Ce qu’on sait à propos du nouveau variant de la COVID-19

Les vaccins de Pfizer-BioNTech (gauche) et de Moderna devraient offrir une protection contre le nouveau variant de la COVID-19, selon les experts.
Photo : offerte par Pfizer|Eduardo Munoz/Pool/Reuters
Le variant de la COVID-19 récemment découvert au Royaume-Uni a été dépisté chez deux personnes en Ontario. Il s'agit des premiers cas au Canada.
Les experts affirment que le nouveau variant se répand plus facilement et plus rapidement. Il serait 50 % à 74 % plus contagieux que les autres souches. Cependant, les experts ne pensent pas qu’il soit plus mortel ni même qu’il cause des symptômes plus violents que les variants précédents.
De plus, rien ne prouve que les vaccins COVID-19 actuellement distribués – y compris ceux dont l'utilisation est approuvée au Canada – soient inefficaces contre le nouveau variant du virus.
En quoi ce variant est-il différent?
D’autres souches différentes du virus ont été découvertes depuis le début de la pandémie, mais celle-ci serait la plus contagieuse. Son code génétique comporte 23 mutations, un nombre relativement élevé de changements, dont certaines pourraient affecter sa capacité à se propager.
Bien que les données préliminaires suggèrent que ces nouveaux variants pourraient être encore plus contagieux, aucune preuve n’indique pour le moment que ces variants causent une maladie plus grave, ou n'ont des répercussions sur la réponse anticorps ou l’efficacité du vaccin
, a affirmé l'Agence de santé publique du Canada dans une déclaration écrite samedi soir. Davantage de recherche sera nécessaire pour confirmer ces résultats
, précise-t-on dans le communiqué.
Où le nouveau variant a-t-il été découvert?
Les cas sont un couple de [la région de] Durham qui n'a pas d'antécédents de voyages, d'expositions ni de contacts à risque élevé
, peut-on lire dans le communiqué officiel émis par le ministère de la Santé ontarien.
« Cela renforce la nécessité pour la population de l'Ontario de rester à la maison le plus possible et de continuer à respecter les consignes de santé publique, notamment les mesures de confinement à l'échelle de la province qui sont entrées en vigueur aujourd'hui. »
L’Ontario est entré en confinement panprovincial samedi.
Toujours selon le communiqué, ces deux personnes ont été informées et sont en isolement, conformément aux protocoles de santé publique
. On y ajoute qu’avec l'arrivée de vols internationaux, il était attendu que le variant se retrouve en Ontario
.
À lire aussi :
Comment les Canadiens devraient-ils accueillir la nouvelle?
Le Dr Zain Chagla, médecin spécialiste des maladies infectieuses et professeur associé de médecine à l'Université McMaster de Hamilton, a déclaré samedi au réseau d'information de la CBC que les gens devraient prendre les mêmes précautions avec ce variant qu'avec le virus original.
« Il est important que tout le monde respecte les règles de santé publique, maintenant cent fois mieux qu'auparavant, étant donné que [celui-ci est] plus transmissible. »
Ces mesures comprennent la distanciation physique, le port d’un masque, une bonne hygiène des mains, l’isolation à la maison en cas de symptômes et se soumettre à un test de diagnostic de la COVID-19 lorsque cela est approprié.
Bien que les premiers Canadiens atteints de ce variant n'aient pas d'antécédents de voyage connus, le Dr Chagla a déclaré qu’il avait probablement été introduit au Canada depuis un autre pays. Les mutations de la variante britannique correspondent aux cas canadiens, selon lui.
La semaine dernière, le Canada a prolongé jusqu'au 6 janvier la suspension des vols en provenance de Grande-Bretagne. De plus, les mesures de dépistage et de surveillance pour les voyageurs arrivant d'Afrique du Sud ont été renforcées en raison de l'augmentation des cas de ce variant dans le pays.
La quarantaine et les contrôles aux frontières, ce n’est pas parfait. [...] Nous pouvons encore constater une transmission à partir de voyages internationaux
, a déclaré le Dr Chagla.
Les vaccins contre la COVID-19 seront-ils toujours efficaces?
Plusieurs fabricants de vaccins affirment que leur produit sera efficace contre le nouveau variant plus contagieux du virus, y compris ceux qui ont déjà commencé à distribuer des vaccins au Canada.
Ugur Sahin, directeur général de la société allemande BioNTech, qui s'est associée à Pfizer pour créer un vaccin, a déclaré mardi qu'il s'attendait à ce que son vaccin à ARN messager fonctionne toujours bien.
« Scientifiquement, il est très probable que la réponse immunitaire de ce vaccin puisse également traiter ce variant du virus. »
Le Dr Sahin a ajouté qu'il faudra encore environ deux semaines d'études et de collecte de données additionnelles pour obtenir une réponse définitive.
Le vaccin contient plus de 1270 acides aminés, et seuls neuf d'entre eux sont modifiés [dans la nouvelle mutation]. Cela signifie que 99 % de la protéine est toujours la même.
La direction de Moderna a déclaré mercredi s'attendre à ce que l'immunité induite par son vaccin contre la COVID-19 soit protectrice contre le variant signalé au Royaume-Uni. La société américaine a déclaré qu'elle prévoyait de faire des tests pour confirmer l'efficacité de son vaccin à ARN messager contre toute nouvelle souche.
Nous avons déjà testé des sérums provenant d'animaux et d'humains vaccinés avec le vaccin contre la COVID-19 de Moderna contre un certain nombre de variants précédents du virus du SRAS-CoV-2 qui sont apparus depuis la première éclosion de la pandémie et [ces tests] ont montré que notre vaccin reste tout aussi efficace
, a déclaré la société dans un communiqué.
Si le variant présente un défi inattendu pour les développeurs de vaccins, un avantage de l'ARNm est que les scientifiques peuvent rapidement réorganiser le matériel génétique du produit pour qu'il corresponde à celui de la protéine mutée, alors que la modification des vaccins traditionnels nécessiterait des étapes supplémentaires.
En principe, la beauté de la technologie de l'ARNm est que nous pouvons directement commencer à concevoir un vaccin qui imite complètement cette nouvelle mutation
, a déclaré le Dr Sahin.
« Nous pourrions être en mesure de fournir un nouveau vaccin, techniquement, en six semaines. »
Bien sûr, ce n'est pas seulement une question technique. Nous devons nous occuper de la façon dont les régulateurs concevraient un tel changement
, a-t-il ajouté.
Le Canada a commencé à distribuer le vaccin de Pfizer-BioNTech au début du mois et celui de Moderna jeudi dernier.