Des Québécois racontent leur expérience du couvre-feu en France

Des policiers français arrêtent une personne pour un contrôle sur le Trocadéro, près de la tour Eiffel, alors qu'ils imposent un couvre-feu, à Paris, le 15 décembre 2020.
Photo : Associated Press / Francois Mori
Installée en banlieue de Paris, la Québécoise Catherine Dumas raconte que le couvre-feu est de plus en plus pénible à vivre psychologiquement.
Contrairement au Québec, où le gouvernement Legault va imposer un couvre-feu à compter du 9 janvier, le couvre-feu est appliqué depuis la mi-octobre en France.
Dans la région où habite désormais la femme originaire de Lévis, les citoyens doivent demeurer à la maison entre 20 h et 6 h le lendemain matin.
Les sorties et déplacements sont interdits. Les contrevenants peuvent recevoir une amende qui va de 135 euros (l'équivalent de 200 $) à la première offense, à 3750 euros (5850 $) en cas de récidive.
C'est dodo, travail, dodo. Les Français finissent généralement de travailler entre 19 h et 20 h. Il n'y a pas d'autres moments dans la journée pour profiter, vu qu'on est confinés à la maison. Ça commence à être lourd. On a hâte que ça se termine
, affirme Catherine Dumas.
Des contrôles fréquents
Un peu partout en France, les contrôles policiers sont fréquents.
Il y a plus de policiers, de barrages sur les routes. Il faut une attestation de l'employeur dans laquelle il démontre que tu as vraiment besoin de sortir. Sinon, t'es contre la loi et tu paies une amende
, raconte Catherine Dumas.
Cette jeune femme qui fait de la production vidéo pour une jeune entreprise n’est pas convaincue que le couvre-feu est la meilleure solution pour ralentir la progression de la COVID-19.
Je suis dans une génération où la plupart de mes amis sont de jeunes adultes. Ils vont essayer de tout faire pour contourner les règles. Ce n'est pas rare de voir des stories sur Instagram de mes amis qui sont 20, 25 dans une maison. Le week-end après, c'est dans une autre maison dans les Alpes. Les gens tentent de trouver des moyens de faire la fête ou de voir des amis
, observe-t-elle.
Plus strict à Nice
Luc Saint-Yves habite quant à lui au centre-ville de Nice, où depuis une semaine le couvre-feu débute dès 18 h.
20 h, ça se vit assez bien, mais 18 h, je l'entends autour de moi. C'est plus difficile à vivre, ça décourage plus les gens. L'épicerie va fermer à 17 h 45 parce que les employés doivent avoir le temps de fermer le commerce et de rentrer chez eux
, raconte le chargé de projet qui est originaire de Drummondville.
M. Saint-Yves affirme que les citoyens respectent et comprennent l’importance du couvre-feu. Selon les autorités locales, cette mesure réduirait du tiers la propagation de la maladie.
Un urgentiste sceptique
Le président de l’Association des médecins urgentistes de France, le Dr Patrick Pelloux, n’est pas de cet avis.
On ne sait pas si ça limite ou pas la transmission du virus. La seule chose qu'on peut voir, c'est que ça limite des liens sociaux qui permettent à la population de se stabiliser. Une des conséquences, c'est qu'on a une augmentation vraiment très forte des suicides et des consultations en psychiatrie
, a-t-il affirmé au micro de l’émission Première heure.
Une version québécoise moins stricte?
Même si le gouvernement du Québec a opté pour l’imposition d’un couvre-feu, Luc Saint-Yves croit néanmoins que son application sera moins stricte qu'en France.
Si on compare par exemple avec le confinement, ce que vous appelez confinement est un confinement sans dérogation. Vous pouvez encore sortir. Ici, on ne pouvait pas sortir de la maison sans avoir une dérogation signée et horodatée. En temps de confinement complet, j'avais une heure pour aller faire l'épicerie
, mentionne-t-il.