Hausse d’achats en ligne – et de déchets – prévue durant les Fêtes

Le commerce en ligne entraîne une hausse des boîtes et des emballages traités dans les centres de récupération.
Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell
Les ventes en ligne des détaillants canadiens ont presque doublé, entre mars et septembre, par rapport à la même période l’an dernier.
Selon de nouvelles données de Statistique Canada, leurs ventes en ligne totalisaient près de 3,2 milliards de dollars en septembre dernier.
Et la tendance semble s’accélérer à l’approche des Fêtes : des commerçants, grands et petits, constatent déjà une hausse de leurs ventes en ligne et se préparent à livrer davantage de colis.
C’est le cas de la boutique de vêtements Annie Aime, forcée de fermer en raison du reconfinement à Toronto.
De trois paquets par semaine, on est passé à 18 paquets par semaine.
Les gens viennent en personne pour l’expérience. C’était une grande surprise de voir qu’ils réagissaient et qu’ils avaient vraiment envie d’acheter en ligne
, affirme la propriétaire.
Malgré la pandémie, près des deux tiers (62 %) des Canadiens disent qu'ils dépenseront autant ou plus que l'an dernier en cadeaux durant les Fêtes, selon un récent sondage de la firme Equifax.
Le sondage conclut qu’un plus grand nombre de consommateurs, soit 65 % des répondants, comptent magasiner en ligne.
Le sondage en ligne a été réalisé par la firme Léger auprès de 1539 Canadiens, du 11 au 13 septembre 2020. L’échantillon comporte une marge d’erreur de +/- 2,5 %, 19 fois sur 20.
Embauches massives chez Amazon et Postes Canada
Le géant du commerce en ligne Amazon annonçait récemment qu’il comptait embaucher quelque 10 000 travailleurs de plus au Canada pour faire face à la forte demande de la période des Fêtes.
Les services de livraison de colis United Parcel Service (UPS
) et FedEx déploient aussi des renforts. Ils ont recruté chacun des milliers de livreurs supplémentaires au pays.Postes Canada, pour sa part, a embauché 4000 employés saisonniers à l’échelle du pays qui prêteront main-forte durant cette saison achalandée.
On embauche toujours des employés occasionnels pour nous aider durant la période des Fêtes, mais là, cette année, il y en a plus et ils ont commencé plus tôt.
Le service postal s’est doté aussi de 1000 véhicules de plus afin d’effectuer des livraisons, en plus d’étendre les heures d’ouverture de ses bureaux de poste.
Présentement, il n'y a aucun délai dans nos opérations, mais c'est certain qu'à l'approche du temps des Fêtes et durant cette période où les achats en ligne sont tellement populaires, on s'attend à avoir beaucoup de volume
, précise Mme Lapointe.
Juanita Joubert livrait en moyenne une soixantaine de paquets par jour avant la pandémie. La factrice torontoise en livre maintenant autour de 120 – parfois même plus.
On travaille souvent six jours par semaine et nos journées de travail sont plus longues, raconte-t-elle. C’est très exigeant, c’est épuisant.
Pour protéger ses deux enfants asthmatiques, Mme Joubert a choisi de s’isoler à la maison afin d’éviter de leur transmettre la COVID-19. Malgré les sacrifices, la factrice dit aimer son métier.
Elle estime que le volume de colis grimpera au cours des prochaines semaines, avec les soldes du Vendredi fou et du Cyberlundi et le magasinage de Noël.
Nous avons certainement besoin de ces renforts. Il faudrait que certains d’entre eux deviennent des employés permanents après les Fêtes
, affirme Mme Joubert.
Plus de colis, plus de déchets
Si ça fourmille dans les entrepôts des détaillants et des services de poste, c’est le cas aussi dans les centres de tri et de recyclage.
La société de gestion de déchets GFL Environmental, qui a des centres de récupération dans plusieurs municipalités à l’échelle du pays, a constaté une forte augmentation des matériaux recyclés depuis le début de la pandémie.
Nous ressentons assurément cette flambée du commerce en ligne, souligne le vice-président Mark Badger. Nous avons vu des augmentations entre 25 % et 30 % de la quantité de carton ondulé qui passe dans nos installations.
L'entreprise estime que ses centres canadiens traitent chaque mois entre 2500 et 3500 tonnes de carton de plus qu’en temps normal.
Nadine Kerr, directrice intérimaire aux services de gestion des déchets de la Ville de Toronto, s’attend à ce que la quantité de carton continue d’augmenter au cours des prochaines semaines.
Surtout avec le confinement et l’approche de Noël, tout le monde fera son magasinage en ligne
, lance-t-elle.
Impacts écologiques et innovations vertes
Au-delà du carton, les commandes en ligne génèrent aussi des déchets difficiles à recycler, souligne Yannick Beaudoin de la Fondation David Suzuki.
Souvent le carton vient avec des petits emballages en styromousse, des emballages en plastique, des plastiques non recyclables
, dit-il.
C'est plus ce qui se passe à l'intérieur de la boîte qui est inquiétant.
Dans la plupart des villes canadiennes, le papier bulle et les autres emballages en plastique ne sont pas recyclés. Ils aboutissent donc dans les dépotoirs, où ils prennent des centaines d’années à se décomposer.
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M. Beaudoin ajoute que la hausse des achats en ligne ajoute aussi des camionnettes de livraison sur les routes, ce qui contribue aux embouteillages et aux émissions polluantes. Il se demande cependant si la légère diminution de la circulation routière durant la pandémie contrebalance ces effets sur l’environnement.
C’est sûr que plusieurs compagnies de livraison essaient de transformer leurs réseaux de transport en utilisant des véhicules à faibles émissions ou à zéro émission
, dit-il.
L’entreprise Purolator, par exemple, s’est dotée d’une flotte de vélos cargos électriques à Montréal l’an dernier. Depuis juillet, FedEx mène un projet pilote semblable à Toronto.
On se prépare pour le pic des Fêtes avec un niveau record de commerce en ligne. Ce sera un vrai marathon de livraisons cette année.
Le directeur de l'exploitation de FedEx Canada, Jeff Gilbert, souligne que les vélos cargos peuvent contenir jusqu’à une soixantaine de paquets et parcourir environ 150 km après une recharge. L’entreprise compte bientôt lancer l’initiative à Montréal, Vancouver et Ottawa.
Avec nos vélos électriques, on peut désengorger les routes et réduire nos émissions de gaz à effet de serre
, affirme-t-il.
M. Gilbert avoue du même coup que les trajets seront plus difficiles lorsqu’il y aura des tempêtes de neige. C’est pourquoi FedEx envisage aussi d’intégrer un jour à son parc de véhicules des camionnettes électriques, sans préciser d’échéancier.