pour lequel il a un grand respect
, doit être libéré
.
Le très populaire youtubeur russe Iouri Doud a dénoncé une situation scandaleuse
dans une publication affichant plus de 835 000 j'aime
sur Instagram.
L'équipe de M. Navalny a en outre affirmé jeudi à l'AFP
avoir reçu près de 10 millions de roubles (171 000 $ CA) de dons.Un ennemi du régime
Alexeï Navalny, dont la libération est exigée par l'Union européenne et les États-Unis, a été arrêté à son retour de plusieurs mois de convalescence après un empoisonnement présumé dont il a été victime en août en Sibérie.
Il accuse le Kremlin d'en être responsable, ce que Moscou dément, ne voyant aucune preuve et dénonçant un complot impliquant l'Occident.
L'opposant, placé en détention au moins jusqu'au 15 février, est visé par plusieurs affaires pour diffamation
, fraudes
ou encore pour violation des conditions d'une peine de prison avec sursis datant de 2014.
L'intéressé considère que ces accusations relèvent d'un acharnement judiciaire et ont un caractère politique.