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Les dépenses gonflent le déficit fédéral à au moins 382 milliards

Le gouvernement Trudeau offre de l'aide supplémentaire aux familles et aux entreprises.

Chrystia Freeland, portant un masque et se tenant debout à la Chambre des communes, tient une pile de documents.

La ministre Freeland a présenté une mise à jour économique qui propose aussi certaines mesures supplémentaires.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Avec son Énoncé économique de l’automne 2020 présenté lundi, le gouvernement fédéral semble résolu à maintenir ses mesures de soutien, coûte que coûte. À celles déjà en cours, de nouvelles dépenses viennent même s’ajouter pour soutenir les familles ayant de jeunes enfants ainsi que les entreprises les plus touchées, et pour relancer l’économie.

Le déficit historique s’établira finalement à au moins 381,6 milliards de dollars pour la présente année financière, 38,4 milliards de plus que prévu lors de la présentation du Portrait économique et budgétaire de juillet. La dette fédérale franchira ainsi un cap de 1107,4 milliards, soit 50,7 % du produit intérieur brut canadien. Des restrictions sanitaires plus strictes pourraient faire chuter le solde budgétaire encore davantage, soit de 17 milliards, selon le scénario le plus pessimiste.

Comme nous l'avons appris lors des récessions précédentes, a déclaré la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, il est plus risqué de fournir trop peu d’aide que d’en fournir trop. Dans le présent énoncé économique, nous faisons preuve de transparence quant à l'incertitude qui persiste.

La mise à jour économique laisse néanmoins entrevoir une feuille de route vers un retour à l’équilibre budgétaire. Ottawa présenterait un déficit budgétaire inférieur à ce qu’il était l’année dernière à compter de 2024-2025.

Aide aux particuliers et aux familles

Les prestations canadiennes d’urgence et de relance économique, offertes aux travailleurs qui se sont retrouvés soudainement sans emploi, seront les deux mesures les plus coûteuses du gouvernement depuis le début de la pandémie et totaliseront 89,2 milliards de dollars en 2020-2021.

À l'approche des Fêtes, un cadeau inattendu tombera sous le sapin pour les familles qui ont un enfant de moins de 6 ans. En 2021, les ménages ayant un revenu net annuel de moins de 120 000 $ pourront recevoir 1200 $ par enfant, et ceux ayant un revenu net de plus de 120 000 $, 600 $ par enfant. Une mesure temporaire qui coûte 2,4 milliards de dollars.

De nombreuses personnes se sont vues du jour au lendemain dans l'obligation d'effectuer du télétravail, sans nécessairement avoir ce qu’il fallait à la maison. Elles pourront déduire jusqu’à 400 $ de frais modestes engagés pour travailler et n’auront pas à fournir un formulaire signé de leur employeur pour ce faire.

Et le boom dans la rénovation à domicile ne s’essoufflera pas de sitôt. Pour soutenir la reprise économique, une subvention pouvant atteindre 5000 $ sera offerte aux Canadiens à compter du 1er décembre pour rendre leurs habitations plus écoénergétiques.

La croissance économique ira mieux que prévu en juillet. Le produit intérieur brut devrait chuter de 5,8 % plutôt que de 6,8 % en 2020. Les années suivantes, il devrait bondir de 4,8 %, puis de 3,2 %.

Aide aux entreprises

Le taux maximal de la Subvention salariale d’urgence offerte aux employeurs, qui a coûté jusqu’ici plus de 50 milliards de dollars et qui soutient près de 4 millions de travailleurs, passera de 65 % à 75 % du 20 décembre 2020 au 13 mars 2021. Cette prolongation coûtera 14,8 milliards de dollars supplémentaires, pour un total de 83,5 milliards.

La Subvention d’urgence du Canada pour le loyer, qui peut couvrir jusqu’à 65 % des dépenses admissibles, et un soutien de 25 % supplémentaire pour les entreprises touchées par des mesures de confinement sont aussi prolongés jusqu’au 13 mars. Cela, au coût de 2,2 milliards de dollars de plus.

« Ces mesures apportent une certitude économique aux Canadiens en cette période de turbulence et d'incertitude. Elles nous aideront à passer à travers les mois d'hiver. »

— Une citation de  Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Finances

Parmi les nouvelles mesures pour les entreprises durement touchées dans le secteur du tourisme, de l’hébergement et des arts et du divertissement, on compte un nouveau programme de crédit en vertu duquel le gouvernement garantira à 100 % un prêt d’un million de dollars à faible taux d’intérêt offert par les grandes banques.

