La Caisse aurait pu encaisser une autre crise, selon son président

Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Charles Emond
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le dirigeant de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a voulu « rassurer » ses déposants qu’il n’y a jamais eu « l’ombre d’un problème au niveau des liquidités et des risques » depuis le début de la crise actuelle.
Charles Emond s’est même targué qu’au plus bas, la Caisse aurait pu facilement subir par-dessus ça une autre crise de l’ampleur de 2008 sans même être affectée au niveau de ses liquidités
.
Il a ainsi tenté de relativiser la sous-pondération de l'institution dans les titres technologiques comme ceux des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et les faibles rendements attendus pour certains actifs immobiliers.
Au niveau des marchés boursiers, on se replace, a-t-il dit. Quand on exclut les GAFAM qui ont monté de 50 %, le marché américain ou les marchés mondiaux ont monté entre 2 % et 5 %. C’est une autre histoire. Je pense qu’on est capable de bien s’inscrire là-dedans.
Les actifs liquides représentent les deux tiers du portefeuille de la Caisse. Quant aux actifs réels, pandémie oblige, M. Emond a reconnu que les infrastructures en transport qu’elles possèdent dans le monde ont leurs difficultés
et que la vente de centres commerciaux est déjà amorcée.
« On ne peut pas retourner un portefeuille de 60 milliards de dollars en immobilier sur une fin de semaine de trois jours. Nos déposants ne veulent pas qu’on fasse une vente de feu. »
Charles Emond a indiqué que la profonde transformation de l’économie force
l’institution à prendre certains virages
, dont celui de la technologie et de la stratégie ESG (environnement, social et gouvernance).
Au premier semestre de 2020, selon les résultats annoncés en août, la Caisse avait obtenu un rendement négatif de 2,3 %.
LE REM toujours rentable
La construction du Réseau express métropolitain (REM), pilotée par la Caisse, a fait face dans les derniers mois à une tempête parfaite
: imprévus, mesures de confinement sanitaires, approvisionnements difficiles et main-d'œuvre coincée à l’étranger. Les retards attendus sont d’au moins trois à six mois.
Malgré tout, insiste Charles Edmond, le rendement demeure dans la fourchette qu’on prévoyait
. Il s’est également montré confiant quant à la construction d'une station à l'Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal.
Dans sa mise à jour économique lundi, la ministre fédérale des Finances Chrystia Freeland a mis à la disposition des aéroports du pays 500 millions de dollars sur six ans pour financer des projets d'infrastructures, comme cette station.
Element AI : pas d’autres alternatives
Lundi, l’annonce de la vente du fleuron montréalais en intelligence artificielle, Element AI, à l’américaine ServiceNow a suscité beaucoup de réactions. Fin décembre 2019, la CDPQ y détenait un placement d’une valeur allant de 30 à 50 millions de dollars.
Est-ce exactement le scénario qu’on aurait voulu? Pas entièrement, c’est certain
, a admis Charles Emond. Au moment d’investir, Element AI était dans une situation très difficile financièrement
et son modèle d’affaires n’était pas rentable.
« C’est un des dossiers qui a le plus occupé les équipes dans les deux dernières années. C’était quotidien. »
Malheureusement, l’entreprise n’aurait pas réussi à prendre son envol du point de vue commercial
et une seule issue s’imposait pour assurer sa pérennité : trouver un nouveau partenaire stratégique.
Il n’y a pas 100 % des histoires qui se terminent comme on veut
, souligne-t-il.

Quels ont été les impacts de la pandémie pour la Caisse de dépôt et placement du Québec? Que doit-on penser de la vente de l'entreprise Element AI à l’américaine ServiceNow? Entrevue avec son président et chef de la direction, Charles Emond