Nos archives : quand La Tuque était un haut lieu de la natation

Le signal de départ des 24 heures de La Tuque en 1969.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Aujourd’hui, La Tuque est une destination qui attire principalement les adeptes de chasse et de plein air. Pendant près de 20 ans, la petite ville forestière de la Haute-Mauricie a aussi été un arrêt incontournable pour les meilleurs nageurs d’endurance du monde.
Les 24 heures de La Tuque était une épreuve de nage qui avait lieu dans le lac Saint-Louis, une petite étendue d’eau située au cœur de la ville.
L’événement a vu le jour en 1965, propulsé par un groupe de Latuquois qui avaient pour ambition d’organiser une compétition sportive dans leur ville.
Le concept était simple ; le défi physique colossal. Des duos de nageurs devaient se relayer pendant 24 heures d'affilées et effectuer un maximum de tours du lac. Durant les premières années, les vainqueurs récoltaient environ 3000 $.
L’événement durait environ une semaine. Il était assorti de parades, d’activités et d'autres petites compétitions comme des sprints de natation, des plongeons ou encore des combats de canots, lors desquels il fallait faire tomber un adversaire de son embarcation.
Les festivités attiraient des milliers de personnes de différentes régions du Québec ainsi que des nageurs de renommée internationale. Durant une semaine du mois de juillet, les rues de la petite ville grouillaient de monde.
En 1966, la station de télévision CKTM, l’ancêtre d’ICI Radio-Canada Mauricie-Centre-du-Québec, enregistre une émission lors du deuxième marathon. Des milliers de personnes assistent alors au départ, agglutinées autour du lac Saint-Louis.
Cette année-là, c’est le célèbre nageur néerlandais Herman Willemse et son partenaire québécois Réjean Lacoursière qui sont couronnés champions pour une deuxième fois après avoir effectué 170 tours du lac.
Réal Lavoie se rappelle bien de cette époque. Le Latuquois a relevé le défi à deux reprises en 1967 et en 1968. Alors âgé d’une trentaine d’années, il était le seul représentant de la région hôte à y prendre part.
C'était une expérience très difficile, parce que c'était un marathon de sprint. C'était tous des sprinteurs qui venaient ici, des champions olympiques
, raconte celui qui a 85 ans aujourd’hui.
« Il y en pour qui c'est le ski, il y en a que c'est autre chose... Moi, c'était la natation. »
Le lac St-Louis est gorgé de souvenirs pour Réal Lavoie. Il s’y est entraîné un nombre incalculable d’heures en prévision de l'épreuve.
Les 24 heures de La Tuque représentent pour lui une époque faste de sa ville, qui n’accueille plus des foules aussi nombreuses aujourd’hui.
Ça venait du Lac-Saint-Jean, ça venait de Trois-Rivières, de partout. Il y en avait de Montréal, dit-il. Ici, à l'entour du lac, il y a déjà eu des foules de 30 000 personnes. Tu ne vois plus ça!
Après moins de 20 ans d’existence, l’événement s’essouffle. Privé de l’appui de plusieurs commanditaires, les 24 heures de La Tuque tirent leur révérence en 1982.
Près de 40 ans plus tard, les nageurs ont déserté le lac Saint-Louis qui est devenu un petit havre de pêche urbaine.
Réal Lavoie, lui, ne nage plus depuis bien des années. Son corps ne le lui permet plus, mais le sport lui manque.
Je suis bien content de l'avoir fait. Si c'était à recommencer je le referais encore. Mais... pas aujourd'hui!

Aux portes du pays, 25 juin 1990