COVID-19 : Québec cherche des renforts pour les CPE

Une éducatrice montre les équipements de protection individuelle qu'elle porte pour se protéger du coronavirus.
Photo : Radio-Canada / Mélissa Savoie-Soulières
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Après avoir lancé les plateformes « Je contribue » pour recruter des travailleurs de la santé et « Répondez présent » pour trouver du personnel en éducation, au tour des services de garde de lancer une offensive de recrutement.
Le gouvernement du Québec cherche à pourvoir plus de 1300 postes vacants dans les centres de la petite enfance (CPE) de la province au moyen d'un appel à tous lancé mercredi sur le site Internet Jetravaille!
De ce nombre, plus de 1100 postes sont des emplois d'éducatrices ou d'éducateurs. On recherche également des préposés à l'entretien, des responsables de la cuisine ou de tout autre employé qui oeuvre dans un service de garde
, a précisé le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, en conférence de presse.
Avec la désinfection des locaux et des jouets, l'accueil particulier des enfants et les groupes-bulles, les besoins de main-d’œuvre sont criants dans les CPE en cette période de pandémie.
Le problème existe depuis longtemps, mais la pandémie l'a aggravé, affirme Geneviève Bélisle, de l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE).
Trouver des remplaçants ou des employés supplémentaires pour effectuer les tâches est encore plus complexe depuis le mois de mars. Avec le respect de la bulle, on a moins d'agilité pour reconfigurer les groupes d'enfants quand il manque une éducatrice. Et puisqu'il faut avoir des groupes stables, ça crée une grande pression
, explique Mme Bélisle.
Si vous êtes à la recherche d'un emploi, si vous êtes intéressés par le développement des enfants, le réseau a besoin de vous.
Des besoins dans toutes les régions du Québec
Les besoins se font sentir un peu partout au Québec
, ajoute le ministre Lacombe. [...] C'est quelque chose qu'on voit venir depuis déjà un moment. Mais comme pour bien d'autres domaines, la pandémie a exacerbé la situation.
Il y a un mois, le ministre Lacombe a lancé un appel à l'ensemble des services de garde pour obtenir le portrait de la situation. Dans les différentes régions du Québec, il manque au moins 1118 éducatrices, 40 cuisiniers et 28 personnes pour le nettoyage et la désinfection. Si le réseau manifeste d'autres besoins, le gouvernement se dit prêt à afficher davantage de postes.
Aujourd'hui, je fais de la pénurie de main-d'oeuvre ma priorité
, a assuré Mathieu Lacombe.
Au CPE Picassou, à Havre-Saint-Pierre, sur la Côte-Nord, les éducatrices devaient nettoyer les jouets et les draps des enfants environ une fois par semaine avant la pandémie. Depuis la première vague du virus, les lavages sont tellement fréquents qu'un employé y a été affecté à temps plein, explique la directrice, Nadia Ziat.
Avant, c'était des éducatrices qui devaient, dans leurs tâches connexes, assurer la désinfection. Mais là, avec la pandémie, c'était devenu très lourd pour les éducatrices. Il a fallu engager quelqu'un.
Mme Ziat affirme qu'elle doit tricoter
l'horaire de son personnel pour être en mesure d'assurer le service aux parents, dans les meilleures conditions sanitaires possibles.
Quand elle a vu que Québec tentait de recruter massivement des employés pour les réseaux de la santé et de l'éducation, elle s'est dit : C'est certain que les services de garde auraient vraiment besoin d'une bonne campagne de publicité et de promotion pour que le monde vienne travailler, parce que je vous dis que la situation est critique! La pandémie est venue ajouter un degré de difficulté.
Quand on regarde les besoins au niveau des remplaçantes, on parle de quelques milliers de personnes. C'est un enjeu critique
, ajoute Mme Bélisle.
Certains CPE ont même dû demander aux parents des enfants de recruter dans leur entourage pour combler les besoins.
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Un problème à long terme
Pour que les CPE puissent traverser ces mois difficiles et assurer des services adéquats, le gouvernement accepte qu'une seule éducatrice sur trois ait complété la formation en service de garde.
Québec a dû changer les règles en raison des départs d'employés à la santé plus fragile, des congés de maladie et des démissions liées à une charge de travail plus grande. Normalement, le ratio d'éducatrices qualifiées est de 2 sur 3 dans les services de garde.
Si Québec veut garder le personnel après la pandémie, il devra trouver une façon d'améliorer le sort des éducatrices, plaide l'AQCPE. Selon l'Association, la pandémie a mis en lumière les conditions de travail difficiles et les salaires peu attractifs.
C'est sûr que la charge de travail a augmenté, mais je pense que c'est un problème qui existait déjà et qui s'est exacerbé avec la pandémie. Avant la pandémie, on discutait déjà de tout ça avec le ministère de la Famille
, dit Geneviève Belisle.
Il ne fait aucun doute que les salaires non concurrentiels n'encouragent pas les gens à travailler dans les services de garde, ajoute Nadia Ziat.
Ça fait longtemps qu'on ne cherche plus d'éducatrices qualifiées pour venir travailler en services de garde. C'est rendu impossible à trouver. Ça n'existe plus sur le marché! Nous, ça fait des années qu'on prend des personnes qui veulent bien venir travailler chez nous. On s'occupe de les former nous-mêmes
, décrit la directrice du CPE Picassou.
Des discussions se poursuivent avec les partenaires du réseau des services de garde pour la présentation d'un futur plan de main-d’œuvre. L'appel lancé par l'intermédiaire de la plateforme Jetravaille!
vise à combler des besoins urgents. Le gouvernement compte annoncer bientôt d'autres mesures pour régler les problèmes à long terme.
Postes à pourvoir par région :
- Montréal : 319
- Montérégie : 222
- Capitale-Nationale : 144
- Lanaudière : 103
- Outaouais : 90
- Saguenay–Lac-Saint-Jean : 89