Parents à bout, comment survivre à l’école à distance?

Parents et experts en éducation nous parlent de leur expérience.
Photo : Getty Images / Imgorthand
Avec le confinement, l’école à distance cause des maux de tête à de nombreux parents. Comment s’occuper de l’éducation de ses enfants et télétravailler tout en prenant soin de sa santé mentale? Parents et experts en éducation nous parlent de leur expérience.
Garder son rôle de parent
Les parents ne doivent pas oublier leur rôle. Ce ne sont ni des enseignants ni des gens formés en pédagogie, même s’ils font de l’éducation tous les jours avec leurs enfants. La première responsabilité est à l’école
, lance sans détour Éric Dionne, professeur agrégé à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa.
Selon lui, l'école à distance exerce beaucoup de pression sur les épaules des parents, qui se sentent parfois coupables de ne pas en faire assez.
Pour éviter cette situation, Éric Dionne suggère que les enseignants communiquent clairement avec les parents afin de définir leur rôle dans un contexte d’école en ligne
.
Malgré la formation provinciale obligatoire sur l’apprentissage à distance annoncée par le gouvernement en début d'année scolaire, les enseignants ne sont pas assez préparés
, déplore le professeur en éducation.
On ne sait pas quand cette situation particulière va se terminer définitivement, alors il y a de la place à l’amélioration
, poursuit-il, confiant.
Prendre soin de sa santé mentale
Dans les consignes de sécurité d’un avion, on nous dit de mettre notre masque avant de nous occuper des autres. Pour la santé mentale, c’est pareil : prenez d’abord soin de vous
, illustre Louis Kdouh, secrétaire du conseil d'administration de Parents partenaires en éducation (PPE).
Je garde le sourire, je respire, car si moi-même je ne suis pas calme, mes enfants ne le seront pas
, poursuit-il.
Touché mentalement par la pandémie, Louis Kdouh a repris des exercices de respiration et de méditation. Je me suis retrouvé et j’ai même vu un impact chez mes enfants
, confie Louis Kdouh.
« Nous sommes tous dans le même bain, avec une connexion Internet pas toujours à la hauteur ou les enfants qui viennent cogner à la porte. »
Selon le secrétaire du conseil d’administration de PPE
, il est également important que les enfants osent poser des questions en classe.Ma fille pleurait la dernière fois parce qu’elle ne comprenait pas son cours… Je lui ai rappelé qu’il était important qu’elle pose ses questions.
Sur son site Internet (Nouvelle fenêtre), PPE offre des ressources et des discussions entre parents.
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Demander de l’aide à votre école
Depuis les vacances des Fêtes, Natalie Tessier, directrice de l’école anglophone Our Lady of Fatima, à Chapleau, s’active à préparer ses élèves et ses enseignants à la transition virtuelle.
En tant que gestionnaire, Mme Tessier sait à quel point son soutien est essentiel aux familles.
Si les familles n’ont pas d’ordinateurs ou ont des problèmes de connexion, il faut communiquer avec l’école ou le conseil scolaire
, insiste la directrice, qui a d’ailleurs livré des ressources pédagogiques en papier à une famille qui n’avait pas d’accès Internet.
Nous suivons l’horaire habituel de l’école avec les temps de pause pour que les parents puissent s’organiser autour. Aussi, ça fait vraiment beaucoup de temps devant l’écran, alors n’oubliez pas de faire des récréations dehors!
s'exclame Mme Tessier.
Jouer dehors
Pour Jeremy Séguin, conseiller pédagogique au Conseil scolaire public du Grand Nord de l’Ontario, faire de l’activité physique au courant de la journée est important autant pour lui que pour ses enfants.
Netflix et PlayStation font partie du quotidien, surtout qu’on a reçu de beaux cadeaux à Noël! Mais pour le bien-être physique et émotif de l’enfant, c’est important de sortir dehors
, dit-il au bout du fil alors qu’il termine avec ses enfants une période de récréation
.
Il rappelle que les écoles prévoient généralement deux récréations de 15 minutes et une séance d’activité physique de 30 minutes chaque jour.
« Sortez de la maison. Pas nécessairement en allant à la patinoire, où il peut y avoir 15 autres enfants. Virez votre cour en gymnase! »
On est des partenaires lors de la pandémie. On est à la maison ensemble et pour qu’on puisse vivre en harmonie, il faut que les jeunes soient heureux, et une façon de le faire c’est en faisant des activités, des jeux que les enfants veulent faire
, dit-il.
Selon lui, il s’agit aussi d’un moment privilégié pour prendre une pause et partager du temps de qualité seul avec son enfant, ce qui n’était pas toujours possible avant la pandémie.
Prolonger les vacances pour les tout-petits
Travailler sur une tablette pendant plus de 20 à 30 minutes, ça ne marchait juste pas pour mon garçon
, affirme Vicki Rivard, mère de Félix, 5 ans, qui a tenté l’aventure de la maternelle en ligne en mars dernier.
« L’école en ligne, ça a été une expérience frustrante pour moi, mon garçon, mon conjoint… C’est juste difficile pour la famille entière. »
Cette fois-ci, la famille a préféré prolonger les congés pour leur bout de chou, comme l’école n’est obligatoire en Ontario qu’à partir de 6 ans.
Normalement, l'école en ligne dans le Nord ne devrait durer qu’une semaine. Mais si ça se prolonge, on réfléchit déjà à d’autres solutions
, ajoute Vicki Rivard, qui travaille à temps plein, tout comme son conjoint.
Selon les dernières directives du gouvernement provincial, les élèves des écoles élémentaires et secondaires du Nord pourront retourner en classe dès le 11 janvier.
En revanche, les établissements secondaires des régions du Sud devront poursuivre l’apprentissage en ligne jusqu’au 25 janvier.