Main-d’œuvre indépendante aux Îles : des coûts multipliés par 20 en 3 ans

Le coût de la main-d'œuvre indépendante était de 107 000 $ en 2017-2018 comparativement au budget projeté de 2,2 millions $ en 2020-2021 (archives).
Photo : Radio-Canada / Lisa-Marie Bélanger
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Îles prévoit dépenser 2,2 millions de dollars durant l'exercice financier en cours pour embaucher des employés issus d’agences indépendantes.
Ce montant est 20 fois supérieur à la somme de 107 000 $ dépensée en 2017-2018 pour recourir à la main-d’œuvre indépendante.
La hausse fulgurante du nombre d’heures travaillées par des employés externes, déjà remarquable en 2019-2020, continue de s’accentuer.
Coûts liés à l’embauche de main-d’œuvre indépendante au CISSS
des Îles2020-2021 : 2,2 M$ (coûts projetés d’ici le 31 mars)
2019-2020 : 1,3 M$
2018-2019 : 476 000 $
2017-2018 : 107 000 $
Source : CISSS
des ÎlesLe CISSS
des Îles explique la situation par de multiples facteurs : la pénurie de main-d’œuvre à l’échelle provinciale, le départ à la retraite de nombreuses infirmières remplacées par des femmes en âge de fonder des familles et la création de plus de 60 nouveaux postes au cours des dernières années, dans un contexte où les ressources humaines pour les pourvoir de façon permanente sont difficiles à trouver.L’explosion des coûts liés à l’embauche de main-d’œuvre indépendante n’est pas étrangère au fait que l’établissement ait adopté un budget déficitaire pour l’exercice financier en cours.
Aux Îles-de-la-Madeleine, les coûts de main-d’œuvre indépendante incluent aussi des frais de transport et d’hébergement
, précise la présidente-directrice générale du CISSS des Îles, Jasmine Martineau. C’est certain que ça coûte plus cher d'embaucher des ressources externes ici qu’à Montréal.
Pas de plan de redressement budgétaire
Le CISSS
des Îles ne sera finalement pas soumis à un plan de redressement budgétaire, bien que la dernière mise à jour indique un déficit projeté de 1,9 million de dollars d’ici le 31 mars.Jasmine Martineau rapporte avoir reçu une lettre la semaine dernière de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux qui confirmait qu’il n'allait pas imposer des compressions budgétaires dans le but d'équilibrer les finances du CISSS
des Îles.Le déficit projeté est tout de même en décroissance depuis l’adoption du budget: il est passé de 2,7 à 1,9 million de dollars entre septembre et décembre.
Cette légère embellie s’explique, entre autres, par la confirmation de financement ministériel pour de nouvelles ressources embauchées au CHSLD
Eudore-LaBrie et une majoration de 500 000 $ des remboursements liés à l’achat de médicaments.La PDG
du CISSS des Îles estime que des confirmations de financement de la part du gouvernement sont toujours attendues.J'[ai encore confiance] que d’autres sources de financements devraient nous être confirmées d’ici la fin mars assurément
, soutient Jasmine Martineau.
Est-ce qu’on va arriver à l’équilibre? Je ne le sais pas, mais on peut sûrement diminuer encore un peu le déficit.
À la suite de la publication de ce texte, le ministère de la Santé et des Services sociaux a précisé par courriel que les demandes de financement du CISSSla décision de demander ou non un plan d'équilibre budgétaire sera prise à la suite de l'analyse des données prévisionnelles attendues le 28 janvier
.
PCI
: une équipe plus complèteAlors que trois des quatre postes en prévention et contrôle des infections (PCI) étaient à pourvoir en novembre, seul le poste de coordination de l’équipe de PCI est désormais vacant.
Le CISSS
des Îles indique avoir embauché deux infirmières cliniciennes à la fin de l’automne, dont une de façon temporaire.De plus, une ressource extérieure vient prête main-forte depuis le début du mois d’octobre pour soutenir l’équipe de PCI
, mais cet employé n’est pas toujours aux Îles-de-la-Madeleine.Lors de la séance du conseil d’administration du CISSSl’instabilité
et les défis
liés au manque d’effectif en PCI .
On a des gens qui doivent s’adapter à chaque fois et qui ne sont pas nécessairement formés
, remarque Dre Papillon.
On n’a pas pu réaliser tous les audits qu’on aurait souhaité faire. Ça nécessite du temps et de l’expertise qu’on n’avait pas.
Même si elle salue les embauches récentes, Dre Papillon souligne que la partie n’est pas gagnée d’avance.
Le défi demeure, à long terme. On a du personnel qui est réaffecté parfois temporairement. C’est un enjeu qu’on doit garder à l’œil
, souligne-t-elle.