Aide aux agriculteurs : « On a toujours l’épée de Damoclès au-dessus de la tête »

Les producteurs laitiers de l'Est souhaitent des garanties à plus long terme.
Photo : Radio-Canada / Isabelle Damphousse
Des producteurs agricoles de l’Est-du-Québec se réjouissent des nouvelles mesures d'aide annoncées samedi par Ottawa pour compenser leurs pertes engendrées par les accords de libre-échange canadiens. Toutefois, ils affirment que ce n’est pas la solution définitive à leurs problèmes.
Samedi, le gouvernement fédéral a annoncé que les producteurs laitiers pourront toucher plus rapidement la somme de 1,75 milliard de dollars déjà annoncée et qui devait être perçue sur huit ans. Cet argent sera plutôt versé sur trois ans.
Le président du Syndicat des producteurs de lait de la Gaspésie et des Îles, Normand Barriault, affirme qu’il s’agit d’une bonne nouvelle et que les producteurs demandaient des mesures supplémentaires depuis plusieurs mois.
Il croit toutefois que cette aide ne permettra d’améliorer la situation que temporairement, puisque le marché restera affaibli par les différents accords internationaux conclus avec le Canada.
C’est toujours le bienvenu, mais ça ne nous donne pas notre marché pour demain, nuance-t-il. Moi, je suis content, j’ai 52 ans, mais le plus vieux de mes enfants, qui est en train de prendre la relève, c’est lui qui va être affecté par les pertes de marché.
Même son de cloche mitigé du côté des producteurs laitiers de la Haute-Côte-Nord. Le président de l’Union des producteurs agricoles de la Côte-Nord, Yves Laurencelle, se réjouit d'abord de ce coup de pouce.
C’est une bonne nouvelle, les compensations sont remboursées sur ce qu’ils ont perdu sur leur droit de produire avec la dernière entente que le Canada a signée avec les États-Unis
, explique-t-il.
Toutefois, il estime qu’il serait préférable d’assurer un marché aux producteurs.
On a toujours l’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Les producteurs ne veulent pas un chèque en blanc. Ils veulent plutôt la garantie qu’ils ont un certain quota à produire et qu’ils vont le produire et que, dans trois, quatre ou cinq ans, ils vont pouvoir investir, et que trois, quatre ou cinq ans plus tard, ils ne se feront pas couper ce droit de produire.
Pas de détails sur l'aide aux producteurs de volailles
Le gouvernement fédéral a également annoncé que les producteurs de volaille et d'œufs canadiens se partageront une enveloppe supplémentaire de 691 millions de dollars.
Malgré cela, l'incertitude persiste chez certains producteurs de volailles. De nombreuses questions demeurent pour Guylaine Chassé, copropriétaire de la Ferme avicole Béland.
Dans la volaille, il n'y a rien de défini encore, il n'y a pas de date, il n'y a rien, puis il n'y a pas de pourcentage non plus, explique-t-elle. Tandis que dans le lait, tout est déjà défini, mais pour nous autres, il n'y a rien d'avancé.
La ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire Marie-Claude Bibeau promet de détailler ces mesures le plus tôt possible
, mais entend d'abord consulter les producteurs quant à leurs préférences et à leurs priorités.
Avec la collaboration de Pierre Chapdelaine de Montvalon