Le soutien au secteur aérien passera pour l’instant par le transport aérien régional et les aéroports qui pourront obtenir près d’un milliard de dollars d’aide sur deux ans. Quant aux grandes compagnies aériennes, l’aide financière escomptée devra encore attendre, puisque les Canadiens devront être, en contrepartie, remboursés de leurs vols annulés.

Les mesures de soutien direct aux Canadiens et aux entreprises atteindront 227 milliards de dollars cette année. La ministre Freeland qualifie ces dépenses de réfléchies et de prudentes. La cible la plus importante pour déterminer leur échéance sera l’emploi des Canadiens, signale-t-elle.

Sur les 40 milliards de dépenses en santé contre la COVID-19 cette année, le tiers est attribuable à la recherche, à l’approvisionnement et à la distribution de vaccins.

Jusqu’à 100 milliards de dollars pour relancer l’économie

Une fois le virus maîtrisé, place à la relance économique. Un plan de 70 à 100 milliards de dollars sur trois ans est prévu pour remettre sur pied l’économie.

Il faudra toutefois attendre au budget de mars 2021 avant d’en connaître la portée. La mise à jour économique indique qu’il comprendra des investissements qui visent à créer de bons emplois pour la classe moyenne et libérera des dépenses privées à court terme, et qui aidera également à renforcer la compétitivité du Canada à long terme.

Des mesures en faveur d’une économie verte sont attendues, mais aussi des travaux pour jeter les bases d’un système pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants.

Taxation du commerce en ligne et des géants du numérique

Cette nouvelle était attendue depuis longtemps pour assurer une meilleure équité aux entreprises et fournisseurs d’ici.

Le gouvernement exigera des plateformes numériques qui vendent des produits et services aux consommateurs canadiens, comme Netflix, qu’elles facturent les taxes de vente sur tout le territoire canadien à compter de juillet prochain. Les biens achetés à l’étranger et la location de logements à court terme en ligne devront aussi être taxés. Au Québec, la grande majorité des plateformes numériques facturent déjà la taxe de vente provinciale.

Cette mesure pourrait rapporter plus de 3 milliards de dollars au Trésor fédéral sur cinq ans.

Face au retard pris par l’Organisation de coopération et de développement économiques pour imposer un impôt minimal mondial aux GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), Ottawa a l’intention de mettre en oeuvre une taxe sur ces sociétés de services numériques à compter du 1er janvier 2022, de façon provisoire. Des recettes de 3,4 milliards de dollars sur cinq ans sont attendues.

Les provinces seront déçues

Les premiers ministres provinciaux ont fait front commun dans les derniers mois pour exiger d’Ottawa qu’il augmente les transferts fédéraux en santé. Leur demande : que le fédéral assume 35 % des dépenses consacrées annuellement à la santé au pays.

Cette année, les 42 milliards de dollars prévus ne représentent que 22 % de la facture de 188 milliards de dollars en santé.

L’énoncé économique prévoit une augmentation des transferts de seulement 3 % par année.

Chrystia Freeland rétorque que 8 dollars sur 10 destinés à protéger les Canadiens et à les aider pendant la lutte contre la COVID-19 ont été dépensés par le gouvernement fédéral.

Les oppositions évoquent des oubliés

Où est le plan?, a demandé le chef du Parti conservateur du Canada. Il y a des millions de Canadiens oubliés par les libéraux. Et tout ce qu’ils trouvent à leur dire, c’est : plus de dettes, moins de jobs, pas de vaccins, pas de clarté.

Citant l’exemple d’un restaurateur et d’un hôtelier, Erin O’Toole a dénoncé que certains entrepreneurs ne puissent pas être admissibles à des programmes d’aide.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, demandait une augmentation de 110 $ par mois de la pension de Sécurité de la vieillesse. Il n’y a rien pour les aînés, s’est-il désolé. Pourquoi cet entêtement à ne rien faire pour les gens qui sont les plus vulnérables en termes de santé, de pouvoir d’achat et d’isolement?

Les derniers oubliés, selon le Nouveau Parti démocratique, sont les plus fortunés. Ce gouvernement veut protéger les profits des grandes entreprises et n’est pas prêt à taxer les ultra-riches, a affirmé le chef de la formation, Jagmeet Singh. Monsieur et Madame Tout-le-Monde vont payer la facture pour la relance.

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