Décès en CHSLD : des audiences publiques dès le 8 février
Les circonstances des décès survenus dans sept CHSLD et résidences pour aînés seront éclaircies.

Le CHSLD des Moulins, un établissement privé de Terrebonne.
Photo : Radio-Canada / Marie-Michèle Lauzon
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L’enquête publique du Bureau du coroner sur les décès survenus au cours de la pandémie dans les CHSLD et les résidences privées pour aînés débutera ses audiences à Montréal dans un mois.
Des dizaines de familles ont été informées récemment de la tenue de ces séances publiques. Selon les documents consultés par Radio-Canada, au moins 15 jours d’audience sont prévus dès le 8 février au palais de justice de Montréal.
Paul G. Brunet, du Conseil pour la protection des malades, a déposé une demande pour y assister et interroger les témoins qui défileront. Il souhaite qu’on puisse y éclaircir les circonstances exactes des décès survenus lors de la première vague.
La COVID avait le dos large… On s'est aperçu par la délation de certains médecins que des gens ne sont pas décédés des suites de la COVID, mais de déshydratation, de malnutrition, d’abandon, déplore M. Brunet. Alors, de quoi sont vraiment mortes les milliers de personnes en CHSLD et en résidence privée?
M. Brunet souhaite entendre les ministres de la Santé qui se sont succédé, le premier ministre et le Dr Arruda [directeur national de santé publique], évidemment
.

L'avocat Patrick Martin-Ménard, du cabinet Ménard Martin Avocats
Photo : Radio-Canada
L’avocat Patrick Martin-Ménard souhaite également obtenir le statut de « personne intéressée » lors des audiences. Et que la lumière soit faite sur le niveau de préparation du réseau.
Le Bureau du coroner a décidé de faire une enquête publique, et je pense que ça va aider à comprendre pourquoi il y a eu autant de décès. On veut savoir quels étaient le niveau de préparation du réseau de la santé québécois et l’attention qui a été accordée aux CHSLD, aux RPA [résidences pour aînés], aux usagers vulnérables.
Les gens qui souhaitent obtenir le statut de personne intéressée ont jusqu’au 15 janvier pour en faire la demande.
Le CHSLD privé des Moulins s’ajoute à la liste des enquêtes
Lorsque la coroner en chef du Québec Pascale Descary a ordonné en juin la tenue d’une enquête publique sur les décès survenus dans les milieux d’hébergement pour aînés, il était prévu que d'autres établissements que le CHSLD Herron, à Dorval, fassent également l'objet d'une enquête.
Or le CHSLD privé non conventionné des Moulins, à Terrebonne, s’est ajouté récemment à la liste de la coroner.
Le directeur général du Groupe Santé Arbec, Benoit Valiquette, explique que la COVID-19 a frappé 52 des 108 résidents de l'établissement. En tout, 22 décès ont été recensés.
Il y a aussi eu une famille qui est allée jusqu’à [la ministre des Aînés et des Proches aidants] Marguerite Blais pour se plaindre et nous envoyer une mise en demeure, alors je ne sais pas si cela a pu influencer [la décision] d’intégrer le CHSLD des Moulins [à l'enquête]
, dit-il.

Le directeur général du Groupe Santé Arbec, Benoit Valiquette
Photo : Radio-Canada
S’il a l’occasion de témoigner lors des audiences, M. Valiquette soulignera que le ministère a très bien réagi avec la formation de 7000 préposés [...], mais même dans la deuxième vague, les CHSLD privés non conventionnés sont toujours exclus de l’accès à ces préposés
.
Nous, on doit continuer à avoir recours à de la main-d'œuvre indépendante à temps double
, ajoute-t-il. Je crois qu’il faut faire ressortir qu’il y a clairement une inégalité entre le réseau public et le réseau privé.
Pourtant, la clientèle est la même, indique M. Valiquette.
Parmi les autres milieux d’hébergement qui seront scrutés lors des audiences publiques figurent notamment le CHSLD Sainte-Dorothée, à Laval, la résidence Liverpool, dans la région de Québec, et le Centre d'hébergement Yvon-Brunet, à Montréal.
Un monument à la mémoire des 5800 décès
En marge des différentes enquêtes qui se penchent présentement sur les décès dans les milieux d’hébergement (coroner, Protecteur du citoyen, commissaire à la santé), Paul G. Brunet propose une façon d’immortaliser les 5800 décès liés à la COVID-19 lors de la première vague.
On a demandé qu’un monument soit érigé sur le parvis de l’Assemblée nationale à la mémoire des personnes qui sont mortes de la COVID
, dit-il.
Pour que tout le monde se rappelle ce qui s'est passé, et qu'aucun politicien ne puisse oublier.