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Un itinérant de Montréal est mort après avoir passé la nuit devant un refuge fermé

L'homme est décédé après des heures dans une toilette mobile installée à deux pas du refuge La Porte Ouverte.

Une ambulance et des policiers près d'une toilette mobile dans une rue enneigée.

Le corps de la victime a été retrouvé dimanche matin, peu avant 8 h.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Wagner

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le Bureau du coroner enquête sur la mort d'un itinérant autochtone survenue dans la nuit de samedi à dimanche au coin de la rue Milton et de l'avenue du Parc, au centre-ville de Montréal, après qu'il eut passé la nuit dehors, dans le froid, à 25 mètres d'un refuge qu'il avait l'habitude de fréquenter.

Le corps de Raphaël André a été retrouvé dimanche matin, peu avant 8 h. Le décès de l'homme de 51 ans a été constaté sur place. La police a écarté la piste criminelle.

La victime était un habitué du refuge La Porte Ouverte, normalement ouvert 24 heures sur 24. Cependant, à la suite de problèmes de plomberie et d'une importante éclosion de COVID-19, l'endroit a fermé ses portes jusqu'au 11 janvier, puis a rouvert avec l'obligation de fermer le soir.

À 21 h 30, après la distribution d'une collation, les itinérants doivent quitter les lieux. C'est vers cette heure que Raphaël André s'est retrouvé dehors, indique le refuge.

« Si on avait été ouverts, on aurait pu assister cette personne. Peut-être que cette personne-là serait venue au lieu d’être cachée dans une toilette chimique. »

— Une citation de  Mélodie Racine, directrice générale de La Porte Ouverte

Le refuge et les autorités se renvoient la balle

L'organisme affirme que c'est la santé publique qui l'a forcé à fermer la nuit, mais la Direction régionale de la santé publique (DRSP) répond que c'était plutôt une recommandation.

Une recommandation de suspension temporaire de la halte-chaleur avait été émise le 2 janvier et entérinée par le Conseil d’administration de La Porte Ouverte, afin de gérer l’éclosion, explique Eric Forest, porte-parole de la DRSP.

L’organisme est autonome quant à ses heures d’ouverture pour ses activités de centre de jour, ajoute-t-il. Mais la directrice du refuge affirme avoir craint de perdre son financement si elle ne respectait pas l'avis de la santé publique.

Le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal qui a accompagné l'organisme durant sa fermeture complète explique avoir soumis au refuge 13 recommandations pour prévenir de futures éclosions et bien protéger la clientèle ainsi que le personnel.

« Le CIUSSS est toujours en attente de l’implantation de ces mesures », écrit le porte-parole Carl Thériault dans un courriel.

La directrice de La Porte Ouverte affirme n'avoir jamais reçu la liste des 13 recommandations. « Si quelqu'un m'avait dit que je pouvais rouvrir [la nuit], je l'aurais fait », ajoute Mélodie Racine.

Réouverture la nuit à l'étude

La santé publique se dit en faveur d'une possible réouverture de la halte-chaleur de l'organisme si cette dernière respecte les directives sanitaires.

Cette recommandation est présentement en cours d’évaluation par le réseau de la santé montréalais, indique la santé publique.

Le milieu de l’itinérance a dû composer avec des éclosions importantes de COVID-19 ces dernières semaines. Des chambres d'hôtel ont notamment été offertes aux personnes dans le besoin.

« Des travaux sont en cours avec les partenaires communautaires pour trouver des solutions plus adaptées à cette clientèle qui ne souhaite pas [utiliser] les services présentement offerts. »

— Une citation de  Eric Forest, porte-parole de la Direction régionale de la santé publique de Montréal

Le décès de cet itinérant attriste la directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Nakuset, qui réclame l'intervention de l'armée pour offrir plus de places en refuge et aider les employés des refuges, qui sont brûlés.

« Combien d'Autochtones doivent mourir avant que les gens ne fassent quelque chose? C'est comme si on comptait pour rien. »

— Une citation de  Nakuset, directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal

De son côté, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a réclamé des mesures structurantes pour que la lutte [contre] l’itinérance, les droits et la dignité des personnes en situation d’itinérance soient de réelles priorités.

« À court terme, il faut une exemption du couvre-feu pour les personnes vivant en situation d’itinérance, partout au Québec. »

— Une citation de  Extrait du communiqué du FRAPRU

La mairesse de Montréal « terriblement attristée »

Chaque décès dans ces circonstances est un décès de trop, affirme Valérie Plante, se disant terriblement attristée.

Concernant la halte-chaleur de l'organisme, elle indique que la Ville communique avec ses partenaires depuis plusieurs jours afin de permettre la réouverture [...] pour assurer un lieu sécuritaire aux personnes en situation d'itinérance.

« Cet événement tragique réaffirme l'urgence de mettre à la disposition des personnes vulnérables des ressources adaptées aux différents besoins qui ont été exacerbés par la crise sanitaire. »

— Une citation de  Valérie Plante, mairesse de Montréal

Avec la collaboration de Yessica Chavez et Marie-Laure Josselin

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