Retour au calme à Washington après le chaos au Capitole

Les forces de l'ordre protégeant les alentours du Capitole, à Washington.
Photo : afp via getty images / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS
Après l'irruption de certains de ses partisans dans le Capitole de Washington, le président Donald Trump les a appelés à retourner « chez eux », dénonçant d'emblée le « vol » de l'élection, remportée de façon légitime par son rival démocrate Joe Biden.
Le refus de Donald Trump de reconnaître sa défaite s'est violemment répercuté dans les rues de Washington et les couloirs du Capitole, deux semaines avant la fin de son mandat.
Pendant la campagne électorale, le locataire de la Maison-Blanche avait, à plusieurs reprises, refusé de s'engager à respecter une transition pacifique du pouvoir.
Ses partisans, qui ont convergé par milliers à Washington à sa demande, ont visiblement entendu son message, et ils l'ont montré de façon évidente en réussissant à pénétrer dans le Capitole, interrompant la séance qui visait à confirmer la victoire de Joe Biden au Collège électoral.
Dans une courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le président sortant s'est adressé à ses partisans, lançant un appel au calme, mais jetant du même souffle de l'huile sur le feu.
Leur disant qu'il comprenait leur douleur
, il a réitéré son mantra d'une victoire convaincante
et d'une élection frauduleuse
, en dépit de l'absence de preuves crédibles en ce sens.
Nous ne pouvons pas faire le jeu de ces personnes
, a déclaré le président sortant, qualifiant ses adversaires de mauvais
et de méchants
tout en appelant au respect des forces de l'ordre.
« Nous devons avoir de la paix. Alors, rentrez chez vous; nous vous aimons, vous êtes très spéciaux. »

Des partisans de Donald Trump ont fait intrusion dans le Capitole au moment où le Congrès débattait de la certification de la victoire de Joe Biden.
Photo : afp via getty images / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS
Twitter a rapidement assorti son tweet de la mention habituelle rappelant que ces allégations de fraude sont contestées, mais a aussi ajouté que le message ne pouvait pas être retweeté ou aimé en raison du risque de violence qu'il engendrait.
Auparavant, le président avait appelé ses partisans à éviter toute violence. Soutenez la police du Capitole et les forces de l'ordre. Ils sont du côté de notre pays. Restez pacifiques!
avait-il tweeté.
Le président désigné Joe Biden a de son côté demandé au président sortant dans une allocution télévisée prononcée depuis son fief de Wilmington, au Delaware, de s'adresser publiquement aux Américains pour défendre la Constitution et réclamer la fin de ce siège
.
« Notre démocratie est soumise à une attaque sans précédent. Ce n'est pas une manifestation, c'est une insurrection. »
Affrontements avec les policiers, coups de feu, vitres brisées, élus évacués : l'irruption des pro-Trump au Congrès a donné lieu à des scènes chaotiques.
Des militaires de la Garde nationale ont été envoyés à Washington pour rétablir le calme après plusieurs heures d'extrême tension. Un couvre-feu est entré en vigueur à partir de 18 h dans la ville, où l'état d'urgence sera prolongé durant deux semaines.
Les États du Maryland et de la Virginie ont chacun envoyé 200 policiers en renfort pour appuyer les forces de l’ordre de Washington, à la demande de la mairesse Muriel Bowser.
Le secrétaire de la Défense des États-Unis par intérim, Christopher Miller, a précisé que la Garde nationale du District de Columbia avait été placée en état d’alerte et qu’elle était prête à fournir un soutien supplémentaire en cas de nécessité à la demande des autorités locales
.
Une situation qui a vite dégénéré
Selon les médias américains, quatre personnes sont mortes dans la foulée de l'assaut sur le Capitole par des partisans du président sortant Donald Trump.
Une femme, Ashlii Babbitt, a été abattue par la police du Capitole, a annoncé le chef de la police de Washington.
Une enquête interne a été ouverte sur cet événement tragique
, a précisé le chef Robert Contee.
Trois autres personnes – une femme et deux hommes – sont mortes aux alentours du Capitole d'urgence médicale distincte
, a déclaré M. Contee, sans donner plus de détails, ni dire s'il s'agissait de participants aux manifestations.
Un appel à l'arrêt immédiat de la violence
Devant le chaos ambiant, la Maison-Blanche a confirmé que des militaires de la Garde nationale ont été envoyés au Capitole pour y rétablir l'ordre.
Le vice-président Mike Pence, qui présidait la séance, a été évacué du Capitole pour être emmené en lieu sûr tenu secret. Il a appelé à l'arrêt immédiat
des violences.
« Nous assistons à une tentative de coup d'État encouragée par le criminel de la Maison-Blanche. C'est voué à l'échec. »
Un peu plus tôt, l'intrusion des manifestants a forcé l'évacuation de plusieurs bâtiments du Congrès.
La police a ordonné au personnel du Congrès d'évacuer le bâtiment Cannon ainsi que d'autres situés autour du Capitole, peu après la fin d'un discours de Donald Trump.
Nous ne concéderons jamais la victoire
, avait-il lancé à ses partisans, parmi lesquels se trouvaient plusieurs militants d’extrême droite.
Selon la US Capitol Historical Society, c'est la première fois que le Capitole a été envahi depuis que le bâtiment avait été incendié par les troupes britanniques en 1814.
Bien que le président sortant ait réussi à convaincre ses partisans qu’il avait remporté l’élection, le président élu Joe Biden a recueilli une majorité de 306 grands électeurs sur les 538 que compte le Collège électoral et s'est imposé à l'échelle nationale avec une avance de plusieurs millions de voix.