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Ce qu'il faut savoir au sujet des effets secondaires des vaccins

À la veille de l’arrivée du vaccin contre la COVID-19, des données permettent de répondre aux inquiétudes.

Un bébé se fait vacciner

En 2017, sur un total de 23 millions de vaccins, 253 effets indésirables graves ont été signalés.

Photo : iStock

Chaque année, la santé publique canadienne reçoit des milliers de déclarations d'effets indésirables à la suite de vaccins. L’analyse de ces données obtenues et compilées par Radio-Canada révèle une tendance à la baisse. Les cas graves sont signalés une fois toutes les 100 000 doses administrées et la vaste majorité des patients en guérissent.

Alors que la vaccination contre la COVID-19 s’apprête à débuter dans les prochains jours au Royaume-Uni et aux États-Unis, puis début 2021 au Canada, un sondage Ipsos/Radio-Canada révèle que les craintes de possibles effets secondaires du futur vaccin sont partagées par 71 % des Canadiens.

C’est un peu normal d’être inquiet quand il y a un nouveau vaccin, estime Caroline Quach, pédiatre microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine.

Malgré tout, la défiance de la population inquiète les scientifiques, notamment avec la montée des mouvements complotistes et anti-vaccins. La santé publique du Canada a sonné l’alarme, l’an dernier, face à la circulation grandissante de fausses informations.

Voici ce que révèle notre analyse des données canadiennes :

COVID-19 : tout sur la pandémie

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Une représentation du coronavirus.
  • Il n’y a aucune preuve d’un lien entre un décès et un vaccin depuis au moins 2012, sur près de 200 millions de doses administrées, de tous types de vaccins;

  • Chaque année, depuis 20 ans, entre 12 et 26 effets secondaires sur 100 000 doses de vaccin sont signalés, avec une tendance marquée à la baisse;

  • Plus de 90 % des effets signalés sont bénins et n’ont pas nécessité d’hospitalisation.

Comment fonctionne le système de surveillance canadien?

Une femme reçoit une injection lors d'un essai clinique.

Tout effet indésirable à la suite d'un vaccin doit être signalé à Santé Canada.

Photo : Associated Press / Hans Pennink

Depuis 1992, le Canada a reçu plus de 100 000 déclarations d'effets indésirables à la suite de vaccins.

La plupart de ces signalements sont effectués par les infirmières, les médecins et les pharmaciens qui administrent les vaccins ou qui soignent les personnes souffrant d'effets secondaires à la suite de l'immunisation.

Comme pour n’importe quel médicament, les fabricants de vaccins sont aussi tenus de déclarer les effets secondaires graves ou inattendus.

Les déclarations représentent des associations soupçonnées et reflètent l'opinion ou les observations de la personne ayant effectué la déclaration, explique le porte-parole de Santé Canada, André Gagnon.

À l'Agence de santé publique du Canada, toutes les déclarations d'effets graves sont analysées par un médecin du Comité consultatif sur l’évaluation de la causalité qui permet de mesurer la probabilité que ces effets soient directement liés au vaccin.

En 2017, sur un total de 23 millions de doses administrées dans le public et dans le privé, 253 déclarations rapportaient des effets graves, dont les trois quarts ont nécessité une hospitalisation. La vaste majorité des cas ont complètement guéri.

Une invalidité permanente a été signalée ainsi que quatre décès, dont deux enfants de moins deux ans. Mais après analyse, aucun de ces cas n’a été causé par le vaccin. Ils ont plutôt été attribués à un état pathologique préexistant.

Répartition des déclarations d'effets secondaires à la suite de vaccins. Les liens de causalité sont suspectés, mais pas établis.

Répartition des déclarations d'effets secondaires en 2017 à la suite de vaccins. Les liens de causalité sont suspectés, mais pas établis.

Photo : Système canadien de surveillance des effets secondaires suivant l'immunisation

Deux jours après avoir reçu le vaccin contre la grippe, le 16 novembre, le montréalais Sylvain Gagnon s’est réveillé avec la moitié droite du visage paralysée. Ce n’est pas évident de manger avec une moitié de bouche et un œil qui ne fonctionnent pas, raconte l’homme de 56 ans qui a de la difficulté à articuler.

Son médecin a diagnostiqué une paralysie de Bell, qui survient toutes les 4 millions de doses et dont il a 80 % de probabilités de guérir. Rien ne prouve qu’il s’agit d’une réaction directement liée au vaccin, mais M. Gagnon en est persuadé et ça lui fait peur, à quelques mois de recevoir le vaccin contre la COVID-19.

Quels sont les effets secondaires les plus souvent déclarés?

