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La résidence permanente hors de portée pour des milliers d’étudiants étrangers

Une jeune femme iranienne accotée contre un mur.

Shiva Montazeri a perdu son emploi en mars à cause de la pandémie de COVID-19, ce qui la rend inéligible à la résidence permanente.

Photo : Gracieuseté de Shiva Montazeri

Charlotte Mondoux-Fournier
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

À cause de l’impact de la crise sanitaire sur l’emploi, des défenseurs des droits des étudiants étrangers et des travailleurs migrants implorent le fédéral de changer les conditions liées à l’obtention de la résidence permanente.

Shiva Montazeri est venue étudier au Canada en 2018 en espérant y faire sa vie. Son plan était simple. Terminer sa maîtrise, travailler pendant un an, puis faire une demande de résidence permanente. Comme des milliers d’autres étudiants étrangers, elle a vu ses projets bouleversés par la COVID-19 et elle risque maintenant l'expulsion.

Quand j'ai terminé mes études, j'avais beaucoup d'espoir... Je pensais avoir un bel avenir au Canada, confie la diplômée iranienne qui a obtenu une maîtrise en arts et littérature comparée à l'Université Brock, en Ontario, en octobre 2019.

Une jeune femme iranienne devant les chutes Niagara en Ontario.

Shiva Montazeri en visite aux chutes Niagara, en Ontario.

Photo : Gracieuseté de Shiva Montazeri

Après sa graduation, Mme Montazeri obtient immédiatement un permis de travail postdiplôme de 12 mois lui permettant de trouver un emploi à temps plein bien rémunéré, afin de satisfaire aux exigences pour l'obtention de la résidence permanente.

Le permis de travail postdiplôme permet aux étudiants ayant obtenu leur diplôme dans un établissement postsecondaire canadien d’acquérir une expérience professionnelle au Canada. L’expérience de travail acquise avec ce programme peut compter dans une demande de résidence permanente. (source : Gouvernement du Canada)

Elle trouve d’abord du travail comme comptable, puis comme tutrice, mais perd cet emploi en mars, au début de la pandémie.

Mes élèves ne pouvaient plus venir chez moi, et plusieurs ne voulaient pas poursuivre leurs cours en ligne, car il y avait trop de distractions à la maison, explique Mme Montazeri.

Comme beaucoup de Canadiens, elle se retrouve plusieurs mois sans emploi.

« Au plus fort de la première vague, c’était très difficile de trouver du travail. »

— Une citation de  Shiva Montazeri

Les employeurs n'embauchaient pas de nouveaux employés... En fait, beaucoup de salariés déjà à l’emploi étaient licenciés, ajoute-t-elle.

Au mois d’août, Mme Montazeri trouve finalement du travail à temps partiel comme enseignante de littérature anglaise dans une école secondaire.

Toutefois, son permis qui expire en octobre ne peut être renouvelé.

« J’ai l’impression que huit mois de mon permis de travail m'ont été volés… C’est injuste! »

— Une citation de  Shiva Montazeri

Cette expérience de travail à temps partiel ne lui permet pas non plus de répondre aux conditions selon lesquelles elle pourrait postuler pour obtenir une résidence permanente.

Sa dernière chance de rester au pays est de décrocher le permis de travail fermé que son mari a sollicité en octobre.

Une jeune femme avec un masque.

Shiva Montazeri milite devant le bureau du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino, à Toronto, pour que des modifications soient immédiatement apportées aux règles relatives au permis de travail postdiplôme.

Photo : Gracieuseté de Shiva Montazeri

Mme Montazeri n’a pas beaucoup d’espoir, toutefois, puisqu’il faudra démontrer qu'aucun Canadien n’est en mesure d’effectuer le même travail, affirme-t-elle.

Si la famille Montazeri se fait refuser ce permis, elle pourrait alors devoir quitter le pays, faute de pouvoir y travailler.

Nous avons dépensé beaucoup d'argent pour commencer une nouvelle vie au Canada... Et maintenant, tous nos rêves sont détruits, regrette-t-elle.

« Je n’ai pas créé le coronavirus, alors pourquoi suis-je punie à cause de cela? »

— Une citation de  Shiva Montazeri

Les règles restent les mêmes

Selon l’organisme Migrant Students United, des milliers d’étudiants étrangers se trouvent dans une situation semblable à celle de Mme Montazeri.

À cause des pertes d'emploi et de l’impact économique de la COVID-19, la plupart des diplômés n'ont pas accès aux emplois bien rémunérés, déplore Sarom Rho, coordinatrice nationale de Migrant Students United. Et comme beaucoup de ces permis non renouvelables sont sur le point d'expirer, des milliers de diplômés sont maintenant menacés d'expulsion.

[Ils] n'ont pas d'autre choix que [...] de quitter leur famille, leurs amis et leur foyer ou de rester [au Canada] et devenir sans-papiers, ajoute-t-elle.

Une femme asiatique portant des lunettes devant des panneaux demandant un statut pour tous.

Sarom Rho est coordinatrice nationale de l'organisme Migrant Students United.

Photo : Radio-Canada

« La COVID-19 a tout changé, mais les règles d'immigration injustes restent les mêmes. »

— Une citation de  Sarom Rho, coordinatrice nationale de Migrant Students United

Parmi les mesures mises en place par le ministère de l’Immigration, le gouvernement a prolongé jusqu'au 31 décembre le délai imparti aux visiteurs et aux titulaires de permis d'études ou de travail pour mettre à jour leurs permis périmés.

Ces mesures ne s'appliquent toutefois pas aux permis non renouvelables comme le permis de travail postdiplôme, déplore Mme Rho.

Le gouvernement canadien doit renouveler les permis de travail postdiplômes pour que les étudiants puissent remplir les conditions requises pour obtenir la résidence permanente, soutient-elle.

Une femme et un groupe de militants tiennent des boîtes de pétitions devant le bureau du ministre Marco Mendicino, à Toronto.

Shiva Montazeri (centre) et d'autres militants apportent des pétitions au bureau du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino, à Toronto.

Photo : Gracieuseté de Migrant Students United

Mme Rho ajoute que le fédéral devrait aussi faciliter l’accès à la résidence permanente en assouplissant certaines des exigences pour atteindre ce statut.

Les étudiants devraient, selon elle, pouvoir faire valoir les heures de travail à temps partiel et celles accumulées pendant leurs études, ou lors de toute autre activité professionnelle.

Il faudrait valoriser tout type de travail en vue de l'obtention de la résidence permanente, affirme-t-elle. Pas seulement les emplois bien rémunérés, mais aussi tous les emplois essentiels qu’occupent de nombreux étudiants étrangers.

« D'une part, nous célébrons les travailleurs essentiels pour soutenir l'économie, mais d'autre part, nous laissons ces étudiants et diplômés à leurs risques et périls. »

— Une citation de  Sarom Rho, coordinatrice nationale de Migrant Students United

Plus tôt cet automne, l’organisme Migrant Students United a porté des pétitions devant le bureau du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino, à Toronto, afin de demander des modifications immédiates aux règles relatives aux permis de travail postdiplôme.

Au moment où sont écrites ces lignes, le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté n'a pas donné suite à notre demande d'entrevue.

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