Keystone XL : Ottawa est déçu, mais prêt à se « tourner vers le futur »

Le pipeline Keystone XL de TC Énergie
Photo : Associated Press
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le nouveau président américain, Joe Biden, a signé le décret présidentiel invalidant le permis de construction de l’oléoduc Keystone XL dès son arrivée à la Maison-Blanche, mercredi; un coup dur pour le Canada, qui a longtemps milité auprès de son voisin pour le convaincre d’accepter le projet. Pourtant, Ottawa semble maintenant prêt à tourner la page.
Je crois que c’est une décision prise, et maintenant, il faut que nous nous tournions vers le futur
, lance sans détour l’ambassadrice canadienne aux États-Unis, Kirsten Hillman, en entrevue avec Gérald Fillion à l'émission Zone économie, diffusée sur ICI RDI. C’est une décision claire qui a été prise.
Elle laisse ainsi entendre que le Canada lâche finalement prise et qu’il ne luttera pas davantage pour que le projet aille de l’avant, ce que semble d’ailleurs confirmer le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau.
On reconnaît très clairement que le président Biden avait fait une promesse électorale et on comprend ça. On respecte ça
, a-t-il déclaré en entrevue à l’émission En direct avec Patrice Roy.

Marc Garneau, ministre des Affaires étrangères.
Photo : Radio-Canada / Charles Contant
La pilule est toutefois plus difficile à avaler pour l’Alberta, qui verra plusieurs citoyens perdre leur emploi prochainement.
L’entreprise TC Énergie a d’ailleurs déjà interrompu les travaux de construction de l’oléoduc Keystone XL, quelques heures avant que le nouveau président américain, Joe Biden, révoque le permis présidentiel de l'entreprise, mercredi.
On va être là pour les citoyens de l’Alberta, parce que c’est quelque chose [dans lequel ils] avaient mis beaucoup d’investissements […], alors on sera là pour eux
, souligne Marc Garneau.
Un mauvais départ?
Le gouvernement Trudeau ne cache pas sa contrariété face à la décision de Joe Biden.
C’est certain que nous sommes déçus, admet Kirsten Hillman. Ça fait des mois que moi et mon équipe ici, à Washington, avec mes collègues à Ottawa, avec le gouvernement de l’Alberta, avec l’industrie, avec la compagnie TC Énergie, nous faisons valoir notre point de vue sur ce projet, c’est-à-dire que c’est un projet qui a des bénéfices et des avantages pour les Américains.

Kirsten Hillman est ambassadrice du Canada à Washington depuis mars 2020.
Photo : Radio-Canada
Nous saluons l'engagement du président à lutter contre les changements climatiques, mais nous sommes déçus par sa décision à l’égard du projet Keystone XL.
Qu’à cela ne tienne : le gouvernement de Justin Trudeau n’entend pas laisser ce refus entacher ses relations avec la nouvelle administration américaine. Il assure en fait qu'il a plus de points en commun avec celle-ci que de différends, par exemple la lutte contre la COVID-19, les changements climatiques et le multilatéralisme, souligne Marc Garneau.
Jen Psaki, nouvelle porte-parole de la Maison-Blanche, a d’ailleurs annoncé mercredi soir que le premier appel du président Biden avec un chef de gouvernement étranger se tiendra vendredi avec Justin Trudeau.
L’opposition mitigée
Annamie Paul, cheffe du Parti vert du Canada, a félicité la décision américaine sur Twitter : Le décret présidentiel d’aujourd’hui invalidant Keystone XL est une preuve puissante que Joe Biden planifie être un leader en matière de climat. J’en ai assez de voir le Canada prendre du retard dans la course mondiale vers une économie plus verte, tandis que d’autres pays, comme les États-Unis, vont de l’avant.
Erin O’Toole, chef du Parti conservateur, a quant à lui qualifié l’annulation du prolongement de l’oléoduc de dévastatrice
dans une déclaration écrite.
Justin Trudeau aurait dû faire plus pour défendre notre secteur énergétique [...] et les hommes et les femmes qui en dépendent pour subvenir aux besoins de leur famille
, a-t-il ajouté.