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Forte mobilisation contre le projet de loi sur la « sécurité globale » en France

Deux voitures brûlent avec des manifestants à l'arrière-plan.

Les manifestants dénoncent, le samedi 28 novembre à Paris, un projet de loi qui rendrait criminel le fait de faire circuler l'image du visage d'un policier.

Photo : Reuters / BENOIT TESSIER

Radio-Canada

Plus de 130 000 personnes selon le gouvernement, 500 000 selon les organisateurs, ont manifesté samedi en France pour dénoncer la brutalité policière et le controversé article 24 du projet de loi sur la « sécurité globale » qui limiterait, s’il est adopté, le droit de filmer des policiers durant leurs interventions.

À Paris, 46 000 manifestants ont défilé de la place de la République à celle de la Bastille, selon les autorités. Mais d'après le regroupement StopLoiSécuritéGlobale, qui rassemble notamment des syndicats de journalistes et des associations de défense des droits de la personne, ils étaient plutôt 200 000.

Environ une heure après le départ, plusieurs heurts ont éclaté en marge du cortège principal.

Des manifestants, dont certains du black bloc, ont lancé des feux d'artifice sur les forces de l'ordre, installé des barricades, jeté des pierres et incendié du mobilier urbain. Les policiers ont répondu par du gaz lacrymogène et des grenades de désencerclement.

Plusieurs voitures ont été brûlées, ainsi qu'un kiosque à journaux, selon un journaliste de Reuters sur place. Une brasserie et l'entrée d'un bâtiment de la Banque de France ont également été incendiées.

Le récit d'Alexie André Belisle.

Au moins 37 policiers et gendarmes ont été blessés, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, condamnant du même souffle des violences inacceptables.

D’autres scènes de violences entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu dans les villes de Rennes et de Lyon. Au total, 18 personnes ont été interpellées, dont 9 dans la capitale.

Des rassemblements, généralement pacifiques, ont aussi eu lieu dans quelque 70 villes françaises.

Des manifestants à perte de vue portent des pancartes à Paris.

Des manifestants portent des pancartes qui dénoncent le projet de loi sur la « sécurité globale » lors d'un rassemblement à Paris, le 28 novembre 2020.

Photo : Reuters / CHRISTIAN HARTMANN

La mobilisation s'accentue

Militants de gauche, écologistes, antiracistes, étudiants, gilets jaunes, journalistes et simples citoyens ont défilé, surtout pacifiquement, derrière des pancartes où l'on pouvait lire Qui nous protège de la police? et État d'urgence permanent.

À Paris, la manifestation avait initialement été interdite par la préfecture de police, qui optait pour un rassemblement statique, mais la décision a été cassée par le tribunal administratif.

Les manifestants clament notamment que l’article 24 du projet de loi sur la « sécurité globale » restreindra la liberté d'expression en pénalisant la diffusion malveillante d'images permettant d'identifier les policiers au cours d'une intervention.

Un comité indépendant a été chargé de réécrire certains éléments du projet de loi.

La statue de la place de la République, vue de haut, surplombe les nombreux manifestants.

Des manifestants se sont réunis place de la République, le 28 novembre, pour dénoncer le projet de loi sur la « sécurité globale » et la brutalité policière.

Photo : Getty Images / Thomas Coex/AFP

Qu'est-ce qui fait polémique dans le projet de loi sur la sécurité globale?

Trois articles de la proposition encadrent la diffusion d'images de policiers, ainsi que l'usage de drones et de caméras-piétons des forces de l'ordre.

L'article 24, qui a retenu l'attention, impose un an de prison et 70 000 dollars d'amende en cas de diffusion malveillante d'images de policiers et de gendarmes.

Le gouvernement avance que cette disposition vise à protéger les policiers victimes d'appels à la haine et au meurtre sur les réseaux sociaux. Mais ses détracteurs sont d'avis que bon nombre de violences policières seraient restées impunies si elles n'avaient pas été captées par des caméras.

Samedi, des représentants de différents médias ont publié une lettre ouverte où ils dénoncent des tentatives de contrôle de nos tournages par les pouvoirs publics (police, justice, administration pénitentiaire, gendarmerie notamment) qui n’ont jamais été aussi pressantes.

De son côté, l'organisme Reporters sans frontières indique avoir porté plainte contre le préfet de police de Paris, Didier Lallement, pour les violences injustifiées contre des journalistes perpétrées lundi par les forces de l'ordre.

Quatre policiers encerclent une manifestante au sol.

Quatre policiers antiémeutes encerclent une manifestante au sol lors de la manifestation contre le projet de loi sur la « sécurité globale », le samedi 28 novembre 2020 à Marseille, dans le sud de la France.

Photo : Associated Press / Daniel Cole

Dérapages policiers

La mobilisation contre l'article 24 a pris un relief nouveau lundi, à Paris comme en région, après la violente évacuation de migrants sur la même place de la République et le passage à tabac d'un producteur de musique noir, Michel Zecler, par des policiers.

Sans les images filmées par une caméra de sécurité présente dans le studio, les arguments de M. Zecler auraient eu peu de poids face à ceux des policiers, désormais suspendus, qui clamaient avoir été entraînés de force dans le bâtiment.

Interpellé par cette affaire, le président français a déclaré vendredi qu'il s'agit d'une agression inacceptable. La France ne doit jamais laisser prospérer la haine ou le racisme, a-t-il dit.

Avec les informations de l'Agence France-Presse, Reuters et Libération

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