Les applications contre le gaspillage alimentaire gagnent en popularité

Les applications destinées à réduire le gaspillage de nourriture permettent aussi de s'alimenter à moindre coût.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
De nombreux Canadiens se sont tournés vers des applications mobiles durant la pandémie pour économiser à l’épicerie.
Les applications Flashfood et FoodHero, conçues pour contrer le gaspillage alimentaire dans les supermarchés, permettent aux utilisateurs d’acheter des aliments sur le point d'atteindre leur date de péremption à une fraction du prix.
Aurélie Corroy utilise l’application Flashfood depuis six mois pour nourrir sa famille, après une chute importante de ses revenus. La Montréalaise travaille à son compte pour la gestion et l’entretien ménager de logements sur la plateforme de locations à court terme Airbnb.
Dès qu'il y a eu la pandémie et la fermeture des frontières, plus d'Airbnb. Au lieu d'y aller deux ou trois fois par semaine faire de l'entretien dans les appartements, ça passait à une fois par mois
, affirme-t-elle.
« Avec deux enfants, il faut trouver des astuces un peu à droite et à gauche pour faire des petites économies. La nourriture, l'augmentation du panier mensuel, ça a beaucoup joué. »
Astrid Moulin se sert, pour sa part, de l’application FeedBack, qui vend au rabais des repas de restaurants torontois qui seraient autrement destinés à la poubelle.
La blogueuse et spécialiste en marketing a aussi choisi de resserrer ses dépenses en nourriture au cours de la dernière année, étant donné l’incertitude engendrée par la crise sanitaire et le coût de la vie qui reste élevé dans la Ville Reine.
Moi au début, si je me suis tournée vers FeedBack, c'était pour éviter le gaspillage alimentaire et parce qu'ils redonnaient à la communauté, mais aujourd'hui, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui le font par nécessité financière
, affirme-t-elle.
Selon elle, ces applications ont un peu changé de vocation. Je pense qu'elles ont répondu à un besoin au bon moment
, dit-elle.
Plus d’utilisateurs, plus de commandes
Flashfood a constaté une forte hausse du nombre d'abonnés depuis le début de la pandémie, dépassant trois millions de téléchargements au Canada seulement.
L’entreprise torontoise est présente à l’échelle du pays dans la chaîne de supermarchés Loblaws et ses filiales — y compris Maxi, Provigo, No Frills et Real Canadian Superstore — ainsi qu’aux États-Unis.
C’est une situation difficile pour bien des gens. Entre les pertes d’emploi et les pertes de revenus, ils tentent d’économiser là où ils peuvent
, affirme le fondateur et PDG de Flashfood, Josh Domingues.
« Quand vient le temps de couper dans le gras, la nourriture passe généralement en premier. »
Les supermarchés avaient de la difficulté à planifier leurs stocks, surtout dans les premiers mois de la crise sanitaire, souligne M. Domingues. Flashfood leur a ainsi permis d’encaisser des revenus en vendant des aliments en fin de vie à des prix très réduits, plutôt que de simplement jeter ces produits.
Après la déclaration de l’état d’urgence au Québec en mars, FoodHero a connu une chute initiale suivie d’une remontée spectaculaire.
L’application, présente au Québec et au Nouveau-Brunswick, a franchi le cap des 500 000 téléchargements, soit une hausse de 25 % du nombre d’utilisateurs depuis mai. Les ventes, elles, ont bondi de 36 % au cours de cette même période, selon l’entreprise.
Je ne voudrais pas minimiser le facteur écologique, mais il faut être honnête, depuis la pandémie, je crois que ce sont surtout les rabais importants que les applications comme FoodHero offrent qui ont vraiment stimulé l'utilisation et la croissance
, souligne le fondateur de l’entreprise, Jonathan Defoy.
Affiliée à Sobeys et Metro, l’entreprise montréalaise compte maintenant percer en Ontario, en offrant son service dans 1000 à 1500 nouveaux magasins d’ici la fin de l’année.
La facture d'épicerie, c'est la chose qui a toujours continué d'augmenter bien au-delà de l'inflation
, ajoute-t-il.
L’insécurité alimentaire s’est amplifiée depuis le début de la pandémie, ce qui s'est aussi répercuté sur la demande dans les banques alimentaires et les soupes populaires, souligne M. Defoy.
Le panier d’épicerie, toujours plus cher
Selon une étude publiée le mois dernier, une famille canadienne pourrait dépenser en moyenne 695 $ de plus en nourriture cette année qu’en 2020.
Les viandes et les légumes frais sont les deux grandes catégories qui poussent les prix à la hausse, avec une augmentation pouvant atteindre 6,5 %, selon l’étude.
L’auteur de l’étude, Sylvain Charlebois, estime par ailleurs que travailler à domicile pousse de nombreux Canadiens à mieux planifier leurs achats de nourriture et à chercher davantage d’économies, peu importe leur situation financière.
Le télétravail permet aux gens de rester plus à la maison et de penser à leur stratégie alimentaire
, souligne le directeur du Laboratoire de sciences analytiques agroalimentaires de l’Université Dalhousie, à Halifax.
On jardine plus, on cuisine plus et on évalue de plus en plus nos options au détail et en ligne
, dit-il.
Selon lui, les applications comme Flashfood et FoodHero bénéficient d’un marché captif actuellement, particulièrement puisque plusieurs provinces imposent des restrictions de plus en plus strictes pour freiner la propagation du coronavirus.