Une année où les enjeux autochtones sont devenus les enjeux de tous

La mort de Joyce Echaquan a ébranlé le Québec (archives).
Photo : Radio-Canada / Djavan Habel-Thurton
L'année 2020 aura permis à l’ensemble des Québécois de prendre conscience d’enjeux autochtones. C'est le constat du chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec–Labrador (APNQL), Ghislain Picard, au terme d'une année mouvementée pour les Premières Nations.
Ghislain Picard fait référence à plusieurs événements et enjeux qui ont fait leur chemin jusqu'aux parlements.
C'est notamment le cas de la crise ferroviaire qui a secoué le pays au début de l'année. Aux quatre coins du Canada, des Autochtones ont bloqué des chemins de fer en appui aux chefs héréditaires Wet'suwet'en qui s'opposaient à la construction d'un gazoduc sur leur territoire traditionnel.
Des Micmacs de Listuguj ont manifesté sur les rails de la Société du chemin de fer de la Gaspésie pendant 25 jours. Un campement a également été érigé à Uashat, également pour appuyer les revendications des chefs héréditaires Wet'suwet'en.
Le décès de Joyce Echaquan dans des circonstances troubles à l'hôpital de Joliette a mobilisé les Québécois. Des propos racistes tenus à l'endroit de la femme atikamekw de 37 ans par des membres du personnel soignant ont soulevé une vague d'indignation. Des manifestations ont rassemblé Autochtones et non-Autochtones dans de nombreuses communautés de l’Est-du-Québec.
Un tragique événement qui a entraîné un débat sur la reconnaissance du racisme systémique par l’État.
Sans hésitation le gouvernement fédéral a reconnu l'existence du racisme systémique, rappelle Ghislain Picard. On s'est buté à une réponse de déni du côté du gouvernement du Québec par rapport à cette réalité-là, ce qui n'a toutefois pas empêché le gouvernement de M. Legault de créer son propre groupe d'action contre le racisme.
Sur la Côte-Nord, en septembre puis une seconde fois en novembre, une centaine d’Innus sont sortis dans les rues pour s’opposer à des interventions de la DPJ .
Les manifestants revendiquent le respect des protocoles convenus dans la loi fédérale C-92, selon laquelle le contrôle de la protection de la jeunesse doit être cédé aux communautés autochtones, partout au pays.
À la lumière des derniers mois, le chef de l’APNQL
estime que 2020 aura permis à l’ensemble des Québécois de prendre conscience des enjeux autochtones et de s'y intéresser.Ça met en évidence la responsabilité que nous avons tous, sans exception, de s'épauler dans la tâche de combattre le racisme et la discrimination. Au-delà d'un environnement politique qui nous est peu favorable à plusieurs égards, je pense qu'il est important, autant pour les Autochtones que les non-Autochtones, qu'on puisse collectivement se mobiliser pour abaisser ces murs-là d'incompréhension.
Ce n’est toutefois qu’un début, selon Ghislain Picard. Pour la prochaine année, il se fait d'ailleurs la promesse de poursuivre les efforts d'éducation et de sensibilisation auprès du grand public pour continuer de faire des enjeux autochtones, les enjeux de tous.