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La course au profit recule au bénéfice des « entreprises à mission »

Bryan de Lottinville se tient près d'un homme lui aussi habillé en licorne.

Bryan de Lottinville (à droite) s'est déguisé en licorne pour annoncer l'énorme investissement dont sa compagnie va bénéficier.

Photo : Fournie par Benevity

Benevity, une entreprise calgarienne qui aide les employés de nombreuses grandes sociétés à faire du bénévolat et de la philanthropie, a reçu un investissement de plus d’un milliard de dollars américains de la firme Hg.

L’entente exceptionnelle témoigne d’une popularité grandissante des entreprises qui placent l'engagement social et environnemental au coeur de leur culture d’entreprise. 

Le montant d’un tel accord est tellement exceptionnel qu’il porte le nom de licorne dans les milieux financiers.

C’est donc vêtu d’un costume de l’animal mythologique que le président-directeur général (PDG) de Benevity, Bryan de Lottinville, a annoncé la nouvelle à ses employés.

Le fondateur de cette plateforme en ligne a cependant vu la popularité de son entreprise croître depuis plusieurs années.

Le logiciel conçu par Benevity permet aux entreprises de gérer les dons de leurs employés à toute une gamme d’organismes caritatifs et de les doubler.

Environ 35 % des entreprises du palmarès Fortune 500 utilisent aujourd’hui cette plateforme, selon le PDG.

Cela montre l’accélération de l’importance de ce qu’on appelle ESG (environnement, responsabilité sociale et gouvernance). Les entreprises ont de plus en plus envie d’utiliser leurs ressources et leurs employés pour résoudre des problèmes de société, a expliqué M. de Lottinville dans une entrevue à CBC.

Bryan de Lottinville sourit.

Bryan de Lottinville a fondé Benevity en 2008.

Photo : Radio-Canada / Ellis Choe

Philanthropie plus sophistiquée

Benevity est ce qu’on appelle une entreprise à mission ou à vocation sociale, c’est-à-dire une entreprise qui se donne un objectif social et environnemental en plus de sa recherche de profits.

Non seulement l’entreprise a à coeur la responsabilité sociale, mais en plus son modèle d’affaires aide les autres entreprises à intégrer l’objectif d’impact social. C’est vraiment gagnant-gagnant s’enthousiasme James Stauch, le directeur de l’Institut pour la prospérité communautaire à l’Université Mount-Royal.

La philanthropie d’entreprises n’est pas nouvelle, note M. Stauch. De nombreuses compagnies, notamment dans l’exploitation des ressources naturelles, commanditent des événements communautaires, la construction de bâtiments récréatifs ou des collectes de fonds d’organismes caritatifs.

Il ajoute toutefois que la tendance en cours dépasse l’engagement ponctuel et superficiel.

De plus en plus, les entreprises ajustent leur manière de fonctionner: leur chaîne d’approvisionnement, leur campagne marketing, leurs ressources humaines, leur éthique. Le changement arrive très rapidement , explique-t-il. 

Leor Rotchild pose les bras croisés.

Leor Rotchild est directeur général du groupe de pression Canadian Business for Social Responsibility.

Photo : Radio-Canada

Leor Rotchild, le directeur général de Canadian Business for Social Responsibility qui est à la fois une association professionnelle et un groupe de réflexion pour ce type d’entreprises à mission, parle d’une sophistication de la philanthropie d’entreprise.  

Cela n’a jamais été une mauvaise chose pour une entreprise de s’impliquer dans sa communauté et de se préoccuper de l’environnement. Depuis cinq ans, c’est devenu un impératif. C’est là où les investisseurs mettent leur argent, c’est là où les employés veulent travailler, souligne M. Rotchild.

Des entreprises plus lucratives

Les deux hommes citent notamment le baromètre de confiance produit annuellement par la firme Edelman.

Selon ce sondage, 84 % des investisseurs canadiens s’attendent à ce que les entreprises lucratives s’engagent dans des initiatives environnementales et sociales. Environ 92 % s’intéressent à une approche plus militante.

Un nombre croissant d’entreprises recherchent également la certification B Corp qui vérifie leur implication sociale, environnementale et démocratique. Environ 230 entités canadiennes ont obtenu ce statut. 

La pandémie ainsi que des mouvements comme Black Lives Matter n’ont fait que renforcer cette tendance. Selon M. Rotchild, les entreprises à mission traversent mieux cette période de difficultés économiques. 

Les compagnies à la recherche d’un simple profit ne seront plus là encore très longtemps.

Une citation de Leor Rotchild, Canadian Business for Social Responsibility

Le phénomène n’échappe pas aux dérives. L'expression purpose washing a ainsi fait son apparition pour dénoncer ces entreprises qui se donnent toute l’apparence d’un engagement sociétal, mais cherchent avant tout le profit. 

M. Stauch croit toutefois que le public en général est de plus en plus suspicieux de telle pratique. Il note aussi que plus la tendance se développe, plus le nombre de certifications et de normes pour évaluer les ESG s’accroît.

Avec des informations de l'émission Calgary Eyeopener.

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