Le gouvernement Ford n'écarte plus l'idée de prolonger le congé scolaire des Fêtes
L'École publique anglaise Thorncliffe Park, à Toronto, est l'un des établissements scolaires qui ont dû fermer leurs portes en Ontario à cause d'une éclosion de COVID-19.
Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn
L'Ontario devrait-il prolonger le congé des Fêtes dans les écoles? Le ministre de l'Éducation Stephen Lecce garde maintenant la porte ouverte à cette possibilité, alors que les experts sont partagés sur la question.
Selon le dernier bilan de la santé publique, plus de 860 écoles en Ontario ont actuellement un cas déclaré de COVID-19, soit près de 18 % des écoles de la province. Parmi elles, 11 sont fermées à cause d'une éclosion.
À la mi-novembre, le ministre de l'Éducation Stephen Lecce avait écarté l'idée de prolonger le congé scolaire de Noël, affirmant qu'une telle mesure n'était pas nécessaire.
Toutefois, le nombre d'infections a continué d'augmenter depuis et le ministre semble maintenant garder la porte ouverte à une telle possibilité, selon son attachée de presse.
Nous suivrons les recommandations du médecin hygiéniste en chef [le Dr David Williams] sur la question
, affirme Caitlin Clark.
Le médecin hygiéniste en chef continuera à fournir des conseils au gouvernement sur la meilleure façon de garder nos écoles sécuritaires.
Elle ne précise pas quand une décision sera annoncée.
Une façon de freiner la propagation
Anna Banerji, spécialiste des maladies infectieuses et professeure à l'École de santé publique Dalla Lana, à l'Université de Toronto, pense que le gouvernement Ford devrait changer son fusil d'épaule et prolonger le congé scolaire de deux semaines en janvier.
Malheureusement, un récent sondage indiquait que le tiers des gens avaient prévu de visiter d'autres personnes ne faisant pas partie de leur ménage durant les Fêtes. Ça accroît le risque d'exposition des enfants [au virus] et le risque qu'ils le transmettent à l'école et dans la communauté.
Une arme à double tranchant
De son côté, le professeur en épidémiologie à l'Université de Toronto David Fisman, qui fait partie d'un groupe consultatif d'experts du gouvernement, pense que la possibilité de prolonger le congé scolaire pour freiner la propagation de la COVID-19 présente aussi des risques.
Les effets sont imprévisibles. Si on prolonge le congé scolaire, les enfants pourraient passer plus de temps chez leurs grands-parents, [augmentant leur risque d'infection].
Pour lui, une meilleure solution serait d'éviter que la pandémie prenne de l'ampleur dans les écoles en fermant une école dès qu'un élève a la COVID-19, par exemple.
À l'heure actuelle, si un élève est infecté, ses camarades de classe sont confinés à la maison et suivent leurs cours en ligne pendant la période de quarantaine. Mais les écoles demeurent ouvertes à moins qu'il n'y ait de multiples cas.
En Ontario, les écoles sont tenues cette année d'offrir à la fois des cours en classe et en ligne. Elles disposent donc d'applications informatiques si elles devaient faire passer tous les élèves à l'enseignement à distance en janvier. Ce changement pourrait toutefois présenter des défis pour nombres de parents qui travaillent à l'extérieur de la maison.
Attendons de voir les données
Le Dr Hugues Loemba, virologue et chercheur-clinicien à l'Hôpital Montfort d'Ottawa, pense que les cours en ligne sont une option « envisageable » au retour des Fêtes dans les zones chaudes comme Toronto, Peel et York, particulièrement pour les élèves plus âgés qui n'ont pas besoin de supervision parentale à la maison et qui sont souvent plus susceptibles de transmettre le virus à d'autres que les plus petits, dit-il.
Il ajoute qu'une fermeture des écoles jusqu'à la mi-janvier pourrait aussi être souhaitable dans des régions moins touchées actuellement comme Ottawa, si les habitants font fi des consignes de la santé publique et tiennent des rassemblements durant les Fêtes, menant à une possible flambée des cas.
Selon lui, le gouvernement Ford est allé « trop vite en besogne » en annonçant dès la mi-novembre qu'il ne prolongerait pas le congé scolaire. Il faudra réagir en temps réel, dit-il, selon les données épidémiologiques.
Que le gouvernement reste ouvert à mettre de l'eau dans son vin et à cibler ses décisions selon les régions, selon la situation locale, au moment où ça se passe, pas un mois à l'avance.
Il note que d'autres fêtes comme l'Action de grâce ont mené à des flambées de cas une à deux semaines plus tard, soit la période d'incubation du coronavirus.
On ne peut pas savoir ce qui va se passer ici à Ottawa à Noël, souligne-t-il. On dit qu'il n'y aura pas de rassemblements, mais il y a toujours des gens qui ne respectent pas les consignes.
Au Québec, le gouvernement a avancé le congé scolaire de deux jours, mais n'a pas changé le calendrier des écoles pour janvier.
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Le NPD en faveur
La chef de l'opposition officielle en Ontario, Andrea Horwath, a affirmé, mercredi, que le gouvernement Ford devrait examiner à nouveau la question de prolonger la relâche scolaire des Fêtes.
Elle qualifie de « troublant » le nombre quotidien de nouveaux cas recensés dans les écoles.
Si le gouvernement refuse de réduire la taille des classes et de réparer la ventilation, la seule option qui nous reste est de garder les enfants à l'écart de l'école plus longtemps, même si on n'aurait pas dû en arriver à ça.
Même avec le nombre limité d'écoles où il y a eu un dépistage asymptomatique, on se rend compte que la COVID-19 se propage rapidement dans les écoles
, note la chef néo-démocrate.