La Ville de Montréal démantèle le camp de sans-logis sur Notre-Dame

Le Service de police de la Ville de Montréal a participé au démantèlement du campement de sans-abris sur la rue Notre-Dame à Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Le démantèlement du campement de sans-logis situé dans un parc qui longe la rue Notre-Dame, dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, a été démantelé pendant toute la journée de lundi.
Des dizaines de policiers – patrouilleurs, policiers à vélo, de la cavalerie et de l’escouade antiémeute – ont mis fin à ce campement de fortune situé sur un espace vert appartenant au ministère des Transports, rue Notre-Dame Est à Montréal.
L’opération, officiellement menée par le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), visait à déplacer tous les campeurs en leur trouvant un logement ou en les dirigeant vers une ressource d’hébergement temporaire.
Certains itinérants ont posé leurs conditions pour accepter de quitter l’endroit. C’est le cas de Jacques Brochu, qui est arrivé au campement en juillet dernier.
Moi, ma condition, c’était d’avoir un vrai logement. Ils m’en ont trouvé un, mais ils n’en ont pas trouvé pour tout le monde.
Je trouve ça triste
, a-t-il conclu la voix brisée par l’émotion.
Opération matinale
Les policiers, qui sont arrivés sur place à 6 h ce matin, ont visité chacune des tentes pour essayer de convaincre les campeurs de quitter les lieux, mais seulement quelques-uns ont obtempéré.
Les policiers ont installé un cordon de sécurité autour du campement et ils ont numéroté les tentes avec de la peinture rouge. Les propriétaires pouvaient ainsi récupérer leurs effets personnels ultérieurement.
Une fois expulsés, les campeurs ne pouvaient revenir à l’intérieur du cordon de sécurité.
Des avis d’éviction ont été remis aux sans-logis la veille pour les informer de l’obligation de quitter les lieux.
La Ville en a décidé ainsi en raison de l’incendie d’une tente samedi, qui est venu près d'enflammer une bonbonne de gaz propane.
L’explosion de cette bonbonne aurait pu tuer ou blesser sérieusement des campeurs ou des résidents du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Le campement avait également connu d'autres incendies au cours des derniers mois.
On souhaite obtenir la collaboration des itinérants, mais on verra avec nos collègues du SPVM si des gens refusent toujours de quitter [le campement].
Notre volonté est de s’assurer que tous aient un toit au-dessus de la tête
, a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, au cours d’une conférence de presse. Il y a des gens qui vont dire : "Moi, j’étais mieux dans ma tente que dans une chambre double [dans un refuge]". Je comprends, mais le fait est que l’on ne peut pas laisser des gens dormir dehors cet hiver. C’est pour ça qu’on y est allé si doucement.
Tout le monde aura un lit ce soir. Les ressources en intervention vont s’intensifier, puisque la Ville en a fait la demande.
On a développé, à Montréal, une belle offre de logements sociaux, dont des projets de relocalisation
, explique la directrice des services du campus Saint-Laurent de la Mission Old Brewery, Émilie Fortier. [L’une de ces initiatives], Projet Logements Montréal, collabore avec la Mission Old Brewery. L’idée, c’est de placer des gens dans des logements avec des subventions et du support communautaire.
La pandémie et les mesures hivernales ont fait en sorte que l’énergie a été mise sur les mesures d’urgence plutôt que des solutions permanentes. C’est peut-être là qu’il y a des choses à améliorer en ce moment.
Le FRAPRU opposé au démantèlement
Le maire de l'arrondissement de Mercier--Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, a indiqué que les occupants qui n'ont pas d'endroit où se loger pourraient être notamment redirigés à la Place Dupuis, au centre-ville, où il resterait de la place.
Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s'oppose aux évictions. Le FRAPRU souligne qu'il y a des campements depuis des années à Montréal et que tant que les autorités ne s'attaqueront pas à la crise du logement, le problème va se reproduire.
Le FRAPRU a déjà rappelé que le 6 octobre dernier, le ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen, de même que les ministres québécoises des Affaires municipales, Andrée Laforest, et des Relations canadiennes, Sonia LeBel, ont annoncé une entente Canada-Québec permettant de dégager 3,7 milliards de dollars sur 10 ans pour améliorer le logement social et abordable.
Lors de l'annonce de l'entente Canada-Québec, la ministre LeBel avait signalé que le Québec conservait un droit de regard sur tous les projets, donc, que Québec sélectionnerait ses priorités et que le gouvernement du Canada devrait alors investir dans cette sélection.
D'autre part, Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, accuse le gouvernement du Québec de ne pas faire ce qu'il faut pour réaliser sa promesse électorale de fournir l'intégralité des 15 000 logements sociaux annoncés par les prédécesseurs. Elle signale que depuis deux ans, seulement 2500 unités ont été construites ou sont en voie de l'être.