Du côté des cas bénins, on retrouve principalement des réactions au point d’injection comme une douleur ou un gonflement. Une partie des cas concerne aussi des réactions cutanées et des réactions allergiques.

En 2017, près d’un effet secondaire déclaré sur 10 était grave. En premier lieu de ces signalements sérieux, on retrouve les convulsions (23 % des cas graves), suivies de l’anaphylaxie (13 %). Pour se faire une idée du risque, il s’agit d'un cas sur 700 000.

Les manifestations neurologiques étaient beaucoup plus rares, comme la paralysie de Bell (6 cas, dont 1 grave), le syndrome de Guillain-Barré (2 cas, dont 1 grave), la méningite (3 cas, dont 2 graves) et 5 encéphalites, des inflammations du cerveau, toutes graves.

Fait intéressant : une personne qui reçoit le vaccin contre la rougeole a 1000 fois moins de risques de développer une encéphalite par rapport à une personne qui attrape la maladie, selon le ministère de la Santé du Québec.

Le risque zéro n’existe pas et toute intervention médicale comporte un risque, donc la vaccination ne fait pas exception.

Une citation de Alain Lamarre, expert en Immunologie et virologie à l’Institut national de recherche scientifique

Le but du vaccin, c’est de stimuler la réponse immunitaire, qui est unique à chaque personne, explique M. Lamarre. Donc, c’est normal qu’il y ait des gens qui vont répondre de façon exacerbée à un vaccin et d’autres de façon tout à fait appropriée.

C’est très compliqué d’associer un effet indésirable à la vaccination comme telle, ajoute l’expert de l’INRS.

60 % des signalements viennent de femmes

Grâce à une demande d’accès à l’information, nous avons obtenu les plus récentes données disponibles, de 2018 et 2019. Il s’agit de 2191 déclarations d’effets indésirables, moins que les années précédentes.

Environ 60 % des déclarations venaient de femmes, ce qui coïncide avec les rapports depuis 2013.

281 personnes ont été hospitalisées après avoir reçu un vaccin, mais comme expliqué plus haut, aucun lien de causalité n’a été encore été démontré par la santé publique. Au total, elle doit analyser les déclarations de 31 décès, 48 patients qui ont frôlé la mort et 116 invalidités développées.

Parmi les décès, la plupart présentaient des problèmes de santé préexistants, à l’exception notamment d’un petit garçon d’un an et demi, mort en novembre 2018 à la suite d’un vaccin et dont aucune pathologie n’était préalablement connue.

Les cas graves sont surtout des enfants

Gros plan sur un pédiatre qui vaccine un bébé.

En 2017, les trois quarts des effets secondaires graves déclarés concernaient des enfants de moins de deux ans.

Photo : Getty Images / Sean Gallup

La majorité des déclarations d’effets secondaires bénins et graves concernait des vaccins administrés à des nourrissons et à de jeunes enfants. Chez les moins de deux ans, ces dernières années, le taux de déclarations d’effets secondaires est de 121 pour 100 000 habitants.

En 2017, les trois quarts des effets secondaires graves déclarés concernaient des enfants de moins de deux ans.

C’est un résultat auquel on peut s’attendre, en raison du nombre de vaccins administrés aux enfants de ce groupe d’âge pour les protéger au moment où ils sont le plus vulnérables aux maladies évitables par la vaccination, explique la santé publique fédérale.

Entre 1997 et 2004, trois nourrissons autochtones avec un déficit immunitaire sous-jacent étaient décédés avec pour cause « probable » le vaccin du BCG qu’ils avaient reçu, a conclu Santé Canada.

Quels vaccins provoquent le plus de déclarations d’effets secondaires?

Les données préliminaires de 2018 et 2019 indiquent que c'est le vaccin contre le zona qui a été le plus souvent signalé.

Entre 2013 et 2016, en proportion du nombre de doses distribuées, c’est le vaccin conjugué contre le méningocoque du groupe C qui a le plus haut taux de déclaration (92 pour 100 000). Le vaccin contre la grippe provoque 7 déclarations sur 100 000.

Le mois dernier, le Nouveau-Brunswick a retiré un lot de vaccins contre l'influenza à la suite de trois « manifestations cliniques inhabituelles », qualifiées d’effets indésirables graves par le ministère provincial de la Santé. Parmi eux : un cas de paralysie de Bell.

Quatre autres provinces ont procédé au même retrait préventif du lot de vaccins, avant que Santé Canada ne conclue qu’ils sont sans danger. Tout au long de l’enquête, le Québec avait continué de les utiliser.

