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La COVID-19 se répand dans les refuges du Grand Montréal

Un itinérant dort dans l'une des chambres de l'ancien hôpital Royal Victoria.

Les lits offerts aux itinérants dans l'ancien hôpital Royal Victoria ont été divisés en trois zones (rouge, jaune et vert), en fonction des risques de contagion présentés par la clientèle.

Photo : Ivanoh Demers

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Les cas de COVID-19 se multiplient rapidement dans les centres d'hébergement pour itinérants de la grande région de Montréal, qui peinent à répondre aux besoins de cette clientèle dans le respect des règles sanitaires.

Déjà très sollicités par l'augmentation de l'itinérance ces derniers mois dans la région de Montréal, les refuges et centres d'hébergement pour sans-abri doivent composer depuis quelques semaines avec des éclosions de plus en plus importantes de COVID-19 dans leurs murs.

C'est notamment le cas au refuge aménagé dans les locaux de l'ancien hôpital Royal Victoria, à Montréal, où on recense actuellement plusieurs dizaines de cas confirmés de COVID-19.

Selon Émilie Fortier, directrice des services à la Mission Old Brewery, qui offre des services au refuge Royal Victoria, l'hébergement de personnes atteintes de la maladie a littéralement explosé ces dernières semaines dans l'établissement de l'avenue des Pins.

Un mendiant assis sur un trottoir.

L'itinérance a doublé à Montréal depuis le début de la pandémie et est passée de 3000 à 6000 itinérants.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

De 15 à 50 places en quelques semaines

De juillet jusqu'à novembre, le plus de personnes [atteintes de la COVID-19] qu'on avait eues en même temps, c'est sept ou huit, et ça, c'était un pic, explique Mme Fortier, dont l'organisme a hérité de la gestion des zones rouge et orange du « Royal Vic » en juillet dernier.

Par contre, depuis quelques semaines, ça augmente, constate Émilie Fortier. On est passé d'une quinzaine de places à une trentaine de places et à environ 50 places demain en vue de pouvoir répondre à la demande.

L'augmentation des cas de COVID-19 dans la clientèle du refuge est telle que la direction a dû déménager les résidents de la zone verte dans des hôtels pour étendre la zone rouge dans l'établissement qui accueille sans cesse plus de personnes porteuses de la maladie.

À compter de demain, le Royal Vic disposera de 50 places en zone rouge pour la clientèle qui a reçu un résultat positif de COVID-19. Une quinzaine de places sont aussi aménagées en zone orange pour les personnes en attente d'un résultat, auxquelles s'ajoute une quinzaine d'autres places en zone jaune pour ceux qui sont négatifs, mais qui ont côtoyé des personnes atteintes de la COVID-19.

Et ce n'est ici que la pointe de l'iceberg, selon Mme Fortier, qui explique que le taux de contagion est actuellement beaucoup plus élevé chez les itinérants qui vivent dans la rue.

« La semaine dernière, j'ai eu des milieux où on parlait de taux de positivité entre 70 % et 80 %, ce qui veut dire que, pour chaque 10 dépistages, il y en avait 7 à 8 qui étaient positifs; et là, c'est de s'organiser pour que toutes ces personnes-là soient prises en charge. »

— Une citation de  Émilie Fortier, directrice des services à la Mission Old Brewery

L'éclosion se passe présentement dans la rue et moins dans les centres d'hébergement. Et c'est souvent des personnes qui vivent avec des problématiques de dépendance, donc il a fallu aller chercher du soutien du côté du réseau de la santé pour augmenter nos capacités d'intervention.

Image d’un itinérant dans les rues de Montréal. 
Photo prise dans le centre-ville de Montréal, Québec, Canada.

Plusieurs intervenants notent une augmentation des problèmes d'agressivité, de dépendance ou de santé mentale dans la clientèle des refuges pour personnes sans abri.

Photo : Ivanoh Demers

La banlieue n'est pas épargnée

Or, il n'y a pas qu'à Montréal qu'on constate dernièrement une augmentation de l'itinérance et des cas de COVID-19 dans cette frange de la population à risque élevé de contagion.

Sur la Rive-Sud, où les besoins sont moindres qu'à Montréal, mais tout aussi présents, les ressources d'aide aux sans-abri dressent le même constat.

On regarde ce qui se passe à Montréal et c'est sûr que ça va arriver ici, parce que les gens se promènent, explique Lucie Latulippe, directrice générale de l'Abri de la Rive-Sud, un refuge de 35 places situé à Longueuil.

« On a eu notre première personne rouge [cas de COVID-19 confirmé] en fin de semaine, mais là, on voit qu'il y a des symptômes et qu'il y a de plus en plus de personnes dans notre zone [rouge] qui est presque complète. »

— Une citation de  Lucie Latulippe, directrice générale de l'Abri de la Rive-Sud

Selon la directrice générale de l'Abri, dont toutes les places d'hébergement sont occupées depuis des mois, les besoins ne font qu'augmenter.

Depuis le début [de la pandémie] on a constaté une augmentation du phénomène d'itinérance. On a aussi constaté que les personnes sont plus agressives, des problèmes de santé mentale plus importants, beaucoup de problèmes de consommation.

C'est comme si toutes les problématiques qui étaient existantes sont exacerbées. C'est très difficile pour le moral pour tout le monde, confie Mme Latulippe, dont l'organisme doit fonctionner en sous-effectifs depuis des mois maintenant, faute de personnel.

Elle explique qu'il est en effet très difficile de retenir le personnel de l'établissement qui doit travailler au quotidien avec une clientèle de plus en plus agressive et aux prises avec des problèmes de santé mentale et de dépendance, pour un salaire avoisinant les 15 $ de l'heure.

Avec les informations de Marie-Michelle Lauzon

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