Des élèves de Listuguj ont bloqué le pont J. C. Van Horne

Des jeunes de la communauté de Listuguj manifestent près du pont J. C. Van Horne, entre Pointe-à-la-Croix au Québec et Campbellton au Nouveau-Brunswick, dans l'après-midi du 27 novembre 2020.
Photo : Radio-Canada / Marie-Jeanne Dubreuil
Une vingtaine d'élèves et de manifestants de la communauté micmaque de Listuguj ont bloqué le pont J. C. Van Horne, pendant environ 1 h 30 en fin d'après-midi, vendredi. Le pont a rouvert à la circulation en début de soirée.
Les manifestants étaient accompagnés par la force policière de Listuguj et une longue file de véhicules s'était formée sur le pont.
Les élèves revendiquent le droit de reprendre les classes à l'école Sugarloaf de Campbellton. Depuis le mois d'octobre, une centaine d'élèves de la communauté micmaque doivent suivre leurs cours à distance, en raison de la mise en place de restrictions à la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le Québec.
En ce moment, nous sommes sur FaceTime a regarder notre enseignant pendant qu'il enseigne à nos collègues non autochtones qui sont en classe. Nous sommes tous dans la même salle au centre communautaire à apprendre des matières différentes. C'est simplement une éducation inadéquate
, a lancé une élève de 17 ans lors de la manifestation.
Une première manifestation en matinée
Une quarantaine de jeunes ont aussi manifesté vendredi matin.
Vers 11 h 30, ils ont traversé le pont J. C. Van Horne pour se diriger vers l'école. Ils ont également pénétré dans l'école. Ils sont repartis en autobus environ une heure plus tard.
Le chef de la communauté, Darcy Grey, était aussi présent à Campbellton.
En octobre, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé un resserrement des mesures de contrôle aux frontières. La bulle avec les municipalités de Pointe-à-la-Croix et Listuguj a éclaté, et les 103 élèves micmacs de cette communauté ont dû se résoudre à suivre leurs cours à distance.
Cette décision a été vivement dénoncée du côté de la communauté de Listuguj. Le chef Darcy Gray a même affirmé qu’il y voyait une forme de racisme.
La balle dans le camp du Québec
Le ministre de l'Éducation du Nouveau-Brunswick, Dominic Cardy, confirme vendredi que rien ne change pour l'instant en ce qui a trait à l'accès des élèves de Listuguj dans la province.
Le ministre Cardy dit qu’il est inacceptable
que le gouvernement du Québec complique ainsi l’accès à l’éducation d’une centaine d’adolescents autochtones.
Encore, je répète ma demande sincère au gouvernement du Québec: s'il vous plaît, réglez ça [...] Vous avez seulement besoin de mettre en place, encore, un point de contrôle qui était déjà là
, dit Dominic Cardy.
Dominic Cardy affirme que les élèves pourraient rentrer demain matin
au Nouveau-Brunswick si le Québec remettait en place un point de contrôle sur l'autoroute 132, ce qui mitigerait selon lui les risques de propagation du virus.
M. Cardy affirme avoir discuté, sans succès, avec le ministre québécois de l’Éducation, Jean-François Roberge, et avec des députés fédéraux du Nouveau-Brunswick et du Québec.
Il dit avoir eu de bonnes discussions
avec le chef Gray, de Listuguj, mais le gouvernement du Québec, croit M. Cardy, n'est pas entré en communication avec la communauté autochtone, ce que le ministre considère absolument épouvantable
.
Le ministre néo-brunswickois trouve positif que les jeunes veulent exprimer leur passion pour recevoir l'éducation
, mais les encourage à continuer à discuter avec leur chef et leur gouvernement pour en arriver à une conclusion positive
.
M. Cardy souligne qu'une employée du ministère de l'Éducation du Nouveau-Brunswick se rend tous les jours du côté de la communauté pour appuyer les élèves de Listuguj dans leur apprentissage.
Hier, en conférence de presse, le premier ministre Blaine Higgs s'est défendu en affirmant que la balle était dans le camp du gouvernement du Québec.
Nous nous étions entendus avec le chef [Darcy Gray] pour que les enfants puissent accéder à notre communauté et fréquenter l’école. Un des critères était de former une bulle avec cette communauté
, a expliqué M. Higgs jeudi.
Il affirme que, pour intégrer les élèves, la communauté devrait être traitée comme une extension du Nouveau-Brunswick et que le gouvernement du Québec aurait donc besoin d'assurer un contrôle strict aux limites de la communauté.
Mais le gouvernement du Québec n’était pas prêt à fournir ce service à la frontière de Listuguj, ce n’est pas quelque chose que nous pouvons faire de notre côté
, ajoute M. Higgs.
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Avec les informations de Serge Bouchard et de Marie-Jeanne Dubreuil