La marée monte dans un marais à l’Î.-P.-É. pour la première fois en 70 ans
L'ancien chemin de fer qui traverse le marais a bloqué le passage des eaux de mer pendant 70 ans.
Photo : CBC/Shane Hennessey
L’eau de mer entre à nouveau dans un marais à l'Île-du-Prince-Édouard qui était fermé par une digue depuis 1950.
Le marais se trouve à l'extrémité sud de Fullertons Creek, près de Stratford. L’organisme Canards Illimités Canada a démantelé cet automne une section de la digue qui avait transformé ce marais d’eau salée en un marais d’eau douce. La digue est un ancien chemin de fer qui traverse le marais.
Les changements climatiques entraînent des marées plus fortes qui érodaient la digue plus rapidement qu’on pouvait la réparer, explique un spécialiste de la conservation chez Canards Illimités, Jonathan Platts.
La décision a été prise d’ouvrir la digue pour que les lieux retrouvent peu à peu leur état naturel de marais salé, explique-t-il.
Les travaux d’ouverture d’une brèche dans la digue ont duré environ une semaine et demie. La tâche était complexe parce qu’il fallait retirer du sol des pieux en acier qui avaient été enfoncés jusqu'à 3 mètres de profondeur, précise M. Platts.
Un écosystème important
Les marais salés sont des écosystèmes importants parce qu’ils diminuent les risques d’inondations, ils réduisent l’érosion côtière, ils contribuent à la chaîne alimentaire du milieu marin et ils absorbent du carbone, explique M. Platts.
Il y a peu de marais salés dans la province. Ils constituent moins de 1 % du territoire et c’est une ressource rare, souligne la présidente de l’organisme Nature Île-du-Prince-Édouard, Rosemary Curley.
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Le rétablissement d’un marais d’eau salé dans la province est important dans le contexte de la hausse du niveau de la mer, affirme Mme Curley. Parce que le niveau de la mer augmente, les marais doivent s’étendre à l’intérieur des terres et il y a peu de place pour cela, explique-t-elle. Le rétablissement de ce marais d’eau salée contribuera à équilibrer les choses, selon elle.
Les eaux salées sont de retour
Il était intéressant de voir les eaux salées monter à nouveau dans le marais, affirme Jonathan Platts.
Les intervenants, explique-t-il, ont vu de petits poissons, dont des choquemorts et des épinoches, entrer dans le marais pour la première fois. De nombreux oiseaux côtiers, dont des chevaliers grivelés et des goélands, se rassemblaient dans le secteur pour se nourrir.
Certaines espèces présentes dans le marais d’eau douce, comme le castor, vont sans doute quitter les lieux parce qu’ils ne fréquentent pas les eaux salées, indique Jonathan Platts, mais d’autres, comme le rat musqué, vont y demeurer.
La perte de cet habitat d’eau douce n’est pas inquiétante parce qu’il y a d’autres terres à proximité propices à la reproduction de la sauvagine, ajoute M. Platts.
Un rétablissement progressif
Rosemary Curley s’attend à une longue transition d’un marais d’eau douce à un marais d’eau salée.
Elle dit se souvenir qu’il avait fallu quelques années dans le cas du lac Graham Roger à North River pour voir les plantes d’eau douce être remplacées par des plantes d’eau salée.
Jonathan Platts estime pour sa part qu’il faudra de cinq à sept ans pour que le marais retrouve complètement son état naturel.
Canards Illimités cherche à entreprendre un autre projet du genre dans les environs de Johnstons River et a déjà commencé à en parler aux résidents, ajoute M. Platts.
Avec les informations de Nancy Russell CBC