Autochtones : une année de luttes

À Montréal, des manifestants ont défilé le 1er novembre en soutien à la Première Nation des Mi'kmaq, au cœur d'un conflit avec les pêcheurs commerciaux sur les droits de pêche dans les eaux de la Nouvelle-Écosse.
Photo : The Canadian Press / Graham Hughes
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Revendications territoriales, conflit de pêche et dénonciation du racisme systémique, sur fond de pandémie, ne sont que quelques-uns des événements marquants qui ont touché les premiers peuples cette année.
Ces luttes existent depuis des décennies, mais la mobilisation s'est accrue cette année et les manifestations Black Lives Matter ont aussi résonné pour les communautés autochtones à travers le pays, explique le professeur en science politique à l'Université McGill, Yann Allard-Tremblay.
Ça a été une manière très propice de faire ressortir les parallèles qui existent entre certaines des demandes. Je crois que c'est également un changement d'attention du côté des non-autochtones. Ils prennent davantage conscience de l'importance des demandes autochtones et de leur validité.
Selon lui, la mobilisation accrue des peuples et des groupes autochtones a aussi été possible grâce aux médias sociaux et une plus grande capacité à mobiliser les médias.

Yann Allard-Tremblay est professeur de science politique à l'Université McGill.
Photo : Radio-Canada / Ramin Pezeshki
Le chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador Ghislain Picard estime également que la question du racisme systémique a été mise davantage en lumière cette année.
C'était une mobilisation importante au niveau de la grande majorité de nos nations et qui a sans doute contribué à mettre en évidence les rendez-vous manqués au niveau politique, dans tout ce qui touche les droits fondamentaux et les droits territoriaux pour les nations.
Ça a été mobilisant pour l'ensemble de nos peuples. Et sans compter que tout ça a été confirmé par la mort tragique de Joyce Echaquan, qui a renforcé la conviction et la détermination de nos dirigeants à faire en sorte que les choses changent
, dit-il.
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Ghislain Picard se réjouit du fait que le gouvernement fédéral se soit engagé à reconnaître le Principe de Joyce
, qui doit garantir à tous les Autochtones un accès équitable et sans discrimination au système de santé.
Ce n'est toutefois pas le même discours du côté de Québec, où le gouvernement provincial refuse toujours de reconnaître l’existence du racisme systémique.

Ghislain Picard, le chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec et Labrador (APNAL) et Ian Lafrenière, ministre responsable des Affaires autochtones ont annoncé la mise en place d'une table conjointe entre Québec et l'APNQL en novembre.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Qu'attendre pour 2021?
De la visibilité au changement, il y a toutefois encore de la route à faire, rappelle Yann Allard-Tremblay.
Tant qu'on n'aura pas un changement fondamental du rapport institutionnel entre l'État et les peuples autochtones, j'ai des doutes qu'on soit capable vraiment d'avancer vers cette réconciliation-là
, indique-t-il.
De son côté, le professeur de science politique à l'UdeM Martin Papillon pense que la pression sur les gouvernements devient plus forte.
La pression vient à travers la mobilisation activiste et ce qui va amener, je pense, les gouvernements à réagir de façon plus proactive. Ou en tout cas, ils n'auront pas le choix, à mon avis, de poser des gestes un peu plus concrets pour la transformation des relations.

Martin Papillon, professeur agrégé à l’Université et de Montréal.
Photo : Université de Montréal
Selon lui, les mobilisations reflètent à la fois un sentiment d'impatience et de frustration au sein des communautés autochtones, et celui-ci grandit chaque année.
Je crois qu'il y a eu une période dans les dernières années où on a fait confiance au processus décisionnel, au processus politique. Et là, on est dans une dynamique où on fait moins confiance
, dit-il.
Ghislain Picard, lui, est déterminé à suivre de près l'évolution du projet de loi C15 qui amorcera le processus d'alignement de la législation canadienne sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Il rappelle que le précédent projet de loi était mort au feuilleton, bloqué par les sénateurs conservateurs en juin 2019.
Il ne faudra jamais baisser les bras une fois. Il ne faudra jamais crier victoire tant que les choses n'auront pas changé au niveau de ce qu'on a appelé l'idéologie coloniale qui est encore, qui gangrène encore l'environnement politique.