L'ex-conjoint d'une femme de Grand-Sault accusé de meurtre au second degré

Jonathan Fontaine a été accusé mardi à Edmundston de meurtre au deuxième degré.
Photo : Radio-Canada / Jessica Savoie
Un résident de la région de Grand-Sault, au nord-ouest du Nouveau-Brunswick, est accusé de meurtre au second degré pour la mort de Mindy Godin, son ex-conjointe.
Jonathan Fontaine, 31 ans, a comparu en cour à Edmundston mardi matin devant la juge Nicole Angers.
Il est actuellement en détention provisoire et doit subir une évaluation psychiatrique de cinq jours.
L'homme de 31 ans doit comparaître à nouveau en cour le 4 janvier pour l’audience de détermination sur son aptitude à subir son procès.
Mindy Godin, 32 ans, a fui sa résidence gravement blessée lundi matin pour demander du secours, mais elle a succombé à ses blessures. Le chef adjoint de la Force policière de Grand-Sault, Marco Levesque, indique que son équipe a répondu à l’appel vers 11 h 40 sur le chemin Tobique, où le suspect a été arrêté.
Selon le service de police de Grand-Sault, une arme a été employée dans cette mort tragique.
Mindy Godin était originaire de Sainte-Anne-de-Madawaska et vivait avec ses deux enfants à Grand-Sault. Ses deux jeunes enfants sont maintenant sous la supervision d'autres membres de la famille proche.
Le restaurant McDonald's du 230, chemin Madawaska, où la victime travaillait, a installé un mémorial.
Une veillée à la chandelle est aussi organisée mercredi soir à 19 h 30 à partir du stationnement du Home Hardware à Grand-Sault, sur le boulevard Broadway.
Cette soirée est ouverte au public. Les organisateurs demandent aux participants de respecter la distanciation physique et de porter le masque.
Le maire de Grand-Sault, Marcel Deschênes, et le député de Victoria La Vallée, Chuck Chiasson, ont participé à l’organisation de l’événement.
Dire le mot : féminicide
Selon la présidente du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick, il faut appeler le crime par son nom : un féminicide.
Au final, c’est loin d’être un cas isolé. Ça explique un problème de société. On appelle cela des violences systémiques. C’est une partie intégrante de notre société
, dit-elle.
« Depuis hier, on voit la fameuse expression ''drame familial''. Ce n’est pas un drame familial : c’est un féminicide. C’est une violence qui touche plus particulièrement les femmes. C’est important de nommer cet enjeu-là que trop souvent on passe sous silence. »
Selon Monique Brideau, beaucoup de choses doivent changer, notamment dans la perception sociale de ce qu’est la violence envers les femmes.
Elle souhaite que des mesures soient mises en place pour mieux accompagner les femmes qui vivent de la violence systémique dans la province, et qu’une éducation de la population soit mise de l’avant.
Un signal d’alarme
À Edmundston, l’organisme L’Escale MadaVic inc. sert à assurer les services d’une maison d’hébergement pour les femmes victimes de violence et leurs enfants.
Cela ne devrait pas exister, dans notre société, qu’on puisse tuer quelqu’un qu’on est censé aimer, avec qui l’on a partagé notre vie
, a affirmé mardi la directrice générale Charlotte Côté.
Elle dit s’attendre à une augmentation des signalements dans les prochaines semaines, mais rappelle que les femmes victimes de violences conjugales sont très vulnérables.
« Il faut toujours penser que la femme qui est victime de violence est démolie. Alors, c’est nous qui devons leur tendre la main et leur dire : On est là. On est là comme société, c’est inacceptable, et on va voir à votre sécurité et à votre protection. »
Pour l’organisme, le meurtre de lundi est une sonnette d’alarme pour accorder plus de ressources afin d'aider les femmes victimes de violence.
L’Escale MadaVic a l’intention de faire un suivi Zoom avec plusieurs femmes qui vivent de la violence conjugale et qui fréquentent l’établissement.
Une violence qui a un coût
La professeure de criminologie à l’Université de Moncton, Madeline Lamboley, rappelle qu’il ne s’agit pas du féminicide de l’année, et qu’il y a eu plusieurs homicides conjugaux au Nouveau-Brunswick en 2020.
Il faut vraiment que le gouvernement prenne ce sujet-là extrêmement au sérieux
, dit-elle.
Madeline Lamboley note que 51 femmes chaque jour demandent de l’aide et de la protection dans la province, et qu’il en coûte 165 millions aux contribuables néo-brunswickois pour intervenir dans les cas de violence conjugale.
On aurait tout intérêt, en temps que gouvernement, d’investir cet argent-là en termes de prévention et de sensibilisation dans les ressources
, conclut-elle.
Au Nouveau-Brunswick, 70 % des décès liés à des homicides conjugaux se déroulent dans les régions rurales, et la majorité des victimes sont des femmes. La province affiche ainsi le taux de déclaration de violence conjugale le plus élevé de l'Atlantique.
Avec des renseignements de Jessica Savoie et de Jean-Philippe Hughes