Soir après soir, informer en temps de pandémie
L’actualité des derniers mois nous a tous touchés de façon bien personnelle, et c’est aussi le cas des membres de l’équipe d'ICI Acadie. Karine Godin se confie sur une année marquée par la COVID-19.
Karine Godin anime le Téléjournal Acadie.
Photo : Radio-Canada / Guy LeBlanc
Dans quelques jours, l’année 2020 sera derrière nous. On tourne la page sur neuf mois éprouvants. Tous les soirs à 18 h, on a découvert ensemble les multiples répercussions de la pandémie de COVID-19. On a vu notre monde évoluer, être chamboulé. Mon rôle a été de vous accompagner, de vous informer, et parfois même de vous rassurer.
Le jour où tout a commencé
Pour moi, tout a commencé le 10 mars 2020. Bien sûr, je suivais depuis plusieurs semaines l’apparition de la COVID-19 en Chine, mais c’est ce jour-là précisément que l’ampleur des événements est devenue concrète à mes yeux.
J’étais alors en route vers Fredericton pour le dépôt du budget du Nouveau-Brunswick. On pensait à l’époque que ce serait un budget déterminant, que c’était ça la grosse nouvelle, que le gouvernement minoritaire de Blaine Higgs était peut-être sur le point d’être défait.
Ce budget allait plutôt être adopté en catastrophe, face à une menace beaucoup plus grande que la chute d’un gouvernement. La COVID-19 était sur le point de faire son entrée au Nouveau-Brunswick et allait vite chambouler notre quotidien.
Ce jour-là, le ministre de l’Éducation du Nouveau-Brunswick, Dominic Cardy, défend sur toutes les plateformes sa décision d’imposer une période d’isolement à tous les élèves qui reviennent d'un voyage à l’étranger. Comme bien des Néo-Brunswickois, je me questionne sur la pertinence d'une telle mesure alors qu’on n’a aucun cas chez nous.
C’est la première de plusieurs mesures qui seront mises en place pour protéger la province contre la pandémie. Le temps lui donnera toutefois raison. Vingt-quatre heures plus tard, le premier cas apparaît au Nouveau-Brunswick. Ensuite, tout a basculé.
Un tourbillon d'informations
J’étais alors un peu, comme vous, sous le choc de voir tout se précipiter. Tout fermait, les règles sanitaires s’accumulaient. J’ai vite senti que notre rôle de journaliste était plus important que jamais.
Pour tout le monde, c’était alors le confinement. Pour moi et mes collègues, ce sont devenues les journées les plus intenses de l’année. Tous les jours, on écoutait assidûment les quatre conférences de presse des autorités en Atlantique pour ensuite vous les résumer.
Un tsunami d'informations à recueillir, à comprendre et à synthétiser. Chaque province avait ses règles et ça pouvait changer d’heure en heure.
On en a passé des fins de journée à essayer de préciser des informations imprécises.
Est-ce que Kedgwick est en zone 4 ou 5? Le masque est-il obligatoire ou pas ? Quelles sont les limites de la bulle atlantique? Quand faut-il porter le masque à l’extérieur?
Un véritable casse-tête pour les journalistes qui ont suivi au quotidien la pandémie. J’ai quelques cheveux gris de plus après cette année.
Ensemble dans l'épreuve
Vous m’avez aussi beaucoup écrit personnellement avec vos préoccupations.
J’ai senti votre désarroi, votre tristesse et votre incompréhension devant certaines règles. J’essayais de vous répondre à tous. Ce n’était pas toujours facile, le temps manquait parfois et je n’avais pas toujours les réponses non plus. Mais sachez que vos histoires m’ont beaucoup touchée et je sais à quel point cette année a été difficile pour plusieurs d’entre vous.
Il y a eu des éclosions, des malades, des morts, et beaucoup d’angoisse. Vous avez été plusieurs à vivre de l’incertitude en raison de pertes d’emplois, du report d’une chirurgie que vous attendiez tant, de ne pas pouvoir rendre visite à un proche mourant.
La question des règles à la frontière a aussi été particulièrement difficile pour plusieurs. Une téléspectatrice m’a écrit avec beaucoup d’émotion pour m’expliquer que l’état de sa mère malade s’était détérioré par manque de contacts.
Je pense sincèrement que cette pandémie m’a rapprochée de vous. Je vous ai compris dans votre détresse et je l’ai partagée à plusieurs reprises.
Ma belle-famille aussi est à l’extérieur du Nouveau-Brunswick. Ça fait un an qu’on ne s’est pas vus, que les grands-parents voient mon fils grandir à travers un écran. Comme vous, on a vécu des décès à distance, on s’est inquiété pour nos proches, on a souhaité que la situation se rétablisse. Mais la résilience est devenue notre plus grand atout. Un jour, on se reverra. Entre-temps, on doit s’assurer de la sécurité de nos proches, même si ça veut dire ne pas les voir pour encore quelques mois.
Un peu d'espoir à l'horizon
Pour moi, l'année 2020 a été intense, essoufflante et déprimante par moments, mais je n’ai pas la prétention de dire que ç’a été difficile. Tous les jours, je pensais aux professionnels de la santé qui sont aux premières lignes de cette pandémie, aux préposés dans les foyers de soin qui sont à bout de souffle.
Je vous lève mon chapeau. Mon travail vous informe. Le vôtre sauve des vies.
L’année 2021 sera celle du vaccin. Elle amène un peu d’espoir. Pour la nouvelle année, je nous souhaite de la santé, de la bienveillance, et un éventuel retour à la normale.