Des groupes de défense des animaux dénoncent l'empoisonnement de loups en Alberta

Entre 2005 et 2018, l'Alberta a tué 225 loups avec de la strychnine en plus de ceux tués par son programme d'abattage aérien par balles.
Photo : iStock
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des groupes de défense des animaux veulent que la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, réexamine une décision qui permet à l'Alberta d'utiliser la strychnine pour empoisonner les loups dans le but de préserver les troupeaux de caribous.
Les organismes Wolf Awareness et Animal Justice ont déposé une requête auprès de Santé Canada cette semaine. Ils accusent l'Alberta d'enfreindre les conditions régissant l'utilisation de la toxine et de mettre en danger d'autres espèces sauvages.
Ces produits ne sont pas respectueux de l'environnement, a soutenu Kaitlyn Mitchell, avocate à Animal Justice. Les signes de non-conformité avec la loi démontrent qu'il n'est pas possible de les utiliser de manière responsable au Canada.
Les autorités albertaines assurent qu'elles n'utilisent pas de la strychnine de manière abusive et que son utilisation est essentielle pour maintenir les populations de caribou.
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En mars dernier, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada a renouvelé la permission de l'Alberta de placer des appâts contenant de la strychnine dans l'habitat du caribou afin de réduire le nombre de loups qui se nourrissent des troupeaux en voie de disparition.
Entre 2005 et 2018, l'Alberta a tué 225 loups avec de la strychnine en plus de ceux tués par balles, à partir d'un hélicoptère.
De nouvelles preuves contre la province?
La loi stipule que la décision peut être révisée par la ministre si de nouvelles preuves concernant la mauvaise utilisation des toxines sont découvertes.
Elle mentionne, entre autres, que les emplacements où se trouvent les appâts doivent être vérifiés tous les sept jours pour s'assurer que les carcasses n'empoisonnent pas les autres animaux et que la toxine ne pénètre pas dans l'environnement.
Animal Justice et Wolf Awareness affirment que des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information prouvent que la province ne respecte pas cette condition.
Selon les documents, disent les organismes, le temps moyen en 2018 entre les contrôles était de près de neuf jours sur 19 emplacements. Dans un cas, il atteignait deux semaines.
Les deux organismes de défense des animaux allèguent également que l'Alberta dépasse les 12 appâts par emplacement autorisé par les règles. Elle cite des documents gouvernementaux indiquant que 20 appâts ont été laissés dans presque tous les emplacements.
Ces derniers ajoutent que les inspections et le nettoyage des emplacements, qui sont nécessaires pour s'assurer que la strychnine est retirée du paysage, sont inadéquats.
La requête soutient que plus de 20 % des sites où des appâts à la strychnine ont été installés n'ont pas été inspectés de manière adéquate et ce jusqu'à trois mois après que les sites aient été considérés comme fermés en raison d'inondations locales.
La seule option
Dave Hervieux, un expert du caribou au ministère albertain de l'Environnement, explique que les emplacements destinés aux appâts sont souvent difficiles à atteindre en hiver.
Nous essayons de respecter un délai de sept jours. Dans la grande majorité des (cas), nous y parvenons. Je ne sais pas quels effets auraient un retard d'un jour ou deux de plus
, dit-il.
M. Hervieux soutient que le poison est la seule option pour contrôler les populations de loups dans les lieux éloignés, qui ne sont accessibles que par voie aérienne.
Il ne croit pas que l'Alberta place trop de poison, mais reconnaît que d'autres espèces sont tuées par la strychnine.
Il dit cependant que les options sont limitées, puisque l'habitat du caribou a été fortement perturbé par des décennies d'exploitation forestière et d'activité pétrolière et gazière.
Il ajoute que la restauration de l'habitat prend du temps et que le caribou a besoin d'aide maintenant.
Nous essayons d'éviter la disparition d'une espèce emblématique, le caribou, qui est menacé à cause de nos activités
, dit-il.
Santé Canada n'a pas dit si elle acceptera la demande d'Animal Justice et Wolf Awareness.
D'après un texte de Bob Weber
Avec les informations de La Presse canadienne