Selon l’expert Alain Lamarre, cette affaire est la preuve que le système de surveillance fonctionne bien au Canada, ça devrait rassurer les gens.

La campagne de vaccination contre la grippe est d’ailleurs un succès. Au Québec, seulement, plus d’un million de personnes se sont déjà fait immuniser cet automne et ça a contribué à restreindre la circulation de la maladie.

La rapidité de production du vaccin contre la COVID crée-t-elle plus de risques?

Des fioles de vaccins posées sur une table.

Le Canada a passé des commandes pour recevoir sept types de vaccins différents.

Photo : Getty Images

Le vaccin contre la COVID passera à l’histoire comme celui qui a été développé le plus vite, « mais pas au coût de la sécurité », assure l’expert de l’INRS, Alain Lamarre.

C’est sûr que c’est un produit relativement nouveau, mais il a été suivi de façon très serrée, rassure le directeur du Bureau des sciences médicales, à Santé Canada, Marc Berthiaume.

On va avoir des données portant sur 44 000 personnes suivies depuis trois mois. Les patients qui ont fait partie des études vont être suivis pendant deux ans. [...] Jusqu’à maintenant, c’est extrêmement encourageant à la fois en termes d’efficacité et d’innocuité.

Une citation de Marc Berthiaume directeur du Bureau des sciences médicales, à Santé Canada

M. Berthiaume explique qu’il va y avoir une grande collaboration internationale pour surveiller l’ensemble des effets secondaires du vaccin.

S’il est homologué au Canada, c’est qu’il répond aux critères de sécurité, assure Ève Dubé, chercheuse du Groupe scientifique en immunisation de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Près du tiers des vaccinés contre la COVID pourraient ressentir de légers effets

Il sera important de bien informer la population qu'il y aura des effets secondaires aux vaccins, surtout suite à la dose de rappel, prévient la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Les effets pourraient être intenses, mais brefs, ajoute la FMSQ en citant une récente étude parue dans la revue Science (Nouvelle fenêtre).

L’étude rapporte l'analyse intermédiaire des tests du fabricant Moderna qui a révélé que les effets secondaires comprennent la fatigue chez 9,7 % des participants, les douleurs musculaires chez 8,9 %, les douleurs articulaires chez 5,2 % et les maux de tête chez 4,5 %.

Selon Caroline Quach, du CHU Sainte-Justine, si près du tiers des gens ressentent des réactions bénignes après la vaccination, ce seront des effets à court terme, on prend un Tylenol et ça va passer.

Dans l'essai du vaccin de Pfizer/BioNTech, les chiffres étaient inférieurs à Moderna : les effets secondaires comprenaient la fatigue (3,8 %) et les maux de tête (2 %).

Le retard du Canada est une bonne chose, selon une experte

Le Royaume-Uni souhaite vacciner dès la semaine prochaine, et les États-Unis très rapidement aussi. Le Canada devrait commencer sa campagne en janvier et ne compte avoir vacciné que 8 % de la population d’ici le mois de mars.

Le retard dont tout le monde parle au Canada, prenons-le comme une opportunité pour voir toutes ces données-là et que notre population se sente rassurée au moment où nous on aura accès au vaccin, pense la directrice du Laboratoire de recherche sur la réponse de l'hôte aux infections virales au Centre de Recherche du CHUM, Nathalie Grandvaux.

Le sondage Ipsos/Radio-Canada révélait que 38 % des Canadiens préféreraient attendre un ou deux mois avant de se faire vacciner et 15 % en laisseraient passer plusieurs mois avant de prendre une décision.

Pourquoi se faire vacciner?

Le vaccin permet de développer une immunité contre une maladie, c'est-à-dire qu’on devient capable de résister à l'infection. Certains vaccins protègent plusieurs années, d'autres pour le reste de notre vie.

Plus les gens sont vaccinés dans une communauté, plus le risque d'infection y est faible. C’est notamment le seul moyen de protéger les nourrissons, trop jeunes pour être vaccinés.

Les vaccins constituent la mesure de santé publique la plus rentable que l’on connaît, rappelle l’Agence de santé publique du Canada.

Mais, malgré toutes les preuves scientifiques, de plus en plus de parents expriment des préoccupations relatives aux risques associés à l’immunisation.

Le Canada ne parvient pas à atteindre son objectif d’une couverture vaccinale de 95 % pour certaines maladies, comme la rougeole.

En ce qui concerne la COVID-19, les experts estiment qu’il faudra vacciner 60 % à 70 % de la population pour atteindre une immunité collective.

Avec la collaboration de Jérôme Labbé, Valérie Boisclair, Tout un matin et Midi info

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