•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Où en est l'insécurité alimentaire au Nunavut?

De 2014 à 2018, le coût des paniers d’épicerie a augmenté de près de 11 % au Nunavut, selon une chercheuse de l'Université Yale.

Un pot de tartinade aux noisettes Nutella coûte près de 17 $ à Grise Fiord, au Nunavut.

Entre 2014 et 2018, le coût des paniers d’épicerie a augmenté de 10,66 % au Nunavut, selon l'analyse d'une chercheuse de l'Université Yale, aux États-Unis.

Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

La question climatique occupe une place prédominante dans la recherche scientifique sur l’Arctique canadien, mais des experts n’ont pas manqué de ramener à l’ordre du jour celle de l’insécurité alimentaire, lors d’une conférence virtuelle qui a réuni des chercheurs spécialisés sur l’Arctique.

La chercheuse au doctorat en santé publique à l’Université Yale, Sappho Gilbert, était l’une des expertes invitées à la conférence internationale Arctic Change, organisée jusqu’à vendredi par le réseau de recherche canadien ArcticNet.

Sappho Gilbert s’est récemment intéressée à l’évolution comparative du coût des paniers d’épicerie entre 2014 à 2018 dans les différentes régions du Nunavut.

Mon analyse a montré qu’il n’y avait pas de différences régionales importantes d’une année à une autre [...] mais c’est quand on s’intéresse précisément [aux données] de 2014 et de 2018, que l’on constate que l’évolution globale en pourcentage a été significative, dit-elle.

Pendant cette période, le coût des paniers d’épicerie a augmenté de 10,66 % au Nunavut, selon son analyse préliminaire.

Pour en arriver à cette tendance, la chercheuse a colligé des données annuelles du Bureau de la statistique du Nunavut qui répertorie le coût par communauté de 24 aliments de première nécessité, allant de la farine à la viande hachée.

Grise Fiord dispose d'une seule épicerie.

À Grise Fiord, le coût des paniers d'épicerie a augmenté d'environ 16 % entre 2017 et 2018, selon l'analyse préliminaire de Sappho Gilbert.

Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey

Le rôle de Nutrition Nord

La région de Kivalliq est celle qui a enregistré le bond le plus important, soit une hausse d’environ 15 % de 2014 à 2018.

Sappho Gilbert ignore ce qui explique cette tendance, mais elle souhaiterait se pencher plus en profondeur sur les facteurs expliquant la hausse générale du coût des paniers d’épicerie, en intégrant des composantes comme le revenu par habitant.

Il serait aussi intéressant de regarder [...] quelle subvention de Nutritrion Nord a été appliquée à chacun des produits parce que cela nous permettrait notamment de savoir quelle fraction du prix a augmentée, croit-elle.

Une affiche du programme entre les étalages d'une épicerie.

Nutrition Nord est un programme fédéral de soutien financier au transport de denrées alimentaires dans le Nord.

Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson

Lancé en 2011, le programme de subventions Nutrition Nord vise à faciliter l’accès aux aliments sains dans les communautés nordiques pour réduire l’insécurité alimentaire qui persiste dans le Nord, mais sa transparence et son efficacité ont été critiqués dans le passé.

Nutrition Nord a la responsabilité de faire preuve de transparence [...] mais il est très difficile d’obtenir des données précises sur les subventions, affirme Sappho Gilbert.

En 2019, une étude publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne et menée par des chercheuses de l’Université de Toronto révélait que l’insécurité alimentaire au Nunavut avait augmenté depuis la création du programme Nutrition Nord.

Selon l’étude, environ 33 % des ménages du Nunavut étaient touchés par l’insécurité alimentaire en 2010, contre près de 47 % en 2014, année qui a suivi la mise en place complète du programme.

Des résidents d'Iqaluit.

L'insécurité alimentaire touche près d'une personne sur deux au Nunavut, selon Statistique Canada.

Photo : Reuters / Natalie Maerzluft

Lutter contre l’insécurité alimentaire, une serre à la fois

L’insécurité alimentaire est loin d’être résolue dans l’Arctique canadien, mais de récents projets de serres hydroponiques laissent entrevoir une lueur d’espoir.

Dans l’ouest du territoire, les résidents de Cambridge Bay ont récemment décidé de passer à l’action en prenant part au développement d’un projet participatif de l’initiative de recherche Sentinelle Nord, de l’Université Laval.

Depuis le mois d’août, la communauté est équipée d’une dizaine de serres extérieures qui permettent de cultiver des fruits et des légumes frais durant l’été.

Des légumes dans une serre hydroponique.

Une variété de 22 semences d'épinards, de radis et de laitues, entre autres, ont poussé durant l'été dans les serres de Cambridge Bay.

Photo : Photo fournie par Charles-Félix Fournier-Côté

L’étudiant à la maîtrise en biologie végétale à l’Université Laval et instigateur du projet, Charles-Félix Fournier-Côté, explique que l’idée était de favoriser l’autosuffisance alimentaire de la communauté en offrant une plus grande variété d’aliments frais.

Puisque toutes les denrées alimentaires dans les communautés inuit doivent arriver par avion, ça occasionne un grand délai de transit, dit-il. Pendant ce délai de transit, les aliments dépérissent, sans oublier le fait qu’ils sont très chers.

Il ajoute que l’un des objectifs de l’initiative est aussi de transmettre aux résidents des connaissances en matière d’agriculture pour qu’ils puissent, à terme, soutenir un projet de serre commerciale avec les emplois et les retombées économiques qui en découlent, dit-il.

Leslie Haniliak est l’une des résidentes de Cambridge Bay à s’être portée volontaire.

J’avais déjà fait pousser des légumes auparavant, mais je n’avais pas d’expérience avec des serres hydroponiques, explique-t-elle. Je trouve cette expérience très apaisante et positive pour mon bien-être mental.

Leslie Haniliak devant sa serre.

Cinq résidents de Cambridge Bay, dont Leslie Haniliak, ont reçu au mois d'août une serre pour cultiver à l'extérieur des fruits et des légumes frais.

Photo : Photo fournie par Leslie Haniliak

La production de fruits et légumes se poursuivra aussi durant l’hiver grâce à un système de culture intérieur qui sera aménagé dès le mois de janvier dans les écoles primaire et secondaire de la municipalité.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...